J‘ai posé un commentaire sous le billet qui s’intitule: « Nos “banques islamiques” sont-elles islamiques ?» dans la page Facebook « les amis d’Attariq« . Mon commentaire avait « par magie » disparu. J’ai trouvé que le procédé de sa suppression était une décision inélégante, ce qui m’a amené à le remettre, au titre d’une rédaction contributive à part entière, encore, sur la même page Facebook du même organe politique.
Je sais, c’est de l’obstination, mais en matière de censure, j’ai tendance à vouloir chercher la confirmation, sans m’arrêter à une seule impression. Car, je mets les premiers coups des ciseaux sur l’éventualité d’une erreur humaine, d’une maladresse, du caprice d’un novice « pur et dur » en matière politique. Rappelons juste au passage, pour ceux qui ne le savent pas, qu' »Ettariq » est le journal du parti « Ettajdid« . Ce dernier, se revendique en tant que parti ayant une tendance socialiste et communiste. Force est de constater, que ma rédaction, pourtant bien expédiée, n’a pas eu la chance d’apparaitre sur le site nommé. Si l’informatique a des secrets, que nous, humbles mortels, ignorons, l’humble citoyen que je suis, ne s’accommode pas avec la censure et d’où qu’elle provienne. J’ai ainsi décidé de reprendre ma critique de l’article en cause, en reprenant également mes remarques, tout en faisant une version améliorée.
Elle est la suivante :
Si je comprends bien la comparaison entre les deux exemples cités, tend à vouloir démontrer qu’une banque dite « islamique » enfreint les préceptes de l’Islam, en lieu et à la place de son client acquéreur d’une bien. Pire encore, d’après la conclusion de l’article, elle « volerait » le client, contrairement à une banque dite classique.
Soit la comparaison entre les deux types d’emprunts auprès de deux banques différentes, tel que c’est relaté dans l’article publié, n’est pas claire, soit les informations qui concernent les deux exemples sont erronées. Je n’ose pas croire que le but de la manoeuvre, dans la rédaction de l’article, consisterait à amener le lecteur à déduire, et à tout prix, que les banques islamiques « escroquent » leurs clients, à la différence des autres banques classiques.
Pour se rendre compte du mécanisme d’induction du lecteur vers cette conclusion, qui est plus que suggérée par l’auteur de l’article, les deux exemples comparés, méritent d’être repris attentivement.
Dans le premier cas d’emprunt, que j’appelle «le classique», contrairement à vous, que vous qualifiez d’« emprunt conventionnel », car, aussi bien que dans le deuxième emprunt contracté auprès d’une banque islamique, que dans le premier, les deux, sont des emprunts conventionnels et ne peuvent pas l’être autrement. Ceci, par le simple fait où il est rédigé un contrat sur un prêt. Ce prêt est dit conventionnel.
Dans votre exemple, le client de la banque « classique » n’emprunte que 100 000 dinars, puisqu’il autofinance son bien de 50%. Les 100 000 d., peuvent lui coûter sur 15 ans 74000 dinars, comme vous le dites. Dans le 2ème cas ,celui de la banque islamique, le client, vous lui faites emprunter, d’après l’exemple que vous citez, le double de la somme soit :200 000 dinars. La somme empruntée ,ou si vous préférez , la valeur de la somme empruntée, ainsi n’est plus du même montant. C’est ce qui explique le différentiel de 22400 dinars, entre les deux types d’emprunt que vous avez trouvés.
Dans ce cas, avec vos deux propres exemples comparés, les deux cas de figures démontrent que le recours à l’emprunt par le biais de la banque islamique reviendrait beaucoup moins cher pour l’acquéreur, et par voie de conséquence, plus avantageux financièrement pour lui. Il faut quand même rappeler, à l’occasion, qu’une banque classique n’accorde pas facilement un prêt, si le client ne se présente pas avec un apport personnel assez conséquent, en plus des justificatifs sur son aptitude à rembourser le prêt qu’il doit fournir. Sinon, il doit déposer une garantie en substance, qui couvrirait l’emprunt ,en cas de défaillance ( à l’exclusion bien entendu des cas particuliers du genre des Trabelsi , Ben Ali et co. avant 2011, qui n’avaient pas besoin de fournir une telle couverture). En quelque sorte, aussi bien en Tunisie qu’ailleurs, dites moi qui vous êtes et je vous dirai votre taux d’emprunt et le plafond de la somme que vous voulez emprunter.
