Par Salah Ben Omrane le 26 mars 2011
En vertu du décret-loi N°6/2011 signé par le président de la République le 18 février 2011, publié au journal officiel le 1er mars 2011, une nouvelle instance publique a vu le jour et elle s’appelle : « Le Conseil supérieur pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique ».
Si on peut aisément comprendre que la logique dans les évènements de contestation qui se sont manifestés et qui ont pris différentes formes ,de celle qui est pacifique à celle qui a revêtu un caractère violent, l’émergence d’une instance qui catalyse toutes les passions et toutes les requêtes d’où qu’elles viennent, était devenue une nécessité.
Il était plus qu’urgent de créer un organe avec une fonction ,dans le tissu politique qui puisse faire le relais entre l’après 14 janvier et les premières consultations de l’ensemble des citoyens par le moyen du bulletin de vote le 24 juillet prochain . Pour ce faire, il faut une instance indépendante qui regroupe à la fois un échantillonnage de la population tunisienne, avec la condition que ce dit échantillonnage soit « représentatif » et non représentant de la masse de la population. Il est attendu que les membres soient aptes à considérer la mission qui leur revient, à la hauteur de la volonté réelle de changement que le pays a exprimé avec une force telle, au point que le monde entier l’a entendue .
Ce conseil a une mission. Suivant l’article 2 du même décret .Sa traduction de l’arabe sans dénaturer le sens, j’espère, donne ceci : «Le conseil s’engage à étudier les textes législatifs qui ont un lien avec l’organisation politique en proposant les améliorations appropriées capables de contenir les buts de la révolution , particulièrement le chemin démocratique et il soumet des avis en concordance avec le premier ministre sur l’action gouvernementale.»
En outre, n’est pas invité qui veut pour participer aux travaux de ce Conseil, ni au titre d’intervenant extérieur ayant des choses à dire, à faire part ou à proposer,ni même au titre de simple spectateur. Pourtant nombreux parmi la population ,sont ceux qui auraient souhaité écouter les débats et apprécier les diverses interventions. Certains auraient été prêts à se constituer en public sérieux, s’engageant par écrit si nécessaire, promettant de ne rien faire qui pourrait perturber les séances et écouter sagement les interventions, voire même s’il le faut s’interdire de tousser ou de respirer pendant les travaux du Conseil. N’est –il pas beau d’admirer nos éminentes personnalités, se pencher sur le grand chantier qui concerne l’avenir politique de la Tunisie? Ce n’est pas un spectacle public,je l’accorde bien volontiers, toutefois il est incompréhensible que les séances de ce Conseil soient tenues secrètes alors que le but de la manœuvre est justement d’en finir avec les anciennes pratiques des cellules et des officines qui se cloisonnent et qui pondent des travaux finis et des communiqués et qu’on voit par la suite freiner des pieds et des mains lorsqu’on leur demande de revoir la copie S’ils ne veulent pas être offensés à la sortie, ils n’ont qu’à ouvrir les portes! Réalisent-ils un instant qu’il est ridicule de réfléchir sur la nécessité de mettre en place des règles démocratiques alors qu’ils se drapent avec des conventions et des usages d’un ancien temps?
Que le public se rassure! Il n’est pas le seul à être exclu. La presse aussi est une indésirable dans cette affaire privée. Elle ne doit pas être de la fête et elle n’a pas le droit d’y mettre les pieds.
Il a tout à fait raison M. Ghazi Ghrari, le porte parole de cette instance lorsqu’il a rappelé qu’à part les membres du Conseil, toute personne est interdite d’y entrer. C’est mentionné dans l’article 7 du même décret .
Alors qui a le droit d’être présent à ce Conseil ?
