La jeune fille violée par des policiers raconte

Salah Ben Omrane , 02 octobre 2012 à 15:45

  Le jeune couple, victime des trois policiers tortionnaires, a décidé de briser le mur du silence. Les deux jeunes fiancés expliquent à Naoufel Ourtani, journaliste de la chaîne télé Ettounsya, le pourquoi ils ont craqué, en finissant par accepter de témoigner librement et publiquement devant la Tunisie entière.

  Ils sont revenus sur les faits dont celui du viol commis avec circonstances aggravantes  pour leurs auteurs, qui sont des policiers.

  Plus grave que le viol et la tentative d’extorsion de fonds par des agents de l’État, ce qu’il y a d’inquiétant dans cette affaire, c’est la mise en route du système insidieux de couverture des auteurs du crime pour le seul fait qu’ils soient des policiers. Le Corporatisme s’est installé dans ses formes les plus abjectes et les plus sournoises. Hormis les quelques fonctionnaires qui se sont prêtés au jeu du levier pour retourner la situation par le dépôt d’une plainte contre la victime du viol, il y a des personnalités ministérielles qui se sont exposées dans cette affaire, sans douter, un instant que l’opinion publique découvre un jour leur soutien  pour le crime en bande organisée.

 Cette affaire s’est révélée être un catalogue de faits sordides que l’administration publique tunisienne refuse de s’en priver, sans livrer une bataille: Il y a de l’extorsion de fonds , du viol avec circonstances aggravées, Viol en réunion et en bande organisée, de la subornation de témoins, du faux témoignages, du chantage, de la séquestration de biens et de personnes et de la conduite déshonorante pour la  police et la justice pour couronner le tout.

Traduction du témoignage par Le milieu autorisé:

Naoufel Ouertani  : Quand est-ce que cela s’est passé ?

Elle :        Le lundi trois septembre.

N.O :        Quand vous vous êtes rencontrés ? Racontez-moi.

Elle :      Nous nous sommes rencontrés vers dix heures du soir. On est allé au Lac. On  a fait le tour en cherchant une place dans un café. Tout était plein. On a décidé donc, d’aller à la Marsa. C’est là bas que nous avons dîné. Ensuite on a décidé de rentrer. Je devais l’accompagner (son fiancé) sur ma route. Lui, il habite là bas à Aïn Zaghouan (voir la carte google map en bas). C’est tout. On s’est arrêté à un endroit pour bavarder. Nous étions en train de parler ,soudain une voiture surgit et se dirige vers nous.

N.O :      J’ai entendu que c’est une Alpha Roméo. Je veux vous poser la question mon frère (au jeune homme). Là, il y a un point sur lequel elle ne s’est pas attardée, mais il faut qu’on l’éclaircisse pour l’opinion publique. On vous a trouvés dans une situation à l’encontre des bonnes mœurs. Vous m’excusez … Il y a des gens qui disent.. Répondez moi… On vous a trouvé nus… On vous a trouvé ainsi… Quelle est la vérité? Comme cela s’est passé à l’interrogatoire?

Lui :      Quand, ils sont arrivés , ils nous ont trouvés assis. J’étais à ma place et elle était à sa place. On était dans une situation normale. Une situation morale sans rien. On était habillés, tranquilles.

Elle:          On était en train de parler à ce moment là .

   N.O :  Excusez moi, pendant les interrogatoires , vous n’aviez pas dit le contraire de cela? Le Conseiller du ministre de la Justice avait dit vous (en s’adressant au jeune homme) avez avoué que vous étiez dans une situation amorale. Pareil, Le porte parole officiel du ministère de l’intérieur avait dit la même chose.

Elle :      Non ..Non … À l’interrogatoire et je l’ai juré plusieurs fois, que nous étions en situation normale lorsqu’ils sont arrivés. On était assis normalement et on bavardait.

    N.O :   Alors qu’en pensez vous de ce qu’a dit le porte parole du ministère de l’intérieur ?

Elle :        Que Dieu lui pardonne. Ce qu’il a dit m’a beaucoup choqué. Comme un couteau qu’il introduit dans mon cœur.

 N.O :      Finissez Donc !

Elle :       J’ai dit que nous nous étions assis quand la voiture s’est arrêtée près de nous. Trois agents de police sont descendus. C’est une voiture Alpha Roméo normale. Ils étaient habillés en civil. On ne voit pas du tout qu’ils étaient de la police. Ils avançait vers nous: «Ouvre la portière …. Ouvre la portière …Police !».  J’ai ouvert la portière normalement, je n’avais pas de raison pour avoir peur. À peine qu’ils avaient ouvert les portières, l’un deux a fait le tour en direction de mon fiancé en le mettant hors du véhicule. Il lui a mis les menottes aux mains. Moi, ils m’ont extirpée du véhicule en m’embarquant dans leur voiture.

N.O :       Qui conduisait ?

Elle :        C’est moi qui conduisait.

