J’avais abordé le terme « normalisation » en août 2012, lors de l’apparition du premier jet de la rédaction de la constitution qui avait été promulguée en 2014. Il est facile de constater que depuis, beaucoup de choses n’ont pas bougé :
[ texte publié le jeudi 23 août 2012 :
Il circule en ce moment, sans aucune discrétion, l’avant projet de la nouvelle constitution. Il est dans un format PDF voué à la simple consultation.
Une curieuse façon de sonder quelques éventuelles critiques ou réactions avant de poursuivre les travaux en rythme de croisière. Une méthode particulière pour sonder les réactions possibles et potentielles au contenu de l’avant-projet, sans être, pour ses rédacteurs, les Constituants, dans l’obligation de se positionner frontalement face aux critiques.
Dans son « préambule » il est écrit ceci : « la révolution de la dignité de la liberté et de la justice ». Certes c’est fort réjouissant de lire tout cet éloge fait à la « révolution » que les rédacteurs du projet couvrent de tant de belles valeurs humaines.
À regarder de près, on peut s’interroger : peut-il y avoir de la dignité de la liberté et de la justice sociale dans un pays qui se compte en une douzaine de millions d’individus, or une majeure partie de sa population peine à joindre les deux bouts ?
Que fait-on des 800 000 chômeurs qui en ce moment ne parviennent pas à trouver un travail ? N’est-il pas vrai qu’il n’y a pas de dignité, de liberté et de justice, lorsqu’on n’a pas les moyens d’en faire usage par un travail qui donne accès à l’épanouissement de soi dans la dignité.
Curieusement le mot «travail» ne figure pas dans cet avant-projet. Cette locution fait défaut dans l’imaginaire de ses rédacteurs qui pourtant, s’efforcent dans leur rédaction du projet, à prouver qu’ils sont sereins dans ce qu’ils réservent comme avenir législatif à leurs compatriotes tunisiens.
Ils sont arrivés, presque, à nous faire oublier qu’en 2010 un jeune Tunisien s’est immolé par le feu car l’autorité en place l’a harcelé et l’a empêché de travailler.
En allant un peu plus en profondeur dans la lecture de l’avant-projet, on s’aperçoit, qu’il est question de «l’Identité arabo- musulmane» , de «l’union du Maghreb», de «l’unité avec les peuples musulmans», de «la Palestine» , du «Sionisme». Un florilège de centres d’intérêts qui focalisent désormais la vision des occupants du Bardo. Que par ailleurs, si on avance un peu plus loin dans la lecture de l’avant-projet, dans le chapitre Droits et libertés, on trouve cette insolite mise en garde : « 2.27 : Toute forme de normalisation avec le sionisme et l’entité sioniste est un crime». Une déclaration qui n’a ni queue ni tête. Une sorte d’Ovni dans un avant-projet de recueil de lois censés apporter confort, prospérité et justice à une Tunisie bousculée par sa jeunesse qui veut vivre dignement et librement par le travail. Face à cette demande puissante de la jeunesse, les constituants leur répondent en quelque sorte : « Le travail on ne sait pas ce que cela veut dire, preuve qu’on n’en parle pas, mais la normalisation avec le sionisme, c’est bien dans notre rayon,ça c’est ce qu’on répétait en slogan dans les AG des campus universitaire et attention c’est un crime !»
L’unique normalisation que tout le monde a compris et à laquelle la jeunesse tunisienne aspire est celle des valeurs de la justice, de la liberté de penser, de se mouvoir et de se déplacer librement, celle de travailler et d’avoir les mêmes chances que tous dans le recrutement sur l’unique critère de l’aptitude et de la compétence, de vivre dans la dignité.
Que reste-it-il aux Constituants à faire ou à rectifuer dans leurs futures rédactions de la constitution ? Il ne leur reste que de normaliser avec l’esprit sain et raisonnable que normalement tout élu par le peuple est tenu d’avoir autant qu’il est censé le présever sans qu’on lui rappelle tous les jours les dangers et les dérives dans l’exercice du pouvoir.]
Salah Ben Omrane 16 avril 2023 17:00 Sur France 24 le 17 avril 2023 Habib Kazdaghli (1), ancien Doyen de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba est à la retraite en ce moment. … Lire la suite →
Signer un emprunt avec le Fonds Monétaire International (FMI), est-ce accepter des compromissions avec le diable en lui donnant les clés du pays ? Telle est la lancinante question qui se repose et rebondit en ce moment en Tunisie. Avec la même virilence, elle s’est déjà posée lorsque j’avais écrit (06 juin 2011), ici même un billet et à ce propos. Le voiçi dans son intégralité :
[voici un excellent documentaire qui témoigne des conséquences désastreuses sur la population d’un pays lorsque ses dirigeants, en son nom, contractent des dettes auprès des organismes internationaux prêteurs et avec l’appui du Fonds Monétaire international (FMI).