Seuls les noms des personnes qui figurent sur cette liste (1)
Il faut reconnaitre malgré tout, que la tâche n’est pas facile, car ce n‘est pas un Conseil qui va réaliser les objectifs de la révolution. Ces derniers sont l’affaire de tous de tout un chacun, avec tout le respect pour les éminents membres et futurs membres de ce Conseil. Celui qui attend que le Conseil induise des changements pour pouvoir agir en conformité avec des supposés objectifs de la révolution, il ne faut pas le réveiller. Qu’il attende! La vie politique n’est pas restée suspendue à l’existence de la commission et ses travaux. La preuve, les nouveaux partis politiques n’ont pas attendu les règles du Conseil pour déposer leurs demandes d’inscription auprès du ministère de l’Intérieur. De même, le Forum de la Citoyenneté qui a lieu tous les samedi à Hammamet, où des âmes volontaires ont pris l’initiative se rencontrent pour réfléchir sur l’organisation politique et sociale entre citoyens, avec en prime des portes ouvertes à tous, sans en exclure aucun. Les organisateurs de ce forum civique n’ont pas attendu le feu vert d’un Conseil pour exprimer leur volonté et désir de changer .
Cependant, il est encore tôt, si ce n’est pas tout simplement aberrant, de parler d’objectifs de la révolution alors que nous sommes encore au stade des anciens rouages et autres mécanismes dont sont victimes en premier lieu les partis politiques, qui sont actuellement l’objet d’attention de la majorité des citoyens ,et que ces mêmes partis étaient dans leur majorité encore en sommeil, il y a trois mois ,même s’ils s’estimaient faire partie de l’opposition . Il y a un travail à faire dans les partis un travail d’adaptation à la situation nouvelle de la Tunisie qui les attend .
Un travail sur la qualité de la relation entre les citoyens et le partis politiques, que même si dans un mois il y aurait 100 partis politiques, cela n’efface pas le vide flagrant, qu’est le manque d’une véritable culture politique en Tunisie et que le citoyen tunisien a droit d’exiger par la qualité de l’offre et certainement pas par la quantité ni par les slogans vides et creux.
C’est toute la culture politique héritée depuis un demi siècle qui ne cessera pas de nous revenir à la figure à chaque occasion où on tentera de la repousser.
Ceci pour dire que la révolution ne s’est pas arrêtée pour lui coller des objectifs. Qu’elle n’est pas une structure physique ni une entité dans l’espace temps soumise à une une date butoir.
La révolution est un mouvement politique. Elle est souvent initiée par un groupe humain qui tend à modifier radicalement les structures existantes dans un État en s’attaquant à l’autorité en place par la redistribution des rôles et des pouvoirs. La révolution ne se décrète pas et aucun Conseil si puissant qu’il puisse l’être ne peut résumer les aspirations populaires.
On peut longtemps s’éterniser à débattre sur le pourquoi untel fait partie du Conseil est pourquoi pas l’autre? On peut également se demander si le fondement sur lequel, tel a eu droit a une invitation n’est pas un fondement partisan ou partial ?
Inviter tel au motif qu’il s’est conduit courageusement pendant les manifestations ou inviter l’autre parce qu’il pourrait représente une frange de la société, qui certainement,la révolution représente pour lui une promesse de changement radical dans sa vie économique et sociale qui doit nécessairement s’améliorer? Quoique le Conseil choisisse ou fasse, il laissera des mécontents. Sa décision ne peut qu’être tenue pour arbitraire. S’il est concevable qu’on ne peut pas véritablement ériger des critères objectifs de représentation, à part ceux propres à un système électif, en revanche il est inconcevable que le travaux du Conseil puissent se dérouler dans le secret. Que le décret ait signifié que les travaux du Conseil soient tenus en secret c’est une chose mais que les membres de ce même Conseil n’y trouvent rien à redire sur ce point voire qu’un de ses membres revendique cette entorse à un des principes fondamentaux de la démocratie qu’est la transparence, est inquiétant.