 Directement, il m’ont mise dans leur voiture. Ils se sont mis à fouiller la mienne.  Ils se demandaient, s’il y avait de l’herbe, de l’alcool. Ils ont fouillé et ils n’avaient rien trouvé. Trouver matière à retenir la moindre des choses contre moi, c’est qu’ils affirmaient . Juste pour en faire une histoire. Comme ils ne trouvaient rien de sérieux pour rester encore, ils se sont mis à me dire «Tu es mariée!Tu es mariée!On t’amène au commissariat et on saura la vérité sur cette histoire». Je leur ai répondu:« Ne m’amenez pas au commissariat, interrogez l’appareil (le fichier central) et vous saurez que je ne suis pas mariée ». Ils m’avaient dit: «Non vous êtes mariée et celui qui est avec vous est votre ami!». Même en leur jurant à plusieurs reprises, ils ont refusé. Ils pouvaient vérifier avec l’appareil. Même le ministère de l’intérieur a déclaré que cette nuit là, ils n’avaient pas interrogé l’appareil. Pendant l’interrogatoire, ils avaient affirmé qu’ils avaient interrogé l’appareil. Alors qu’ils ne l’avaient pas fait. Ils m’ont mise dans la voiture. L’un deux s’est assis à côté de moi, à l’arrière, et un autre est monté devant, au volant. Celui qui s’est assis à côté de moi s’est tourné vers moi et il m’a dit: «Qu’est ce que tu peux nous donner?» . Moi, par peur, je ne veux pas entrer dans les commissariats .Je ne suis pas de ce genre de salissures. Je lui ai dit: «j’ai quarante dinars dans le sac,  je vais vous les donner» .Alors, il m’a dit: «Non comme ça, on ne tombe pas d’accord». Tout seul, il a quitté la voiture. Je lui ai dit ça, afin qu’il me laisse.  Je lui ai dit: « Je ne vous comprends pas! ». Puis, il est revenu dans la voiture. Pendant ce temps là, mon fiancé était avec leur troisième compagnon, à l’extérieur. Après je ne les ai pas revus. J’ai vu juste ma voiture bouger. Le troisième, la conduisait et il a emmené mon fiancé avec lui. Ils sont partis. La voiture de police où j’étais  a bougé. Ils se sont mis à faire des tours avec la voiture et toujours dans la même zone. Elle était désertique. Il n’y avait pas d’éclairage. Beaucoup de chiens et des détritus. Ils faisaient des rondes avec la voiture. À peine que la voiture s’est déplacée, celui qui était assis à côté de moi à l’arrière, m’a attrapée. Il m’a violemment fait baisser la tête. Il m’a obligé à…. (des sanglots ). Ensuite il m’a prise de force et m’a violée (un silence ) .

N.O :    Et son ami devant ? La voiture était à l’arrêt ?

Elle :   Non elle avançait. Son ami devant s’est tourné la tête vers lui, le regardant,  tout  normalement. C’était comme une chose routinière et qu’ils font ça depuis longtemps. Il l’a regardé sans aucune surprise. Rien! Le premier m’a violée. Après , ils ont poursuivi le chemin en voiture. Ils ont quitté un peu la route. J’ai revu ma voiture à l’arrêt. Mais, je n’ai pas vu mon fiancé. Ils sont repartis encore m’amenant dans une zone déserte. La voiture s’est arrêtée. Celui qui était à l’arrière est descendu. Ils ont changé de places. L’autre lui avait demandé:  «Tu me laisses avec elle une minute». Le deuxième s’est assis à côté de moi. Il me disait: « Moi, ma fiancé, je suis loin d’elle depuis un mois et demi». À ce moment là, j’étais dans un état de panique et de peur, une victime, je ne comprenais rien.

N.O :    Vous criez ? Comment vous étiez ?

Elle :     Par le choc, je n’ai ni crié, ni hurlé.  J’avais peur. Je me suis dit s’ils font ça de moi, ils ne ne doivent pas être des policiers. Je me suis dite, cette nuit, ils vont me jeter ici. Qu’ils allaient passer sur moi à tour de rôle, l’un après l’autre. Qu’ils allaient certainement, ensuite, me tuer, me jeter ici en nourriture pour les chiens. Celui qui s’est assis à côté de moi, c’était pareil. Il m’a fait baisser la tête (un silence). Après, il m’a violée. Ils ont quitté la route. Ils sont allés à côté de la Banque Amen ( qui signifie la confiance). Ensuite, ils m’ont ramenée vite fait à Takasim . Pendant tout ce temps, ils m’ont transportée en voiture durant la nuit. Cela a duré à peu près une heure et quart. Mais pour moi, c’était une éternité.  On est arrivé dans un endroit où il y a une usine et une école. Quand on est arrivé , l’autre me tenait. J’ai vu ma voiture à l’arrêt. Devant, il y avait l’agent de police qui descendait en s’y mettant à côté. Le deuxième qui m’a violée, m’a fait descendre du véhicule et m’a fait monter dans le mien. Lorsque j’avais mis ma main sur  le cadre de la portière, car je ne voulais pas qu’ils m’y fassent entrer dedans, l’un d’eux l’a violemment claquée en m’écrasant le doigt. Mon doigt est resté coincé. Il a continué à me violer dans ma voiture.

N.O :    Le deuxième ?

Elle :    Oui , le deuxième. Il m’a violée deux fois. Une fois dans la voiture de police et une fois dans la mienne. Pendant qu’il me violait , mon fiancé est arrivé.