Il a été réalisé pour le compte de la BBC par le journaliste reporter John Paul Kampfner
Dans le cas de ce documentaire édifiant, il s’agit d’un pays, le Ghana. Les phénomènes qui accompagnent l’engagement du pays en conséquence de la contraction de la dette, qui normalement était destinée de lui permettre de surmonter une crise financière présumée « passagère », ont des effets néfastes et désastreux sur l’ensemble de l’économie nationale et modifient radicalement le mode de vie de sa population. Ces phénomènes se répètent partout où le FMI intervient et il est supposé, à chaque reprise, aider le pays endetté à quitter la zone fatidique de crise financière. Sauf, qu’on s’aperçoit que seul l’appauvrissement résulte des plans de redressement des économies nationales des pays concernés.
Ces fameux plans qui mettent certains entiers à genoux, en réorganisant leurs économies, leurs modes de productions auxquels ils étaient habitués, sont appelés : les Ajustements structurels.
Le paradoxe est que ce pays africain, ( le Ghana cité dans la vidéo) possède un des plus gros gisements en minerai d’or, sans compter toute la richesse dont son sol était capable de fournir en cultures et richesses agricoles pour ses paysans. En acceptant de s’endetter auprès de quelques établissements financiers internationaux, son sort a été scellé, en y perdant de l’autonomie de gestion de son économie, de la souveraineté dans ses prises de décisions et de son indépendance . Au mépris de l’intérêt de sa population Ghanéenne, le FMI l’a soumis au dictat des organismes prêteurs et forcé de se plier aux conditions des pays vampires, pilleurs de ses richesses. Il s’est avéré, en fin de compte, que le FMI n’a qu’un seul intérêt à défendre: celui des « bailleurs de fonds », qui se comportent en charognards qui pillent les richesses du pays concerné dans des temps records, sans ménagement pour son particularisme ni considération pour la violence des dégâts qu’engendre l’interventionnisme extérieur peu scrupuleux.
peu occasionnés à l’issue en conséquence du systèmrespect pour avec qui sont intervenus en dilapider ses richesses !
Partie 1/5 :
Partie 2/5 :
Partie 3/5 :
Partie 4/5 :
Partie 5/5 :
En quoi ce témoignage est intéressant pour la Tunisie ?
Le 26 et 27 mai derniers s’est tenu le sommet du G8 à Deauville en France. Des représentants du gouvernement intérimaire tunisien s’y trouvaient. Ils s’étaient préparés à cette occasion pour présenter un plan d’aide au financement qui s’étale sur cinq ans d’un montant global de 25 milliards de dollars.
Tel qu’il a été relaté dans la presse, le G8 a répondu présent à la demande des représentants de la Tunisie, en consentant à donner sa bénédiction auprès du FMI et autres banques d’investissement internationales afin que la Tunisie puisse obtenir des facilités dans l’octroi de certains prêts, mais à la condition que la Tunisie fournisse la preuve de son engagement dans la voie de quelques réformes politiques et économiques structurelles (1) .
De quelles réformes politiques ,de quelles réformes économiques, s’agit-il ? ! الله أعلم .
Le seul document qui peut éclairer notre lanterne sur ces fameuses réformes s’intitule: « Le document de présentation de la Tunisie ». Il a été remis aux convives lors de cette rencontre.Dans ce document ,il est écrit ceci: «La Tunisie mettra en place un dispositif dédié et centralisé de reporting, assurant une communication régulière à l’attention des bailleurs de fonds internationaux. L’attribution des marchés se fera dans le respect des meilleures pratiques internationales. ».
Nous pouvons ainsi déduire ,sans trahir ni dénaturer l’esprit de ce document, qu’il est question :
1. De mettre en œuvre un dispositif .
2. Qu’il y aura des bailleurs de fonds internationaux .
3. Qu’il y aura une attribution de marchés.
4. Que les règles de distribution de ces futurs marchés seront suivant « les pratiques » sic internationales.
La question qui s’impose d’elle même : Un gouvernement intérimaire peut-il aller aussi loin dans des engagements si compromettants pour le pays tout entier alors qu’ils mettent indiscutablement son avenir entre les mains de quelques « bailleurs de fonds » dont les intentions ne sont un secret pour personne ?