(1) Les membres du Conseil
Le Président du Conseil : Yadh Ben Achour
Le porte parole du Conseil : M. Ghazi Ghrari
Les Représentants des partis politiques :
1 – Mouvement des démocrates socialistes (MDS): Ahmed Khaskhoussi
2 – Mouvement Ettajdid: Samir Taieb
3 – Parti démocratique progressiste (PDP): Mongi Ellouz
4 – Front démocratique pour le travail et les libertés (FDTL): Mouldi Riahi
5 – Mouvement Ennahdha: Noureddine B’hiri
6 – Parti socialiste de gauche: Bechir Laabidi
7 – Parti du travail patriotique et démocratique de Tunisie (PTPD): Mohamed Jmour
8 – Parti Tunisie la verte: Abdelkader Zitouni
9 – Parti de la réforme et du développement: Mohamed Goumani
10 – Mouvement des patriotes démocrates: Chokri Belaïd
11 – Mouvement des unionistes libres: Béchir Bejaoui
12 – Congrès pour la République: Samir Ben Amor
Les Représentants des instances, organisations, associations et composantes de la société civile :
1 – Union générale tunisienne du travail (UGTT): Moncef Yaakoubi et Ridha Bouzriba
2 – Ordre national des avocats: Saïda Akremi
3 – Association des magistrats tunisiens: Ahmed Rahmouni
4 – Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme (LTDH): Mokhtar Trifi
5 – Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD): Sana Ben Achour
6 – Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement (AFTURD): Radhia Belhaj Zekri
7 – Ordre national des médecin: Mohamed Néjib Chaabouni
8 – Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT): Amor Mestiri
9 – Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (AISPP): Samir Dilou
10 – Association Liberté et Justice: Mohamed Nouri
11 – Syndicat national des journalistes tunisiens: Nejiba Hamrouni
12 – Syndicat national des médecins spécialistes de libre pratique: Faouzi Charfi
13 – Mouvement de modernisation de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat: Kaïs Sallami
14 – Les organisations d’émigrés: Kamel Jendoubi et Mohamed Lakhdhar Lala
15 – Association tunisienne des chambres de notaires: Imed Amira
Les personnalités nationales:
1 Mustapha Filali
2/ Ayachi Hammami
3/ Jalila Baccar
4/ Anouar Ben Gaddour
5/ Mohamed Bousairi Bouebdelli
6/ Farhat Gammarti
7/ Mounir Graja
8/ Mongi Ben Othmane
9/ Mohamed Sghaier ouled Ahmed
10/ Ibrahim Bouderbala
11/ Abdelaziz Mzoughi
12/ Abdessatar Ben Moussa
13/ Abdeljalil Bouraoui
14/ Moncef Ouanes
15/ Abdelhamid El Arguech
16/ Sofiane Belhaj Mohamed
17/ Hedia Jrad
18/ Ali Mahjoubi
19/ Mokhtar Yahyaoui
20/ Abdelmajid Charfi
21/ Mahmoud Dhaouadi
22/ Mohamed Bouzghiba
23/ Sami Jerbi
24/ Noura Borsali
25/ Dorra Mahfoudh
26/ Khadija Cherif
27/ Zeineb Farhat
28/ Lazhar Akremi
29/ Hela Abdeljawad
30/ Mohsen Marzouk
31/ Latifa Lakhdar
32/ Houcine Dimassi
33/ Mongi Miled
34/ Adnane Hajji
35/ Samir Rabhi
36/ Samia Bekri
37/ Alia Cherif
38/ Ahlem Belhaj
39/ Kalthoum Kannou
40/ Gilbert Naccache
41/ Mustapha Tlili
42/ Sophie Bessis
Analyse des principales dispositions du projet du décret-loi relatif à l’élection de la future Assemblée Nationale Constituante tunisienne, tel que rédigé par les membres des experts de la Commission de l’ISROR de Yadh BEN ACHOUR.
Auteur de l’article : Mounir BEN AICHA
INTRODUCTION.
L’ancien régime politique du dictateur déchu BEN ALI qui a gouverné la Tunisie durant plus de 23 ans était connu comme étant un régime policier réduisant les libertés publiques, censurant la presse, emprisonnant et torturants ses opposants politiques, luttant sans limite à l’encontre de l’islamisme, se servant de la libération de la femme comme étant un outil pour justifer sa dictature marquée par la lutte contre l’intégrisme.
La lutte contre l’islamisme et l’exploitation politique du thème de la défense de la femme étaient deux facteurs majeurs qui ont caractérisé le régime du dictateur BEN ALI.
