[Rue 89], attrapé en flagrant délit avec les ciseaux du censeur dans la main .

Salah Ben Omrane , le mardi 27 septembre 2011 à 00:52

Si vous faites un recherche sur google et que vous tapez «les partis politiques tunisiens», vous obtiendrez dans une bonne position, parmi les premiers résultats: «Qui sont les (nombreux) partis politiques tunisiens ?». L’auteur de cet article s’appelle Thierry Brésillon. À côté, vous avez son auto-présentation et sa photo à l’appui. C’est une publication du 06 septembre dernier dans Rue 89.

Vous vous dites ,que si un tel article figure en aussi « bonne » position, et vous avez raison, c’est qu’il doit la mériter! Je vous laisse juge, vous-même, pour apprécier la qualité de sa prose. Ce n’est pas l’objet de l’affaire dont je veux parler, même si je trouve à l’occasion qu’il est scandaleux qu’en effectuant une recherche sur un sujet si sérieux on tombe en premier sur des propositions de lecture d’une médiocrité pareille. Que seul le label «Rue 89», bien blindé en pub dès que vous ouvrez le site, ne devrait pas justifier un tel positionnement dans le classement. Que s’il y a une véritable pertinence, elle n’est que chez les marchands de produits en publicité.

J’ai effectué quelques recherches, en m’intéressant de très près à la questions des partis politiques tunisiens. Quoi de plus naturel que de lire tout ce qui s’écrit sur le sujet ? Dans ces circonstances, un article dans Rue 89, qui traite la question, cela ne doit en aucun cas m’échapper.  je l’ai lu et j’étais déçu par l’absence de consistance dans le traitement du sujet. J’ai rapidement constaté le manque de sérieux. Très vite, l’affaire était pliée. J’avais compris qu’il s’agissait non pas d’un article ,mais d’une reproduction de bribes d’infos sur 14 partis politiques dont on sait pas pourquoi, ils ont été cités, tout en occultant les 95 autres ?

À vrai dire , l’article est sans un intérêt, mais j’étais plus curieux et attentif aux réactions des commentateurs. J’avais fait un lien ,en insérant un commentaire, vers un billet dans lequel je venais de traiter la question, quelques jours auparavant.

Je partais du principe: Tant pis si cela vexe l’auteur de l’article ou le patron du journal Ouieb, car la nature du sujet doit dépasser les égos. Une telle présentation, si tronquée ,si bâclée des partis politiques tunisiens, justifiait assez le lien pour signifier aux lecteurs qu’il y a bien autre chose ailleurs !

À côté de l’article, il y a l’auto-portrait de son auteur: Thierry Brésillon. Il écrivit ceci : « Je suis journaliste indépendant, après avoir travaillé dix ans pour le magazine d’une organisation de solidarité internationale. Pendant près de vingt ans, j’ai traîné mes carnets et mon appareil photo des plantations de café du Burundi au Forum social de Porto Alegre, des églises médiévales d’Ethiopie aux rives du Gange. Initié par l’Algérie, puis tombé dans le chaudron du Proche Orient, parfois désespéré par la propension du monde arabe à s’enfermer dans son malheur, je suis fasciné par les perspectives qu’offre le Printemps arabe.»

J’ai graissé et souligné la phrase qui fait tilt, quand on sait que les manipulations en douce et la censure font partie de l’arsenal de ceux qui ont « des propensions à s’enfermer dans leurs malheurs « (sic). Madame La Poutre m’a prié de faire ce petit rappel  .

Vous avez compris , avec une carte pareille, un parcours de la sorte qui « jette » et qui vous enfume, logiquement le lecteur aurait dû tomber sur une véritable description ou analyse, digne d’un vrai journaliste. Une sorte de reporter de terrain et non celui d’un salon qui tente de construire un argument d’autorité sur des stéréotypes de l’image du reporter qui aujourd’hui, font rire plus qu’autre chose. À mois que l’auto-portrait soit au second degré? Dans ce cas un telle finesse m’a bien échappée.

Le monsieur, « grand journaliste » donc , insinue qu’il tient le monde dans le creux de sa main, qu’il a un regard vis-à-vis du monde arabe qu’est celui d’un « baroudeur ». Bref, un vent de poussières et des pétarades pour pas grand chose! Le Burundi l’attend, si ce n’est pas Porto Alegre , l’Ethiopie ou les rives du Gange .  Franchement ,qu’est ce que les partis politiques tunisiens viennent faire dans un tel tableau de chasse, chez un routard qui en a vu d’autres ?