N.O :   Bien. Je veux savoir maintenant, entre temps, pendant l’heure et quart, avant que votre fiancé ne vous rejoigne, vous (au fiancé) qu’est ce qui s’est passé pour vous avec l’autre policier?

Lui :       En ce qui me concerne , quand il m’ont fait descendre du véhicule, celui qui m’a mis les menottes,, il est venu me parler. Il disant :  « on vous a trouvés dans un lieu désert! Qu’est ce que vous faîtes ici ? Et je ne sais quoi… On va vous emmener…On va vous poursuivre pour attentat à la pudeur. Vous allez en prendre pour deux ans de prison.. » Ils m’ont menacé qu’il allaient m’embarquer. Il m’a dit: « Que si je [lui] donne trois cent dinars, ils me libèrent ». Je lui ai dit : « c’est d’accord ! » . Il m’a demandé : «As-tu de l’argent sur toi?». Je lui ai répondu: « Non,  je ne l’ai pas avec moi« . Il m’a demandé : « Où habites-tu? » . Je lui ai répondu  : «  Pas très loin, une histoire de cent à cent cinquante mètres, deux cent». Il est parti discuter avec eux (les deux autres policiers). Apparemment, ils s’étaient mis d’accord entre eux . Ses compagnons ont dû lui donner leur accord. Il m’a demandé de monter avec lui dans la voiture. La voiture de ma fiancée. C’est lui qui la conduisait. Il m’a dit de lui indiquer le chemin de mon domicile. À peine on a quitté la route, je lui ai montré où j’habite. Il s’est arrêté et il est descendu du véhicule. Je suis allé retirer de l’argent du DAB (distributeur automatique de billets). Le premier DAB, ne voulait me donner. J’ai vu un autre à une centaine de mètres. J’ai couru .

N.O :   Combien il vous a réclamé ?

Lui :     Il m’a réclamé trois cent.

N.O : Vous, entre temps, vous n’imaginiez pas ce qui se passait, vous ne pensiez pas …? 

Lui :    J’ y pensais et je me disais qu’il fallait que je fasse vite . Vite que je leur donne l’argent et je reviens. C’est ce que j’avais prévu. Quand je n’avais pas pu retirer du premier DAB , j’ai couru vers le second à pieds. J’ai essayé de retirer, mais je n’y suis pas parvenu. Je suis retourné le voir( le policier) , lui disant : « Je suis allé aux distributeurs mais je n’ai pas pu .J’ai essayé de te retirer de l’argent mais je n’ai rien pu faire« . Je lui ai fait la remarque « qu’apparemment le réseau est bas ». Il m’a dit connaître d’autres points de retrait et qu’il allait m’accompagner pour que je puisse retirer. J’ai vu qu’avec le troisième distributeur, je ne pouvais pas no plus retirer. Au quatrième, il est descendu avec moi pour vérifier que c’est bien le DAB qui refuse le retrait. Il y a, d’ailleurs  une caméra là bas qui l’a filmé. On voit qu’il est bien descendu avec moi.

Une fois qu’il s’est bien assuré qu’avec la carte je ne pouvais pas retirer l’argent, il m’a demandé de lui donner ma carte d’identité ainsi que mon permis. D’ailleurs, ce n’est qu’à cet instant qu’il avait pris ma carte d’identité et le permis. Il ne les avait pas réclamés auparavant. Il les a gardés et il m’a demandé mon numéro (de téléphone) . Il m’a dit qu’il allait m’appeler le lendemain matin et que je devais lui donner l’argent.

Il m’a amené à l’endroit où je lui avais dit que j’habite. Il m’a demandé de descendre, et d’aller me coucher.

Je lui ai dit: «Et ma fiancée?». Il m’a répondu qu’ils allaient la libérer. Je suis descendu sans le croire. Je me suis dit que je devais m’assurer qu’ils l’ont libérée ou non. Je suis revenu sur mes pas , une histoire de dix minutes un quart d’heure. J’ai trouvé que les deux véhicules étaient à l’arrêt. La sienne (véhicule de sa fiancée) devant et la leur derrière. Deux fumaient à l’arrière du véhicule (celui des policiers). Ils ont vu que je courais dans leur direction. L’un d’eux  m’a appelé criant: «Viens qu’on se mette d’accord, viens par là». Là j’ai compris l’histoire. Je me suis approché de sa voiture ( de sa fiancée). J’’ai regardé dedans. J’ai vu quelqu’un la tenir. Directement, je suis allé me disputer avec les deux. Il y a eu une dispute. Ils se sont évaporés . L’un est resté discutant avec moi. Il me disait qu’ils « ne lui avaient rien fait, que l’autre (en parlant de son collègue)  tentait de la réveiller avec de l’eau ». Je lui ai répondu que ce n’était pas la vérité, que je l’avais bien vu. Les deux sont venus vers moi. Chacun avait une bombe à gaz dans la main. Là j’ai pris deux  cailloux. Je leur ai dit: «Le premier qui avance je le lui jette dessus». Pendant que je reculais, eux, ils avançaient. À un moment,  l’un deux s’est trop approché, je lui ai arraché la bombe à gaz. J’ai aspergé l’un d’entre eux et je me suis mis à courir. L’un d’eux, me poursuivait en courant. Après, je me suis disputé avec lui et j’ai sauté la porte d’une usine. Il y a la chambre du gardien. Il a entendu du bruit. Il s’est réveillé, et a allumé la lumière. Il est sorti. Je lui ai dit qu’il y a trois individus qui prétendent qu’ils sont de la police. Ils nous ont trouvés et ils l’ont prise en la violant. Je lui ai demandé d’appeler la police. Il a appelé un ami à lui, à qui il a donné un bâton. Ils sont sortis avec moi. Pendant ce temps , mon portable sonnait. Le numéro de ma fiancée apparaissait. C’est l’un de la bande qui me demandait de le rejoindre pour trouver un accord avec eux. Je lui ai dit que je n’ai aucun accord à faire avec lui. Je lui ai dit que la police allait arriver. Les gardiens de l’usine sont sortis avec moi à la recherche de «la bande». Cinq à dix minutes plus tard, deux sont arrivés. On a commencé à parler. L’un deux s’est adressé à moi: « Pourquoi tu fais comme ça?  On ne l’a pas touchée ? Je lui ai dit : «Vous êtes de la police?». Il m’a  répondu «oui». Le gardien de l’usine qui suivait la discussion a pris leurs cartes, et il m’a annoncé qu’ils sont en effet de véritables policiers. Je lui ai dit d’appeler la police et on saura sur cette histoire. Il m’a demandé de lui rendre sa bombe à gaz en échange de mes papiers et de ma fiancée qu’ils allaient la libérer. À cet instant je me suis dit d’accord, je lui rends sa bombe à gaz.