Aujourd’hui, ces mêmes thèmes reviennent sur la scène politique tunisienne où on n’arrête pas de parler de la laïcité et de la menace de l’islamisme. Or ces thèmes vont de l’extrême à l’extrême et pour la Tunisie, il est recommandé de conduire désormais une politique modérée, ni extrémiste islamique, ni laïque intégriste, ni féministe excessive…
Comme on le soutient, l’excès en tout est un défaut et la vertu est toujours au milieu. Si la Tunisie est musulmane, il n’est pas conseillé qu’elle dérive sur l’islamisme et il n’est pas conseillé de brandir la menace de l’islamisme pour justifier la répression du peuple tunisien. En ce qui concerne les droits de la femme, il est recommandé l’égalité des droits entre la femme et l’homme en Tunisie mais d’une manière équilibrée pour qu’il n’y ait pas ni féminisme revanchard à l’égard de l’homme, ni autoritarisme masculin à l’égard de la femme car tout déséquilibre aurait ses répercussions négatives sur la société tunisienne .
Malheureusement, les mêmes acteurs du régime de BEN ALI continuent aujourd’hui à brandir la menace de l’islamisme, à revendiquer un féminisme excessif, à revendiquer une laïcité excessive sous couvert des droits de l’Homme, etc…
Ce qui est grave, c’est que ces acteurs sont soutenus par le Président actuel par intérim Fouad M’BAZZAA qui est un ancien apparatchik du R.C.D., et par Mohamed GHANNOUCHI, son Premier Ministre démissionnaire qui est aussi un ancien R.C.D. notoire, ainsi que par Béji Caîd-Essebsi, l’actuel Premier Ministre.
L’ensemble de ce soutient avait donné naissance le 17 janvier 2011 à la création d’une Commission Nationale sur la Réforme présidée par Yadh BEN ACHOUR qui était chargée délaborer des réformes politiques en réponse à la révolution tunisienne du 14 janvier. Les consignes qui ont été données à Yadh BEN ACHOUR étaient de tenter de récupérer la révolution tunisienne en introduisant au sein de la Commission sur la Réforme politique le maximum d’acteurs politiques favorables au retour de l’ancienne politique du régime de BEN ALI à savoir des acteurs prônant une laïcité excessive, une lutte contre l’intégrisme islamique en brandissant toujours la menace de l’islamisme, un féminisme excessif allant vers un déséquilibre des droits entre l’homme et la femme, une censure progressive de la presse, l’affermissement de l’autorité de l’Etat, etc…
Aujourd’hui, ces acteurs politiques chargés d’entreprendre la réforme politique pour l’avenir de la Tunisie sont présents au sein de la Commission Nationale sur la Réforme présidée par Yadh BEN ACHOUR qui a changé de nom pour s’appeler désormais l’Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique ( I.S.R.O.R.).
Ces acteurs politiques qui tentent malheureusement de récupérer la révolution tunisienne du 14 janvier et la détourner de ses objectifs se retrouvent dans la Commission des Experts de l’ISROR présidée par Yadh BEN ACHOUR. Ces experts de l’ISROR sont en réalité des enseignants universitaires de droit public dans les Universités de Tunis qui dans le passé ont été des partisans de BEN ALI et son parti politique le R.C.D . Ce sont ce mêmes enseignants de droit public membres de la Commission des experts de l’ISROR qui ont élaboré tout l’arsenal juridique qui a permis à BEN ALI d’asseoir sa dictature durant plus de 23 ans, notamment les révision de la constitution tunisienne de 2002 qui a permis au dictateur de se présenter aux élections sans limite de mandat.
Ce sont ces mêmes enseignants de droit public à savoir Farhat HORCHANI, Slim LAGHMANI, Rafaa BEN ACHOUR,etc, qui aujourd’hui ont déjà élaboré le décret-loi qui va organiser l’élection des membres de la future Assemblée Nationale Constituante qui serait chargée détablir une nouvelle Constitution tunisienne. Mais l’avenir politique de la Tunisie dépendrait en grande partie de sa future Constitution. De même, la rédaction de cette nouvelle Constitution tunisienne dépendrait à son tour des futurs candidats qui seraient chargés de la rédiger.
L’analyse du décret-loi qui a été élaboré par la Commission des Experts de l’ISROR relatif à l’élection de la future Assemblée Nationale Constituante , analyse qui va être entreprise dans la présente étude laisse apparaître néanmoins que les futurs candidats de cette Assemblée Constituante seraient favorables à la continuité de la politique de BEN ALI, notamment en brandissant la menace de l’islamise sous couvert des droits de l’homme, en revendiquant une laïcité excessive à travers un féminisme exagéré, tout en ouvrant l’économie tunisienne à un libéralisme et une privatisation aux profits des multinationales, renforcée par une surveillance policière à l’égard du peuple tunisien.
