Ahmed Néjib Chebbi a le prix du Super Dramaturge de la saison

Salah Ben Omrane lundi 16 août 2021 12:10

Une tirade fracassante d’Ahmed Néjib Chebbi *.  Il a déclaré (vidéo à la 8:25 mn) : Nous vivons depuis 15 jours sans gouvernement. Quel est le pays dans le monde qui vît pendant la durée de 15 jours sans gouvernement ? Qu’ensuite, on revendique qu’on est encore dans le cadre de la légitimité constitutionnelle ! (traduction).

C’était le 11 août dernier. Il était l’invité de la chaîne Al -Jazeera dans Bila houdoud  (Sans frontières). (note:En effet, on pouvait constater l’absence de barbelé à ne pas franchir qui pourrait protéger le raisonnable contre l’excès et  le débordement). Pendant les 47 minutes de l’émission, il s’est appliqué à étaler en long et en large ses points de divergences qui sont, comme on peut l’imaginer, contre les décisions présidentielles fixées le 25 juillet dernier.

Pas la peine de s’attarder au passage sur le point d’inquiétude, à savoir, qu’il existe encore des politiciens en Tunisie qui s’approprient  avec aisance le statut de victimes, bien cabossé par l’usure des décennies, qui s’accommodent sans peine avec la mentalité de réfugiés ou de pourchassés par les sbires d’un régime voire des « incompris chez eux ». Ils s’épanchent en claquement de doigts devant les médias étrangers qui, par ailleurs, ces derniers, souvent n’ont même pas le temps d’insister avant de voir rempli le bassin des confidences.

La question est intrigante après tout : Qu’est ce qu’on peut dire chez les médias à l’extérieur de la Tunisie qu’on ne peut pas dire ou qu’on s’interdit de dire dans ceux de la Tunisie ? Seconde question: comment se fait-il que les confidences prennent systématiquement la même direction, sans aucune réciprocité  à constater ? Verra-ton un jour un soi-disant opposant politique de Doha pousser la porte de la chaîne télé Al- Watanya 1, faisant une déclaration réprobative de l’exécutif à Qatar ? Je crains que personne ne le prendrait au sérieux même si les Qataris n’ont quand même pas la réputation de jouer aux farceurs.

Ahmed Nejib Chebbi n’avait aucun contradicteur en face de lui. Donc, il pouvait dire tout sur tout et sur n’importe quoi. À Sa saillie d’effaré que la Tunisie  vive pendant 15 jours sans gouvernement, associant cela au  fait qu’on soit ou nom dans les clous de la légitimité constitutionnelle, est une aberration.  Elle lui vaut le prix de Super Dramaturge de la saison. Les exemples sont nombreux des pays qui avaient « survécu » à l’expérience de vivre « malgré tout » pendant de nombreux jours sans constituer un gouvernement et sans sombrer en dictatures. Parmi ces pays , il y a l’Autriche, l’Espagne, l’Irak , le Liban. Il y a aussi le Cambodge qui est resté sans gouvernement pendant 353 jours (entre le 27 juillet 2003 et le 30 juin 2004) , jusqu’à ce que la majorité de deux tiers requise selon la constitution, soit atteinte, pour que l’enregistrement puisse être effectué par le Parlement. Pareil pour la Moldavie. Ce pays de 4 millions de Moldaves a bien survécu à l’expérience de pouvoir vivre sans gouvernement lorsque le premier ministre communiste Vladimir Voronin a quitté ses fonctions le 11 septembre 2009. Depuis, le pays a connu émeute après émeute, et il a fallu attendre 528 jours pour former un nouveau gouvernement.

Toutes ces expériences de « sans gouvernement » manquent de zeste de la dérision populaire dans l’acte politique lui-même sans l’apport contributif de nos amis les Belges . Ils sont les maîtres en la matière. Ils sont indétrônables à la date d’aujourd’hui, car la  Belgique est restée sans gouvernement fédéral pendant 541 jours. Alors les 15 jours de monsieur Chebbi, est une injure à la modestie à côté du chiffre de la Belgique. Cette prouesse politique qui unit sur le podium Flamands et Wallons, main dans la main, avait démarré le 18 décembre 2018, lorsque les Flamands (tendance à droite) et les Wallons (tendance à gauche) n’avaient pas trouvé une majorité. Cela n’a jamais nuit à leur réputation de peuple joyeux.

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*Ahmed Néjib Chebbi est ancien opposant politique au régime de Bourguiba ainsi que de celui de son successeur  Ben Ali. Plusieurs fonctions à son actif. Il était ancien ministre du Développement régional et local dans le gouvernement de Fouad  M’bazza ( janvier -mars 2011). Il est ex-membre parmi les 217 constituants qui avaient rédigé l’actuelle Constitution, et qui l’avaient terminée en 2014 au lieu de 2012, bien au delà du délai qui lui était imparti, À diverses reprises, il s’était présenté, sans succès, aux élections présidentielles. Actuellement, il est président du comité politique du parti Al-Amal,

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