Dès que je lui ai rendu sa bombe, je suis allé vers la voiture de ma fiancée avec eux. Eux, ils sont partis. J’ai pris le volant pour trois ou quatre cent mètres. Je lui ai demandée ce qui s’est passé. Elle était choquée. Elle est restée silencieuse. Quelques instants après quand je lui ai redemandé de me raconter, elle s’est mise à pleurer et à hurler en se tapant les jambes. Elle m’a dit: «Ils m’ont violée , ils m’ont violée». Je lui ai demandé qu’on devait porter plainte. Elle m’a répondu: » Emmène moi chez moi! ». Sur la route, je lui ai demandé d’aller à la clinique du Lac. Je lui ai dit que là bas ils vont te faire des examens et attesteront que tu as été violée par deux individus.

On est arrivé à la clinique du Lac. Je leur ai raconté l’histoire. Ils m’ont dit qu’ils n’ont pas chez eux un spécialiste capable de lui faire les examens. Ils nous ont conseillés d’aller à Charles Nicolle.  Ils ont pris un de nos numéros de téléphone. On s’est dirigé vers Charles Nicolle(Hôpital)  pour attester ce qui vient de se passer. Pareil à Charles Nicolle, ils nous ont dit qu’ils ne peuvent pas attester l’histoire que lorsqu’ils reçoivent une ordonnance du procureur de la république. Pendant ce temps là, quelqu’un m’appelait au téléphone, disait qu’il est policier, qu’il était au courant de l’histoire, et qu’il nous attendait au commissariat du Lac. Là, je lui ai dit qu’on allait porter plainte. On s’était mis d’accord là dessus. On est allé au commissariat du Lac. Quand on est arrivé , ils nous ont demandés d’aller au commissariat d’Alaouina.  Dans le commissariat d’Alaouina, on a trouvé le chef du commissariat qui nous attendait. On lui a raconté l’histoire. Ils nous a demandé si on pouvait lui faire une description de la voiture. Elle(sa fiancée avait déjà relevé le numéro de la plaque.

 N.O :    Excusez moi, C’est à dire la clinique avait appelé la police et la police vous a appelés?

Lui :     Oui la police m’a appelé.

 N.O :    Et vous quand vous leur en aviez parlé au commissariat du Lac ou à l’autre, vous leur aviez dit que c’est des agents de sécurité? Qu’est ce que vous aviez retenu ? Quel âge, ils avaient?

Lui :   Quand je les ai vus, j’ai vu qu’ils étaient jeune. J’avais un doute qu’ils soient de la police.

-N.O. : C’est à dire des nouveaux.

Elle :   Pendant qu’ils se disputaient et ils tentaient d’éteindre la lumière de ma voiture puisqu’ils m’ont arraché mes clefs, j’ai noté le numéro de leur voiture rapidement. Pendant qu’ils me violaient , l’un d’eux m’a menacée, disant:  «Si tu verses encore une larme, à la tête de ma mère tu ne rentreras pas chez toi». Quand je leur disais » quand est ce que je rentre ? » Il me répondait : «tais-toi

N.O :   Vous êtes allés à l’Aouina.

Lui :    Il nous a demandé de lui raconter l’histoire. Je lui ai dit que c’est une Alpha Roméo blanche. Ils prétendent qu’ils sont de la police.Ils nous ont arrêtés et ils l’avaient emmenée. Il m’a demandé: « Comment vous avez su que c’était de la police ? ». Je lui ai dit qu’ils ont leur appareil avec eux. Il m’avait dit que ça peut être n’importe qui car l’appareil se vend partout, chez Carrefour ou dans un autre endroit. Il m’a dit: «Impossible qu’ils soient des policiers!». Il nous a demandés si on avait retenu le numéro de leur plaque minéralogique. Elle lui a dit qu’elle l’avait noté. Je le lui ai donné. Ils nous a demandés: » où cela s’est passé ? On lui a dit que c’est à Aîn Zaghouan. Ils nous a dit qu’ils devaient nous amener au commissariat de Carthage. C’est le Centre qui est responsable de ce commissariat. On est parti. La voiture de police roulait devant nous. On est arrivé.