En effet, c’est vers la moitié du mois de mars 2011, et à la hâte, que la Commission des Experts de l’I.S.R.O.R. présidée par Yadh BEN ACHOUR avait déjà achevé l’élaboration de deux projets de textes à savoir :
1- le projet du décret-loi sur la loi électorale se rapportant à l’élection de l’assemblée nationale constituante prévue le 24 juillet 2011,
2- le projet du décret-loi sur la création d’une instance supérieure indépendante pour les élections.
Ces deux projets de textes ont été soumis pour examen et approbation aux membres du Conseil de l’I.S.R.O.R. le samedi 26 mars 2011 et le mardi 29 mars 2011. Les membres du Conseil de l’ISROR sont contraints de se prononcer sur ces deux projets de textes rapidement et dans les plus brefs délais car, dit-on, ces ceux projets de textes doivent être soumis début avril 2011 au Conseil des Ministres présidé par le Président par intérim Fouad M’BAZZAA en vue de leurs ratifications sous forme de deux décrets-lois.
Les auteurs et rédacteurs de ces 2 projets de textes concernant l’élection de la future Assemblée Nationale Constituante sont bel et bien les experts de la Commission de l’ISROR., en particulier la Sous-commission des élections dirigée par Farhat HORCHANI. D’autres membres de la Commission des Experts de l’ISROR ont participé à l’élaboration de ce deux projets de textes concernant l’élection de l’Assemblée Nationale Constituante à savoir Slim LAGHMANI, Rafaa BEN ACHOUR, Yadh BEN Achour.
Sana BEN ACHOUR qui n’est pas membre de la Commission des experts a imposé ses idées dans ces deux projets de textes de la future Assemblée Nationale Constituante.
Le projet du décret-loi relatif à la création d’une instance supérieure indépendante pour les élections prévoit la mise en oeuvre des opérations des élections dans l’ensemble du territoire tunisien par des agents régionaux qui appartiennent à cette instance chargée de cette mise en oeuvre des élections conformément au projet du décret-loi de la loi électorale se rapportant à l’élection de l’assemblée nationale constituante prévue le 24 juillet 2011.
C’est en particulier le texte du projet de loi se rapportant à l’élection de l’Assemblée Nationale Constituante qui contient les plus importantes dispositions conditionnant la future composition de cette Assemblée Constituante ainsi que sa future orientation politique. Il est à craindre que ces dispositions ne font apparaître des candidats composant la future Assemblée Constituante qui seraient favorables au détournement de la révolution tunisienne de ses objectifs.
Dans la présente étude, il convient par conséquent de relever :
I- les principales dispositions contenues dans le projet de loi se rapportant à l’élection de l’Assemblée Nationale Constituante qui sont susceptibles d’influer sur la future orientation politique de cette Assemblée
II- la future orientation politique des membres de l’Assemblée Nationale Constituante
I- les principales dispositions contenues dans le projet du décret-loi relatif à l’élection de l’Assemblée Nationale Constituante qui sont susceptibles d’influer sur la future orientation politique de cette Assemblée
D’abord, quelques remarques préliminaires s’imposent sur le projet du texte relatif à l’élection de la future Assemblée Nationale Constituante :
1- la première remarque est que selon l’article 14 du projet du texte de la loi électorale, les candidatures sont ouvertes aux candidats pouvant avoir un parent de nationalité étrangère. Il suffit que le candidat soit âgé de 23 ans et de nationalité tunisienne et il suffit également que l’un de ses parents ait la nationalité tunisienne sans exiger que la mère et le père du candidat soient les deux de nationalité tunisienne. Ce qui est une nouveauté dans l’histoire électorale tunisienne qui a toujours exigé que le candidat soit de nationalité tunisienne, et de mère et de père de nationalité tunisienne également.