Reconnaissons tout de même qu’il a une qualité : Il n’est pas du genre qui lâche le billet dans la nature et qui tourne les talons ensuite .Il répond aux commentateurs ,ce qui est fort appréciable .

Sous un de ses commentaires , j’avais noté qu’il y avait une confusion entre le rôle d’une Assemblée Constituante et celui du Parlement .  Sa réponse n’a pas tardé . La voici textuellement :

« C’est bien, vous aurez 20/20 en droit constitutionnel !

Mais la question n’était pas là, c’était de savoir si une majorité cpr/ennahdha est envisagée.

J’ai employé malencontreusement le mot « parlementaire » après majorité, j’en rampe de honte à vos pied et j’expierai en recopiant cent fois le texte intégral de la prochaine constitution.

Ah, j’oubliais,  » l’assemblée constituante sera l’unique législateur dans le pays jusqu’à la promulgation de la nouvelle constitution ». Elle n’empiètera donc sur les pouvoirs d’aucune autre institution puisqu’elle détient tous les pouvoirs !

Et il est peu probable, même si c’est théoriquement possible, qu’elle s’en désaisisse au profit d’une seconde assemblée élue ou d’un gouvernement.

La constituante sera donc aussi l’assemblée législative (qui peut le plus peut le moins !). Les majorités qui s’y formeront seront des majorités parlementaires. Non mais. »

 Vous avez compris . Je venais de réveiller la bête qui sommeille et qui a parcouru  l’Afrique de long en large et de haut en bas .

Dès l’apparition de cette réponse , j’avais estimé pour ma part qu’elle méritait un commentaire approprié. Je lui ai répondu. Et ma réponse était restée visible ,sans autre commentaire de sa part ,qui la suivait . De temps en temps j’ouvrais cette page pour vérifier, le cas échéant , s’il y avait du nouveau. Rien ! Cela a duré deux semaines, les commentaires étaient fermés et ils étaient au nombre de 79 .

Hier , en faisant la vérification , qui était devenue une routine , je me suis aperçu que ma réponse a été coupée , supprimée aux ciseaux .

Pour assouvir votre curiosité , de mémoire ,la voici  (en couleur verte). Elle était accolée à son « agréable » commentaire :

1 . À propos de : « C’est bien, vous aurez 20/20 en droit constitutionnel ! »

Préservez vous de vos émotions ! Soyez professionnel . Évitez ce genre de remarque  . 

2. À propos de :« Mais la question n’était pas là, c’était de savoir si une majorité cpr/ennahdha est envisagée »

Seule madame Soleil vous le dira, lorsqu’elle consultera sa boule de cristal . Je vous ai repris sur une confusion et pas sur autre chose .

 3.À propos de : « Il est peu probable, même si c’est théoriquement possible, qu’elle s’en désaisisse (sic)  au profit d’une seconde assemblée élue ou d’un gouvernement. »

Seul un Décret présidentiel peut modifier le rôle de la future Assemblée Constituante. Pour l’instant ce n’est pas le cas . Ceci , signifie qu’il ne faut pas raconter des sottises .

Salah 

J’ai envoyé un mail à Rue 89 à ce sujet mais il est resté sans réponse :

Voici sa copie :

objet : Censure

« Bonsoir à tous ,

Le 7 septembre dernier , j’avais publié un commentaire  sous le commentaire de l’auteur de l’article Thierry Brésillon « Journaliste | 03H50 | 07/09/2011 » qui avait publié un article s’intitulant « Qui sont les (nombreux) partis politiques tunisiens ?

Ma réponse est demeurée visible et lisible jusqu’à ce qu’elle ait disparu , il y a juste quelques jours. Les commentaires étaient fermés avec 79 commentaires et je l’ai vérifié pendant la dizaine de jours qui ont suivi l’apparition de l’article .Je viens de m’apercevoir que les commentaires viennent d’être raccourcis du mien .Ils ne sont plus que 78.

Je vous serai gré de me faire connaitre l’objet de cette suppression. »

Je n’ai pas eu de réponse . Si Rue 89 veut répondre ,s’expliquer voire ne pas s’enfermer dans son malheur à propos de cette censure , il a le loisir de commenter ce billet .