  Il y avait deux personnes là bas. À l’arrivée, il n’y avait aucun. On s’était dit qu’on devait chercher ailleurs . Mais sur le chemin , on voyait la voiture Alpha Roméo blanche devant nous. Trois passagers dedans .Ils rebroussaient chemin. Ils se sont arrêtés pour nous. Ils nous ont demandé: « Pourquoi   [on] fait comme ça ? »  On étaient à cinquante ou cent  mètres du commissariat. Les policiers nous ont laissés parler . Ils ont compris que les passagers de la voiture sont les concernés par l’histoire. Ils nous ont mis en discussion ensemble. Ils m’ont demandé de dire à ma fiancée de ne pas porter plainte. Qu’elle allait  compromettre [leur] avenir. L’un deux m’a affirmé qu’il allait être titularisé dans un mois. L’autre disait qu’il  devait se marier l’année prochaine. Ils ont demandé « pardon » disant qu’on est « des garçons entre nous ». Il ajoutait ; « C’est une erreur qui est arrivée. Qu’on n’allait pas revenir en arrière. Qu’on devait laisser passer ».

On est entré. On nous a laissés dans une pièce. On attendait l’arrivée du chef de Centre.

N.O :   Combien de temps vous aviez attendus?

Lui :    Histoire d’une heure jusqu’à l’arrivée du Chef du centre. Ils étaient avec nous dans la même pièce.

 N.O :    Excusez moi une seconde, On vous a laissés dans la même pièce que ceux qui ont commis l’acte.

Elle : Oui. Même quand je suis allé aux toilettes, ils m’ont rejoint, me supplier. J’ai déjà enregistré leur paroles.

 N.O :   Comment  Ils vous menaçaient ?

Elle :    Non , il ne me menaçaient pas, ils me suppliaient pour ne pas dire que c’était eux. À la fin j’ai enregistré leurs paroles. Pendant que l’un d’eux me parlait, j’avais enregistré ce qu’il disait.C’est tout.

Lui :   Le chef du centre est arrivé. Il était assez tendu. Nous , nous avions dit trois policiers qui conduisaient une voiture blanche et on avait le numéro d’immatriculation. Il nous a amenés les agents, tous. Il nous a demandés si c’était bien eux et qui parmi eux avait commis l’acte ? Ma fiancée a eu peur. Avant , ils (les policiers de la bande) nous avaient dit de déclarer qu’il s’agissait d’une voiture Mégane coupée et qu’il y avait deux individus seulement. Le Chef du centre a compris qu’elle ( la fiancée) avait peur  Ils les a fait sortir.

Elle :    À peine qu’ils étaient tous  sortis ,toute seule, j’ai dit au chef du centre, qui et qui. Lui (le chef du centre de police), il a senti ce que j’éprouvais.

 N.O :   C’est à dire le chef du centre était en aide.

Elle :   Il  était en aide. C’est la vérité. Dès qu’il les a sortis , je lui ai dit celui-ci  et celui-là. C’était prévu qu’ils soient amenés au centre de police puisque j’avais déjà donné le numéro de la voiture. Les autres travaillent avec leu la nuit, ils devaient les ramener.

N.O :  Comment s’est comporté le chef du centre à ce moment là?

Lui :  Ils nous a dit d’attendre l’arrivée du chef du District. Et il a dit que les mesures allaient commencer.

N.O :    Tout ceci pendant la longue nuit du trois septembre ?

Lui :  De là, ils nous ont changés de poste, vers un centre qui s’appelle la Cellule de Carthage. Ils ont noté nos dires ,jusqu’à à peu près onze heure et demie. À Midi , ils nous ont transféré au tribunal cantonal pour nous ré-interroger encore une fois. Après l’interrogatoire, ils l’ont (la fiancée) emmenée chez un médecin légiste. Après  on les a accompagnés pour prendre la photo et autres. Ensuite, on est revenu à l’interrogatoire complet. On a signé. On est resté jusqu’à sept heure de l’après midi. La journée était longue. Quelques personnes étaient là, nous demander de retirer la plainte. Il (le substitut du procureur)  nous a dit que même si vous la retiriez , l’administration va les poursuivre.

 N.O :  Qui vous demandait de retirer la plainte? Comment ils vous ont interrogés, ma soeur? Une sorte de violence ou une sorte de gentillesse?

Elle : Ce n’est pas de la gentillesse. Du tout ! Vous pouvez le vérifier. Les agents qui sont là qui m’ont interrogée..

N.O :   Qu’est ce qu’ils vous disaient ?