2- La deuxième remarque est que le projet du texte de la loi électorale ne précise pas si seuls les partis politiques ont le droit de présenter des listes de candidats ou si les listes peuvent contenir des candidats indépendants. En tout cas, on peut comprendre dans le manque de précision, que les candidats indépendants ainsi que les partis politiques peuvent former des listes de candidatures. Seul l’article 25 du projet du texte de la loi électorale organisant la future Assemblée Nationale Constituante fait référence aux partis politiques en interdisant pour chaque parti politique
d’avoir dans chaque circonscription électorale l’existence de plusieurs listes électorales sans toutefois préciser le nombre de listes permises pour chaque parti politique au sein de chaque circonscription..
3- la troisième remarque est que selon l’article 25 du projet du décret-loi relatif à l’élection de l’Assemblée Nationale Constituante, le nombre de candidats inscrits dans chaque liste par circonscription électorale doit être égal au nombre de sièges prévus pour cette circonscription sans toutefois préciser une condition de domicile des candidats dans la circonscription électorale au sein de laquelle ils comptent présenter leurs candidatures.
Ce qui facilite la tâche des partis politiques d’approvisionner en candidats l’ensemble du territoire tunisien.
4- La cinquième remarque est que selon l’article 26 dudit projet de texte, chaque candidat ne peut présenter qu’une seule fois sa candidature au sein d’une liste et ne peut se présenter qu’une seule fois au sein d’une seule circonscription en lui interdisant par conséquent de s’inscrire dans d’autres circonscriptions une fois il est déjà inscrit sur une liste électorale.
Cette limitation constitue un frein pour les partis politiques et aussi pour les candidats désireux de rafler le maximum de sièges.
En ce qui concerne les principales dispositions qui conditionnent la future élection de l’Assemblée Nationale Constituante tunisienne, ces dispositions font apparaître que cette élection dépend principalement de trois conditions énoncées par le projet de texte du décret-loi relatif à l’élection de la future Assemblée Nationale Constituante à savoir :
– les candidats ne peuvent se présenter que s’ils obtiennent finalement l’agrément délivré par les agents régionaux appartenant à l’instance supérieure pour la surveillance des élections
– le mode de scrutin
– la parité des candidats à l’Assemblée Nationale Constituante exigeant un effectif : 50 % parmi les Femmes et 50 % parmi les Hommes.
A- Sur la condition exigeant d’avoir l’agrément pour pouvoir présenter sa candidature.
Cette condition est prévue par l’article 24 du projet de loi relatif à l’élection de l’Assemblée nationale constituante qui dispose que :
» la liste des candidats se fait communiquée à » l’Instance régionale spécifique pour les élections « , rédigée en deux exemplaires sur papier ordinaire et ceci 45 jours avant le début des opérations électorales. Un exemplaire serait conservé auprès de l’Instance régionale des élections après avoir délivré obligatoirement au candidat un reçu provisoire. Il serait délivré au candidat un reçu définitif durant les 4 jours postérieurs à la date de sa déclaration de sa candidature à condition que la liste des candidatures soit conforme aux règlements exigés par le présent décret-loi ».
A la lecture de cet article, il apparaît que les candidatures ne sont pas aussi libres comme on peut le penser. En effet, les conditions demandées aux candidats sont nombreuses et beaucoup de candidats verront leur liste de candidature se faire refuser par les agents régionaux de « l’instance régionales des élections ».
Cet artcle 24 permet aux agents régionaux chargés des élections de refuser la liste des candidats dès lors qu’une seule candidature est déclarée par l’instance des élections comme étant non conforme.
Les candidats de la liste qui a été refusée par l’instance des élections peuvent en vertu de l’article 28 du projet de la loi électorale relative à l’Assemblée Constituante faire recours contre la décision de l’instance refusant l’inscription de leur liste et ceci devant le Tribunal de Grand Instance qui est territorialement compétent qui doit rendre sa décision dans les cinq jours du dépôt du recours. Un pourvoi en appel peut être interjeté à l’encontre du jugement du Tribunal de Grande instance dans les 48 heures de la date du prononcé du jugement devant l’instance judicaire supérieure relevant de l’instance des élections » chargée du contentieux électoral. La décision de celle-ci serait rendue en dernier ressort.
Selon cet article 28, le dernier mot pour accepter ou refuser une liste de candidature revient à l’instance supérieure indépendante chargée des élections.
Toutes ces procédures judiciaires vont dissuader beaucoup de candidats d’ester en justice pour confirmer leurs inscriptions en cas de refus de leurs listes.