Pour revenir au domaine des particuliers, qui constituent la masse anonyme, pour que votre comparaison tienne la route, il eût fallu que le client emprunte la somme de 200 000 dinars à la banque classique. Ainsi vous auriez vu que le montant du crédit varie et dépasse largement la somme de 22 400 dinars.
Ceci dit, je n’ai pas l’impression qu’une analyse sérieuse et comparative entre les deux crédits soit le but de la manœuvre . Je ne crois pas que l’auteur de l’article vise à vouloir aborder la question véritablement, à savoir le choix entre différents types de prêts. Pourtant c’est une question sérieuse pour ceux qui sont à la recherche d’un prêt pour un logement et qui tentent de trouver les meilleures conditions sur le marché ,ce qui signifie les conditions les plus avantageuses financièrement .
Par ailleurs, la démonstration qui compare «Erriba» aux intérêts qui s’ajoutent au crédit, n’est pas claire. Pour qu’elle le soit, il eût fallu comparer ce qui est comparable tout en demeurant dans le même sujet.
Pour plus de précision pour le lecteur, il eût fallu qu’il soit évoqué le sujet des banques en termes moraux et y rester, puisque vous avez dégagé une conclusion morale à la fin du billet sur les banques islamiques . Ou bien,il eût fallu se cantonner à faire une analyse comptable des deux prêts, y rester, et peu importe l’étiquette, la philosophie, ou la foi affichée ou non, de la banque pourvoyeuse du prêt.
Les institutions financières, les banques classiques avec les fonds d’investissements et de pensions, sont celles qui investissent le plus, en centaines de milliards de dollars dans le monde et dans des entreprises qui produisent des armes à sous-munitions.
Les banques classiques placent leur argent dans les produits financiers qui leur font gagner beaucoup d’argent en peu de temps. Les entreprises qui font rapporter des profits énormes à ces produits financiers ne sont pas connues du grand public et n’achètent pas d’espace publicitaire ni à la télé ni dans les journaux . Elles si discrètes qu’on entend même pas parler. Ce sont les entreprises qui sont spécialisées dans la fabrication des mines anti-personnelles, celles qui fabriquent les bombes lacrymogènes et des roquettes. C’est grâce à ces sociétés qui fabriquent le matériel de répression et de destruction de l’espèce humaine que les banques classiques gagnent et engorgent des bénéfices substantiels . Et c’est avec cet argent ,au prix du sang ,et des gamins mutilés de leurs membres, qu’elles prêtent à leurs tours, à leurs clientèles, dont font partie d’autres banques. Généralement le client qui a déposé son argent ,parfois même le banquier lui-même de la banque classique, ignorent le véritable usage de l’argent déposé, car il est souvent confié à une autre société qui se charge de le faire fructifier en des temps brefs avec de gros intérêts bénéfices en retour. Seuls l’industrie et l’artisanat dans l’armement peuvent rapporter autant d’argent et aussi facilement dans des temps records. Si vous demandez aux banques classiques d’être transparentes dans la gestion de leurs avoirs, c’est comme si vous demandez au Parrain de la Mafia de donner des tuyaux sur sa façon de gagner des sous. Il pourra toujours vous répondre qu’il ne fait que rendre service à des gens qui ont besoin de ses «compétences » et de ses services. Un directeur d’une banque classique vous répondra t-il autrement ?
La nouveauté dans une banque islamique, est que pour la première fois, il existe une plus-value affichée, qui est d’ordre moral, qui s’ajoute à la relation entre le client et son banquier. L’arrivée sur le marché des crédits de ces nouvelles banques, ne peut pas plaire aux banques anciennes.Elles sont des concurrentes indésirables! Le consensus actuel entre banques classiques et les gouvernements de leurs pays respectifs trouve en effet, bousculé. Comme qui dirait : « On ne n’est plus tranquille chez nous pour zigouiller à profusion et à volonté nos brebis! »
En France, par exemple, la riposte à l’arrivée des banques islamiques, a commencé déjà par des campagnes d’intox et de désinformation. Parmi les moyens dont se servent les banquiers pour dissuader les clients qui seraient tentés de pousser la porte d’une banque islamique, est ce genre de pseudo-étude comparative, qui m’a poussé à écrire le présent billet. Il s’agit,ni plus ni moins, que de l’intox! Il est tout à fait normal de s’attendre à ce que le système bancaire classique réagisse et ne se laisse pas faire par les nouveaux arrivant qui trouvent que l’herbe est plus verte hors de leurs territoires. Il est légitime que la corporation bancaire-politique tente de maintenir son monopole tout en préservant son territoire et protéger sa chasse gardée .