Elle : Retirez la plainte ! Oui. C’est mieux pour vous, pour votre famille, vous allez être découverte. Ils m’encourageaient de cesser et d’arrêter là . Mon fiancé, je ne sais pas où il l’avaient emmené .Ils m’ont mise dans une pièce , moi et les trois criminels. Ils étaient assis devant moi. Eux ,les trois parlaient, les criminels, et quand j’ai voulu parler , ils se sont mis à me hurler dessus, les policiers qui étaient là. Je disais ,grâce à l’aide et à la miséricorde de Dieu, l’un deux m’a dit: »Arrêtes tes films avec ces policiers ». C’était l’un des autres policiers. C’est moi la victime c’est pas eux. Je me suis adressé au troisième qui ne m’avait pas violée, lui disant de faire un témoignage en toute vérité. Alors , il s’est tapé le visage. Il allait parler, mais les autre l’ont fait taire. Il allait peut-être témoigner à cet instant. Ça se voyait qu’il allait dire quelque chose , mais les autres l’ont fait taire. Quand j’ai retiré la plainte , un des policier leur a dit:  » laissez la tranquille, elle l’a retirée« . Il était venu en courant leur annoncer ça. Ils m’ont dit: «Merci». J’ai retiré la plainte car j’étais dans un état psychologique très difficile. Ils ne voulaient pas me lâcher , alors que je leur disais  que je voulais rentrer chez moi. J’étais éprouvée et fatiguée à sept heure de l’après midi. Je ne suis pas rentrée du tout chez moi. Dieu sait dans quel état psychologique j’étais. J’étais inconsciente.

Lui:        On a passé une nuit blanche entière jusqu’à cinq heure du matin.

Elle :   On n’avait même pas bu une gorgée d’eau. D’interrogatoires en interrogatoires, comme si j’étais la criminelle et non eux.

 N.O :   Vous , vous aviez retiré la plainte, disant qu’il faut que je m’écarte de cet endroit. Ça c’est le mardi soir alors que l’histoire vous est arrivée le lundi soir. Comment vous aviez réagi ensuite? Qu’aviez vous fait le lendemain?

Elle :     Le lendemain , mon fiancée m’a dit si toi tu retire ta plainte, moi je ne retire pas . Il m’a dit: « C’est ton droit ,moi je t’ai emmené et montré et tu es libre mais je ne renonce pas ». On s’était mis d’accord à ce moment là. On est allé voir un avocat. Ils nous a dit qu’il allait les poursuivre.

N.O :   Le trois et quatre septembre, quand est ce que vous aviez eu le premier interrogatoire? Quand est ce qu’ils ont été retenus? Quand le ministère public a bougé?

Elle :     C’est le jour même qu’ils ont été arrêtés.

 N.O :   Ce jour même  ?

Elle :     C’est parce qu’il n’y avait aucun doute.

 N.O :  Attendez , le mardi ?

Elle :    Le mardi . Oui!

N.O :   Malgré que vous aviez retiré la plainte.

Elle :    Je retire ma plainte mais dans une affaire pareille, ils continuent de les poursuivre.

Lui :     Ce sont eux qui nous ont dit qu’ils les ont arrêtés. Dieu seul le sait! 

 N.O :  Après , les premières audiences d’interrogatoire, qu’est qui s’est passé?

Lui :    Quand?

Elle :   Nous sommes interrogés presque chaque jour.

N.O :    Vous alliez où?

Elle :    Au 9 avril. Au 13ème étage. La police judiciaire. Ils nous a ramenés à l’endroit où il y a eu les évènements. On leur a montré et expliqué comment cela s’est passé. Après, on est allé au tribunal.

 N.O :   Les attestations médicales sont sorties à Charles Nicolle . Les choses sont claires ?

Elle :    Oui l’attestation est sortie. Il est écrit que le sperme a été trouvé. Je leur ai dit dès le premier jour, vous allez trouver tout. Même dans les voitures. parce que quand le premier m’avait violée , et que mon fiancée est arrivé, quand l’autre est descendu de la voiture , il tenait une bouteille d’eau et il me disait:  «Viens je vais te laver». À ce moment là, je me suis enfuie un peu. Je ne voulais pas qu’il me lave. Deux fois, il a tenté de me laver. Je ne l’ai pas laissé. Je savais qu’il voulait éliminer les traces.

N.O :   Le juge d’instruction  ou celui qui vous a interrogé , comment, il réagissait avec vous?

Elle :    Il y a eu deux juges d’instruction. Il y a eu  une permutation. Le premier m’a dit: »Faites comme si j’étais votre père, votre frère, je vais rétablir votre droit ». Mais il y a une histoire. Mme Nasraoui l’a dite à la télé . On m’a dit qu’ils me menaçaient de porter plainte contre moi.

N.O :  C’est quoi l’histoire?

Elle :   « Comment se fait-il que Mme Nasraoui en parle dans les médias et qu’elle dise des choses qui sont sorties des interrogatoires ». Je leur ai dit que moi , j’en ai parlé à Mme Nasraoui, car elle est aussi mon avocate. Ils m’ont menacée à cause de cette histoire.

N.O : Qui eux ?

Elle :   Le juge d’instruction m’a dit, on portera plaint contre vous si vous continuez de parler des choses des interrogatoires. Moi , je n’ai rien sorti. J’ai dit à Mme Nasraoui, c’est moi la fille qui a été violée par les agents de police. Je ne lui ai donnée aucune information sur les interrogatoires.