C’est dire combien est le pouvoir discrétionnaire aussi bien des agents régionaux que des agents centraux de l’Instance supérieure indépendante chargée des élections pour accepter ou refuser les candidatures….
Que faire si on reçoit pas l’agrément ? Il est à prévoir une grande sélection des candidatures par les agents régionaux de l’instance supérieure indépendante chargée des élections de l’Assemblée Nationale Constituante.
B- sur le mode de scrutin
Le projet de la loi électorale relative à l’élection de la future Assemblée Nationale Constituante a prévu deux possibilités :
– soit le mode de scrutin majoritaire uninominal à deux tours,
– soit le scrutin proportionnel de listes
Ce sont les membres du Conseil de l’ISPROR qui vont se prononcer sur le choix entre ces deux modes de scrutin.
Comme ce sont des élections qui concernent l’Assemblée Nationale Constituante, le mode de scrutin diffère du mode de scrutin réservé aux élections présidentielles. Dans l’élection d’une Assemblée Nationale Constituante , il s’agit de faire apparaître des candidats qui vont composer cette assemblée et qui seraient élus à travers des circonscriptions électorales constituées dans l’ensemble du territoire tunisien en fonction d’un certain nombre bien déterminé d’habitants se répétant à l’identique dans chaque circonscription.
Dans le scrutin uninominal majoritaire à deux tours comme cela est prévu dans le projet du texte, il s’agit de relever dans chaque circonscription électorale, le candidat qui a reçu le plus de voix à la majorité absolue dès le premier tour sinon à la majorité simple au second tour qui serait organisé seulement entre le premier et le deuxième candidat ayant reçu le plus de voix. Un seul candidat serait désigné vainqueur dans chaque circonscription électorale. L’ensemble des candidats vainqueurs dans la totalité des circonscriptions électorales du territoire tunisien formeront les membres de la future Assemblée Nationale Constituante. Dans ce mode de scrutin, l’effectif de l’Assemblée dépend du nombre des circonscriptions électorales à prévoir sur le territoire tunisien.
En revanche, pour le mode de scrutin proportionnel de listes, il s’agit d’abord de fixer à l’avance les sièges à pourvoir pour la future Assemblée Nationale Constituante et de distribuer ces sièges aux listes, proportionnellement aux voix qu’elles ont obtenues dans les circonscriptions électorales. Les listes ayant reçu le plus de voix auront le plus de sièges à l’Assemblée Nationale Constituante.
Le mode de scrutin majoritaire uninominal à deux tours favoriserait l’émergence de candidats reflétant les diverses sensibilités des régions de la Tunisie bien qu’il jouerait en faveur des grands partis politiques.
Tandis que le scrutin proportionnel de listes favoriserait l’émergence de candidats reflétant les alliances des partis politiques mais il a l’avantage de garantir la présence des petits partis politiques au sein de l’Assemblée Nationale Constituante.
Ce qui conviendrait le mieux pour la Tunisie c’est d’opter pour le scrutin majoritaire uninominal à deux tours.
Toutefois, des difficultés subsisteraient dans la mise en oeuvre du scrutin majoritaire à deux tours qui peuvent provenir :
a- du choix du scrutin qui dépend du choix des membres du Conseil de l’ISROR qui n’auront pas assez de temps pour examiner et modifier le projet de loi organisant l’élection de la future Assemblée Nationale Constituante.
b- de la subdivision équitable du territoire tunisien en circonscriptions électorales
c-de la condition exigée par le projet de la loi électorale de prévoir autant de candidats-Hommes, comme autant de
candidats-Femmes par liste au sein de chaque circonscription électorale.
C- sur la condition exigée par la loi électorale d’avoir pour chaque liste électorale et dans chaque circonscription électorale autant de candidats-Hommes comme autant de candidats-Femmes .
Cette condition d’avoir autant de candidatures-Hommes, autant de candidatures-Femmes pour chaque liste électorale et pour chaque circonscription électorale a été imposée par les Associations féministes, notamment l’Association des Femmes Tunisiennes Démocrates présidée par Sana BEN ACHOUR. Cette condition de parité 50%-Femmes et 50%-Hommes a été bien accueillie par les Experts de la Commission de l’ISROR qui l’ont prévue dans leur rédaction du projet de la loi électorale organisant la future Assemblée Nationale Constituante.