Pourtant ce ne sont pas les banques islamiques qui l’ont mis en déroute depuis les faillites des banques amorcées en 2008. C’est l’absence même de morale entre banquiers qui semble être à l’origine des célèbres banqueroutes bancaires.
Cependant , pour le citoyen lambda, on s’aperçoit qu’il n’ y a eu aucune loi en faveur des clients des établissements bancaires depuis l’arrivée de Sarkozy au pouvoir, voire même depuis une décennie. Et que pendant ce temps là, le pouvoir bancaire a fait des victimes. Il a laissé sur la touche et dans le désarroi des milliers d’individus ,des familles et des entreprises .
Aucune loi ne protège le citoyen contre ce qu’on peut qualifier de délinquance bancaire. Lorsqu’une vielle se fait détrousser dans la rue, l’auteur de l’infraction se fait poursuivre pénalement, alors que la même vielle lorsqu’elle se fait détrousser par son banquier, il n’y a aucune loi qui la protège et aucune loi qui sanctionne le banquier.
C’est le législateur qui le veut ainsi. Alors que si on regarde la période depuis que Sarkozy est à la tête de l’État, on s’aperçoit qu’il y a eu au moins une vingtaine de révisions de lois en ce qui concerne la délinquance juvénile et qu’en même temps, aucune loi n’a été érigé pour s’opposer aux abus des banques ou punir la délinquance bancaire. Le gouvernement de Sarkozy par le biais de sa ministre des finances ,lorsqu’il est critiqué pour sa passivité envers la délinquance bancaire, a toujours soutenu que le marché ,celui des banquiers devrait s’auto-réguler de lui même. Et la ministre d’ajouter à chaque fois qu’elle fait confiance aux banquiers. C’est comme si on disait qu’on n’a plus besoin de code pénal, et qu’on doit faire confiance aux auteurs d’infractions pour qu’ils maintiennent l’ordre entre eux et ainsi les citoyens dormiraient en paix.
La colère des banquiers classiques devant l’arrivée d’un type nouveau de banques qui supputent qu’il doit y avoir une morale qui accompagne les prêts et le mouvement de l’argent , est tout à fait compréhensible . Mais si en plus ,on dit à ces banquiers qui se sont engraissés depuis des siècles sur le dos de leurs clients ,que cette morale s’inspire des préceptes de l’Islam, il est tout à fait attendu que c’en est trop pour eux !
Conclusion :
Il est tout de même étonnant que le commentaire que j’ai fait en réponse à l’article sur la page Facebook des « amis d’Attariq » disparaisse. Qu’il disparaisse de la même page lorsque je l’ai reproposé en tant que billet. Que seuls les commentaires, de ceux qui approuvent la conclusion au forcing de l’auteur, apparaissent.
C’est un cas flagrant de censure !
Je dirais même que c’est petit et mesquin de zigouiller les avis qui soufflent l’idée que les banques islamiques ne sont pas aussi pourris, à côtés des banques classiques ,du moins ,pas autant que l’auteur de l’article tente de persuader ses lecteurs.
Le comble est que pour discréditer les banques musulmanes, et on a tous compris ,qu’il s’agit de discréditer tout ce qui rapporte à l’Islam , l’auteur s’est embarqué dans une bataille plus qu’absurde . Voire même ridiculisant pour son auteur .Il s’est trouvé amené à vanter les mérites d’un des fleurons du capitalisme sauvage et arrogant , qui sont les banques et armé d’une pseudo étude, faussement comparative. Ceci-dit, il faut reconnaitre que c’est une prouesse assez insolite dans son genre, qui couve une stratégie d’une équation très simple: « l’ennemi de mon ami est mon ami ! ». C’est aussi simple, enfantin qu’époustouflant que cela.
On reconnait également l’amateurisme en politique chez ceux qui prétendent être du côté de la classe laborieuse de la Tunisie actuelle. Insinuer aussi maladroitement que «les banques islamiques escroquent ,mentent alors que les banques classiques ne le font pas» est un message manichéiste et simpliste.
Ceci est le signe que le chemin est long pour que la Tunisie se redresse .Qu’elle aura du mal à se débarrasser des stigmates et des pratiques telles la censure et les méthodes employées des gouvernements successifs durant les cinq dernières décennies. Et on s’aperçoit que ces pratiques éhontées ,figurent en modèles dans la Tunisie après le 14 janvier 2011, y compris parmi ceux qui croyaient jadis faire partie de l’opposition.