N.O :  Vous aviez peur durant cette période. Vous vous êtes dite durant la première période de n’en parler dans aucun endroit. Qu’est ce qui vous a poussée à en parler?

Elle:    Ce qui me fait venir aujourd’hui , est que je me retrouve accusée. J’ai voulu rétablir à l’opinion publique la fausse image qu’ils ont donnée de moi. Surtout les déclarations de monsieur Talouche Alya .

N.O :    Quand il a dit sur vous dans une conférence de presse que vous étiez dans une situation suspecte, quelle a été votre réaction à ce moment là?

Elle :    Ma réaction était que j’ai tenté de me suicider, ce jour là . Cela m’a énormément choqué. Tout ce qu’il a dit. Il y a eu aussi des réaction sur Facebook, comme des couteaux qui me laminent le corps quand je les lis.

N.O :    Cela vous a blessé des réactions du genre : Pourquoi elle était là ? Il y a celui qui a dit :elle a ce qu’elle mérite. Un autre en a fait de la politique disant: pourquoi vous ne parlez pas des filles violées pendant l’ère d’Essebsi (ancien premier ministre, d’avant les dernières élections du 23 octobre dernier)? En toute franchise , des niveaux très bas. Il y en qui dit : Dieu merci , elle a été violée maintenant , elle aurait pu être violée avant et personne n’en aurait parlé. Franchement, celui qui pense ainsi, je lui conseille d’aller voir un vétérinaire. Il y a des instants de  sensibilité   où il faut être solidaires qu’on doit être d’accord à voir des choses de cette horreur.Vous ce qui vous est arrivé vous a fait mal et ce que disent certains individus, des accusations qui vous ont encore plus blessée. Vous avez consulté chez un médecin psychiatre?

Elle :   Je suis allée. Ils m’ont tué avec leurs paroles. Avec leurs paroles, ils me violent à chaque fois. À chaque fois ça revient. Avec l’accusation qu’ils ont dirigé contre moi. La parole ,la réaction de l’opinion publique m’a beaucoup peiné. Parce que eux ils n’ont pas suivi l’histoire vraie. Ils on entendu, quand il est sorti faire une déclaration. Même qu’il a fait sa déclaration, je n’ai pas tenté de venir rectifier. Ce sont eux qui ont voulu que ce soit ainsi.

N.O :   Justement parce que chez nous la fille victime du viol, dans la plupart du temps elle cache. Notre société ne pardonne pas à la fille plus que le violeur. Aujourd’hui, je dois remercier votre courage. Cela empêchera ce genre de situation de se renouveler. Ainsi celui qui commet de tels actes doit savoir qu’il doit être puni. Je ne parle pas des agents de police. Cette chose ne doit pas guider notre jugement sur tous les agents de police. Non c’est arrivé de la part d’individus qui doivent être punis. Le fait qu’il y ait eu la réaction en vous mettant la situation d’accusée, peut-être qu’ils voulaient couvrir l’affaire. Peut-être que la réaction a fait empirer les choses. Peut être que cette réaction a sali , sans qu’ils se rendent compte, le ministère de l’intérieur. Je veux clarifier qu’on n’est pas contre la police. la police protège les Tunisiens., on lui fait confiance mais celui qui commet un tel crime, qu’il soit agent de police, avocat, journaliste ou marchand de légumes, doit rendre des comptes. Franchement, avec beaucoup de courage, vous avez affronté une histoire pareille, aujourd’hui, où a abouti votre affaire? Vous vous êtes retrouvés accusés.

Lui  :  Nous pensions , quand on est allé porter plainte , après la révolution, que nous allions obtenir gain de cause en droit, qu’ils allaient être poursuivis et que la loi allait s’appliquer sur eux. Mais après, on a été surpris que ceux auxquels on était parti à les confronter, le même jour, on se retrouve avec une accusation contre nous, ‘d’atteinte délibérément  aux bonnes mœurs’. Cela signifie quoi au juste? Qu’ils attrapent une et qu’ils la violent, elle n’a pas le droit de porter plainte ?

N.O :   Je veux vous demander. Quand ils sont venus vous voir, il n’y avait qu’eux qui étaient présents. C’est leur témoignage. Selon ce qu vous m’aviez confirmé et dit aux interrogatoires, vous n’étiez pas dans une situation en violation à la pudeur. C’est à dire que vous étiez habillés et vous discutiez. Pour éclaircir les choses.

Elle :   Comment, eux, ils croient des individus sur cette  chose, alors qu’ils ont  menti sur vingt mille autres. À chaque fois, ils donnent une autre version.

N.O :   Pendant l’interrogatoire, je veux vous poser la question, il y a eu une sorte de pression ou de violence exercées sur vous, que ce soient physiques ou psychiques, en paroles ?

Elle :   Au début, à l’interrogatoire, à part qu’ils voulaient que je retire ma plainte, une pression pour que je renonce, même quand je voulais parler avec mon fiancée, ils m’empêchaient et ils me hurlaient dessus, alors que les trois autres ils les ont laissés bavarder entre eux. J’ai voulu noter la référence du procès verbal , il (le substitut)m’a dit non. « Donnez moi les noms des accusés« , ils n’ont pas voulu. Même quand je suis allé au tribunal de Tunis , il y a un policier là bas, je me suis disputée avec lui. Il m’a jeté au milieu de la famille des accusés.