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2 commentaires pour [Rue 89], attrapé en flagrant délit avec les ciseaux du censeur dans la main .

  1. l'auteur dit :

    Droit de réponse. Pour quelqu’un qui semble faire appel autant à la rigueur et au professionnalisme, vous semblez ne pas reculer devant la tentation de régler vos petits comptes personnels par blog interposé. Vous m’avez repris sur un mot, « parlementaire » pour désigner une majorité au sein de l’assemblée constituante. Voilà, c’est toute l’affaire.
    D’une part, cela me semble le mot le plus juste pour désigner une majorité au sein d’une assemblée élue, fût-elle constituante (si vous en avez un autre, n’hésitez pas). D’autre part, selon toute vraisemblance, la Constituante sera aussi le législateur. Ce n’est pas une prédiction personnelle, c’est ainsi que l’ensemble des acteurs politiques tunisiens ont interprété le mandat de la Constituante. C’est aussi ce qu’a déclaré le secrétaire général du gouvernement, Mohamed Salah Ben Aissa, ancien doyen de la Faculté de Droit de Tunis. Excusez du peu.
    Théoriquement, en effet, la Constituante peut décider de se désaisir (mais oui, le verbe existe !) de son pouvoir de législateur et d’appeler à l’élection d’une assemblée législative, qui siègerait parallèlement pour élaborer les lois. Mais je vous laisse imaginer la confusion politique que créerait une situation de double assemblée.
    Donc je maintiens parlementaire.
    Je passe sur « la médiocrité » de mon article. L’idée était de dresser un tableau synthétique des principaux partis politiques tunisiens. L’initiative a été saluée par de nombreux lecteurs.
    Je ne commente vos attaques personnelles assez pitoyables et qui en apprennent davantage sur vous que sur moi.
    Venons en à la « censure ». Pour être censuré, encore faut-il avoir quelques chose d’intéressant à dire. C’est moi, et pas vraiment volontairement, qui ait dépublié votre commentaires . A vrai dire, j’aurais bien supprimé l’ensemble du fil de cette discussion qui n’apporte pas grand chose au lecteur. Mais votre pédanterie m’a irrité et puisque vous avez voulu joué au plus rigoureux, j’ai voulu vous rappelez, ce que je redis ici, que le terme de « parlementaire » est fondé en toute rigueur.

    • « Pour quelqu’un qui semble faire appel autant à la rigueur et au professionnalisme, vous semblez ne pas reculer devant la tentation de régler vos petits comptes personnels par blog interposé

      C’est une mise au point. Elle n’est ni une querelle, ni un règlement de compte. La balise des commentaires sous votre article, dans Rue 89 était fermée. Figurez vous, qu’avant la rédaction de ce billet, j’ai tenté vainement de remettre le commentaire censuré en place, sous votre article, dans Rue 89. Avouez que le procédé dans sa suppression qui est un fait, est inélégant .

      « Vous m’avez repris sur un mot, «parlementaire» pour désigner une majorité au sein de l’assemblée constituante.Voilà,c’est toute l’affaire.»

      En effet , je vous avais repris sur un mot .Il y aurait pu avoir de votre part ,une demande de précision ou une critique, voire rien du tout. C’est la règle entre gens civilisés. Je ne cherchais pas particulièrement à provoquer un débat avec ma remarque ni une discussion d’ordre sémantique, juridique ou politique. Or, vous aviez fait le choix d’user de propos désobligeants en attaque ad personam.

      « D’une part, cela me semble le mot le plus juste pour désigner une majorité au sein d’une assemblée élue, fût-elle constituante (si vous en avez un autre, n’hésitez pas). »

      Les membres d’une Assemblée constituante sont les constituants.

      « D’autre part, selon toute vraisemblance, la Constituante sera aussi le législateur. Ce n’est pas une prédiction personnelle, c’est ainsi que l’ensemble des acteurs politiques tunisiens ont interprété le mandat de la Constituante. C’est aussi ce qu’a déclaré le secrétaire général du gouvernement, Mohamed Salah Ben Aissa, ancien doyen de la Faculté de Droit de Tunis. Excusez du peu. »