En temps calme sans crise ni heurts et avec un gouvernement issu d’une majorité élu par le peuple, tout gouvernement est lié à son parlement, c’est à dire aux élus du peuple. Il ne peut pas s’engager, en allant aussi fort et aussi loin sur des questions aussi vitales pour le pays , aussi déterminantes pour son avenir ,sans le consulter et sans tenter d’obtenir son aval après diverses tractations. Ceci sans oublier que le même parlement, avant de fournir ses recommandations devrait au préalable organiser des études voire des consultations auprès de quelques intéressés au sein du peuple, avant d’émettre tout avis sur des questions aussi engageantes pour la nation que l’ouverture du pays à des tiers sous une forme telle qu’elle est présentée dans le document à destination des membres du G8.
Qu’est ce donc un G8 ?
C’est à la suite du premier choc pétrolier que la première rencontre au sommet entre chefs d’Etats de quelques puissances hégémoniques de la planète a eu lieu en 1974.
Ce fût un G5 organisé à la hâte entre les États-Unis, le Japon, la France, l’Allemagne de l’Ouest et le Royaume-Uni. Le principal objectif des dirigeants de ces pays était de s’entendre sur la marche à suivre envers les pays dont le sol regorge de pétrole. Par « s’entendre », il faut évidemment comprendre : ne pas se laisser dicter une conduite par les quelques pays détenteur de l’or noir. À ce propos Henry Kissinger , chargé des relations extérieures des Etats -Unis, disait déjà « Le pétrole est une chose trop sérieuse pour qu’on la laisse aux Arabes ».
Depuis , ce club de pays puissants et belligérants est resté très fermé . En trois décennies ,seuls L’Italie, le Canada et la Russie ont pu s’y joindre. Cependant, les objectifs lors de ses rencontres annuelles ,dépassent le cadre de l’entente en ce qui concerne le pétrole.
Il est question maintenant de prendre les mesures en commun et à leurs avantages qui leur permettent d’avoir la main mise et le contrôle absolu sur tous les échanges commerciaux dans le monde. L’aspect financier de toutes les initiatives du sommet, étant devenu le vecteur de chaque rencontre, fait que Le FMI avec son bras armé la Banque mondiale, deviennent les hôtes permanents. Lors de chacune de ces rencontres, le pays invitant transforme le lieu de la rencontre en bunker coffre-fort à l’abri de toute manifestation. Il arrive que la répression des manifestants autour du lieu de la rencontre se transforme en drame. C’est ainsi qu’à Gênes, en juillet 2001 ,un manifestant du nom de Carlo Giuliani a été abattu d’une balle dans la tête à bout portant par un policier.
les Ajustements structurels :
En conclusion ,on pousse les gouvernements du tiers monde vers l’endettement sous prétexte qu’on leur accorde des facilités de paiement. On leur indique et on les oriente vers les moyens de régler la dette contractée. Cependant ,on les met en concurrence les uns contre les autres où ils se retrouvent à présenter des produits et des matières premières dévalués sur le marché. Pendant ce temps là, ils doivent ouvrir leurs pays à la capitalisation financières de leurs ressources naturelles tels l’eau et les sources d’énergie. Arrivent par la suite les pays acheteurs qui fixent eux-mêmes les prix de tout produit destiné à l’exportation, après s’être assurés d’avoir tué la concurrence, puisque les pays du tiers monde se retrouvent à présenter les mêmes produits sur le marché.
C’est le fondamentalisme financier!
C’est ainsi que certains pays se trouvent dans l’incapacité de rembourser leurs dettes en vendant des produits qui, à peine couvrent les frais alors que les mêmes produits vendus par les pays riches sont subventionnés. A chaque produit acheté, le pays en situation de force, indique le produit à acheter en contre partie ,sans quoi la transaction n’ait pas lieu. C’est ainsi que les pays du tiers monde se trouvent dans l’obligation de s’équiper en armes et s’acheter d’autres services aux pays prêteurs, alors qu’au fond ils pouvaient se passer de leurs dépenses qui souvent n’ont aucune utilité pour le pays en question.
En parallèle ,on ne desserre pas l’étau : On impose à ces pays le remboursement de la dette en priorité et au détriment de tous les programmes dont a besoin le pays pour sa population dans des domaines qui sont véritablement prioritaires ,tels celui de la santé, de l’éducation et bien d’autres secteurs dont dépend le développement.
L’ironie dans ces ajustements structurels ,est qu’aucun pays n’a pu se libérer des contraintes de sa dette extérieure par les moyens fixés pour son remboursement par le prêteur.
Alors « les bailleurs de fonds » ne servent en fait, qu’à pousser au fond , au fond du gouffre, les pays désireux de contracter des dettes avec la bénédiction du FMI.
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