N.O :  Ils vous ont mis avec la famille de ceux que vous accusez ?

Elle : Il m’a dit: « sors ! va là bas ! » Il m’a mis parmi eux, au milieu. Pendant que les accusés étaient debout dans le couloir, et leurs familles là bas. J’ai eu une crise, et j’étais dans un mauvais état. Et lui , il m’a envoyé là bas en me hurlant dessus. Il m’a sortie dans la famille des accusés. Je ne savais pas qui ils étaient, alors que c’était leurs familles. Ils auraient pu me faire quelque chose. Je ne savais s’ils m’avaient reconnue ou non.

N.O :   Heureusement qu’aujourd’hui c’est arrivé dans les médias et auprès de la société civile. Il y a eu plusieurs manifestations dont le  Mechtel. Des visages connus de la société civile sont debout avec vous. C’est une chose positive. Je veux vous poser la question à la fin: Comment vous voyez votre vie dans l’avenir? Qu’est ce que vous réclamez?

Elle :   Je n’ai plus de vie . Je ne veux qu’une chose .obtenir mon droit de ceux qui m’ont violée. C’est tout. Ma vie, le jour , la nuit, je me lève avec la même histoire. C’est ça mon ma vie. ..Ils ont détruit ma vie…  Je n’ai plus le goût à la vie …  Je ne souhaite rien … Après je meurs … Cela ne m’intéresse plus … Je n’ai rien demandé …que mon droit… Même s’ils me coupent en petits morceaux  je ne lâcherai pas mon droit…Ce qu’ils m’ont fait n’est pas rien….Tous les jours j’ai leurs photos devant moi….chaque jour…. Les gens quand ils me parlent,  je suis ailleurs … Je ne suis plus la même personne…On me dit pourquoi tu ne ris plus comme avant …Les gens me parlent et je ne les entend pas… Je n’ai plus de vie … Ils m’ont détruite ma vie…

N.O :  J’espère que vous aurez votre droit

Elle :   J’espère. Que Dieu entende et donne de son aide.

N.O :  Qu’il te donne de la force. Ne restez pas pessimiste. Qu’il te donne de la force pour poursuivre ta vie et qu’il te donne des gens agréables. Mon frère qu’est ce que vous demandez? Qu’est ce que vous pouvez lui dire?

Lui :   Je demande que le droit soit une réalité. Pas qu ‘ils les couvrent pour nous accuser par la suite. J’espère que dès l’histoire sera finie, nous poursuivrons notre vie normalement. On n’a fait aucune menace. Notre vie se poursuit normalement. sans interventions et sans blocages.

Elle : Ils imaginent qu’après ce qui m’est arrivé, ce qui n’est pas rien, que je supporte encore des choses comme celles là: Je me retrouve accusée. J’ai attendu, j’ai attendu , ils se sont tus et après ils me ressortent que je suis accusée dans une affaire. Pourquoi? Ils me l’ont présentée au lendemain de la confrontation? Pourquoi pas dès le début dans l’affaire? Je ne suis pas une personne .Ils n’ont même pas pu poser les yeux sur moi pour me dire vous mentez! C’est moi qui les regardait dans les yeux en leur disant que ce sont des menteurs.

N.O :  Pendant la confrontation, ils avaient reconnu les faits?

Elle : Non , ils ne les ont pas reconnus. Au début, ils ont déclaré que je n’étais pas du tout dans leur voiture. On ne l’a pas fait monter. Qu’il n’y a rien de toute l’histoire .mais quand l’analyse a prouvé que leur sperme y était dedans, il ont dit alors c’est elle qui nous a entraînés avec elle. C’est à dire moi, qui ait fait des études et cultivée, je vais entraîner des gens de cette espèce.

N.O :   En tous cas le fait que soyez accusée a fait un grand bruit. Tout le monde. Toute la société civile vous défend .Elle est avec vous. Non pas pour votre personne mais parce que vous êtes une femme tunisienne qui défend ses droits, sa liberté et que veut acquérir son droit. Merci. Ce n’est pas facile de venir dans un plateau télé et en parler . Mais c’est pour vous et pour toute les filles qui subissent des injustices.

Elle : C’est ce que je voulais dire . Pour toutes les filles tunisiennes qui subissent un viol: cessez de vous taire! Je suis venue et j’ai parlé pour que cela ne se reproduise plus dans notre pays. On essaye d’avancer un peu .Chacun pourra se sentir en sécurité pour ses enfants. Mais de cette façon, on marche en arrière.

N.O :   Que Dieu rende le droit victorieux et merci pour votre présence.

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 La région d’Aïn Zaghouan, où se sont déroulés les faits incriminés, est représentée en rouge sur la   carte:                                                                            ……..    

 

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Un commentaire pour La jeune fille violée par des policiers raconte

  1. Semia dit :

    Tu es la fille la plus digne et la plus courageuse qui soit. Lève la tête , marche et accuse Toutes les tunisiennes sont toi ma chérie. Un policier est sensé te protéger. Tu as rencontré des monstres, Ils doivent être enfermés

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