      Pour légiférer , ni un parlement ,ni une Assemblée constituante ne sont indispensables.
      La Haute commission destinée à préserver les acquis de la révolution ,dont Yadh Ben Achour est à sa tête, collabore avec différents comités .Parmi eux, il y a celui qui organise les élections, celui qui définit les règles de la presse et des médias, et il y a celui qui est chargé d’enquêter sur la corruption. Tous ces comités font déjà du législatif. C’est l’histoire de monsieur Jourdain qui apprend qu’il fait de la prose grâce à son maître de philosophie.
      Lorsque M. Mohamed Salah Ben Aïssa dit que l’Assemblée constituante « sera l’unique législateur dans le pays jusqu’à la promulgation de la nouvelle constitution », on peut d’ores et déjà annoncer que le législateur est déjà confortablement assis , avant même que l’élection de l’Assemblée constituante ne soit constituée. Le code de la presse , celui des élections ont largement été retoqués pendant que la Chambre des députés est maintenue porte close.
      Nonobstant , les futurs membres de la future Assemblée constituante demeureront des Constituants et ne seront pas des députés ni des parlementaires . Il ne faut pas se tromper d’élection .

      « Théoriquement, en effet, la Constituante peut décider de se désaisir (mais oui, le verbe existe !)… »

      C’est le verbe «dessaisir» qui est correct, mais «désaisir», ne l’est pas !

      « …De son pouvoir de législateur et d’appeler à l’élection d’une assemblée législative, qui siègerait parallèlement pour élaborer les lois. Mais je vous laisse imaginer la confusion politique que créerait une situation de double assemblée. Donc je maintiens parlementaire.
      Je passe sur « la médiocrité » de mon article. L’idée était de dresser un tableau synthétique des principaux partis politiques tunisiens. L’initiative a été saluée par de nombreux lecteurs. »

      Dans mes commentaires, sous votre article, je m’étais gardé de faire une quelconque réflexion sur la qualité de votre présentation des principaux partis politiques tunisiens. Je n’avais pas à le faire et rien ne m’y incitait dans ce sens .
      Quand à l’argument «L’initiative a été saluée par de nombreux lecteurs », je ne doute pas une seconde qu’en général , la majorité des lecteurs sont sympathiques .

      «Je ne commente vos attaques personnelles assez pitoyables et qui en apprennent davantage sur vous que sur moi. »

      Certes, puisque vous m’aviez offert l’occasion .

      « Venons en à la « censure ». Pour être censuré, encore faut-il avoir quelques chose d’intéressant à dire. »

      Du point de vue du censeur , en effet ce qui est censuré n’est jamais intéressant . Sinon ,il ne le censurerait pas . C’est de la tautologie pure. Il y a quelqu’un qui faisait le tri entre ce qui est intéressant à laisser diffuser et ce qui ne l’était pas, de son point de vue . je vous donne son nom: Abdelwahab Abdallah ! Ce monsieur, était ministre de l’information sous Ben Ali. Il a eu également la fonction de président-directeur général de la Société nouvelle d’impression. Il fût directeur de La Presse et il était également, directeur général de l’agence Tunis Afrique Presse.
      Pour tout censeur ,ce que les censurés s’entêtent à ne pas vouloir « admettre », d’ailleurs de tous les temps et partout dans le monde, est que, ce qu’ils ont à dire n’est jamais intéressant . Ceux qui tiennent les ciseaux, sont persuadés qu’ils sont les détenteurs de la vérité. La différence entre censuré et censeur, consiste au fait que ce dernier garde la main sur les ciseaux , le robinet ou ce que vous voulez, manipule à sa guise , empêche l’expression du premier .Tout cela sur des critères non convenus et non rendus publics.C’est ce qui est arrivé à ma réponse dans Rue 89.

      « C’est moi, et pas vraiment volontairement, qui ait dépublié votre commentaires . »

      Je ne doutais pas que c’est vous qui l’ayez supprimé. Sur 79 commentaires, il est justement celui que j’avais marqué à la culotte. Par ailleurs, j’adore votre néologisme : « dépublié ». Certains régimes pourraient, un jour ,vous le piquer.

      « A vrai dire, j’aurais bien supprimé l’ensemble du fil de cette discussion qui n’apporte pas grand chose au lecteur. Mais votre pédanterie m’a irrité et puisque vous avez voulu joué au plus rigoureux, j’ai voulu vous rappelez, ce que je redis ici, que le terme de « parlementaire » est fondé en toute rigueur. »

      Tout dépend sur quoi c’est fondé? si vous parlez d’Assemblée constituante, c’est le terme « constituant » qui est propre à la fonction.

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