Il est à rappeler que Sana BEN ACHOUR est enseignante universitaire de Droit Public au sein de l’Université du 7 novembre de Carthage à Tunis et que les membres des experts de la Commission de l’ISROR qui ont rédigé le projet de la loi électorale relative à l’Assemblée Constituante sont aussi des collègues de Sana BEN ACHOUR, des enseignants de Droit Public qui enseignent dans les mêmes Universités de Tunis. Ils se connaissent depuis de longues dates. Ils ont les mêmes opinions politiques et rédigent des articles dans les mêmes revues, etc…
En réalité, aucune Assemblée Nationale Constituante à travers le monde entier n’avait imposé dans ses dispositions une condition électorale exigeant (50%-50%) autant de candidatures-hommes comme autant de candidatures-Femmes. Est-ce que la Tunisie veut se présenter aux yeux du monde entier avec un zèle excessif de féminisme, comme plus royaliste que les rois ?
A ce sujet, c’est l’article 15 de ce projet de loi électorale relatif à la future Assemblée Nationale Constituante qui dispose :
« Les candidatures se font présenter en respectant le principe à égalité ,autant de candidature Homme, autant de candidature Femme de manière à classer les candidats sur des listes par roulement comportant une fois une candidature Femme, une fois une candidature Homme. A défaut de cette présentation, chaque liste doit comporter obligatoirement , en ce qui concerne les circonscriptions électorales prévoyant plus de deux sièges, au moins un siège serait prévu sur cette liste pour une femme. »
Comment cette parité moitié Femmes, moitié Hommes serait mise en oeuvre ?
D’abord ce sont les agents régionaux qui vont contrôler les candidatures inscrites dans les listes et ceci dans chaque circonscription électorale et vont refuser chaque liste qui ne comporte pas un effectif de candidates-Femme égalisant l’effectif des candidats-Hommes. Si la liste électorale ne comporte pas autant de Candidats-Femmes comme autant de Candidats-Hommes, les agents régionaux de l’instance chargés de la mise en oeuvre des élections vont refuser de donner le récépissé d’agrément à cette liste électorale.
A titre d’exemple, si dans une circonscription électorale il est prévu 4 sièges, chaque liste doit comporter 2 candidats hommes et 2 candidats femmes. S’il y a 8 candidats hommes dans cette circonscription électorale, ces 8 hommes doivent se répartir sur 4 listes comportant chacune 2 hommes et 2 femmes : ce qui est de nature à faire augmenter artificiellement le nombre de candidatures pour les porter à 16 candidats dans cette circonscription….
Le souci serait par conséquent de rechercher des femmes candidates pour chaque liste électorale. afin d’égaliser le nombre de candidats-hommes. Mais cette question ne pose pas de problèmes car ce sont les partis politiques qui vont s’en occuper
II- l’orientation politique de la future Assemblée Nationale Constituante.
Comme il est vu ci-dessus que les candidats aux élections de la future Assemblée Nationale Constituante devraient être à égalité entre hommes et femmes. Par conséquent l’élément féminin devient déterminant pour la réussite de chaque parti politique tunisien lors des élections.
Par conséquent, ce sont les partis politiques tunisiens qui disposent d’assez de candidates » femmes » qui serait le mieux placés pour gagner cette élection des membres de la future Assemblée Nationale Constituante. Ces partis politiques auront non seulement le maximum de Candidates-Femmes mais aussi, ils sont assurés d’avoir le maximum de Candidats-Hommes puisque l’électorat féminin votera pour le parti qui comporte le plus de femmes.
Actuellement, c’est le parti « ETTAJDID » de « Ahmed BRAHIM » qui compte le plus d’adhérents provenant des « Femmes ».
Pour quelle raison ?
La raison est que le parti politique du « Mouvement ETTAJDID » est très soutenu par l’ « Association des Femmes Tunisiennes Démocrates » présidée par Sana BEN ACHOUR .
En deuxième rang du classement, vient le parti politique de Néjib CHEBBI et de Maya JRIBI à savoir « Le Parti Démocrate Progessiste », le ( P.D.P) qui compte parmi ses adhérents un nombre important féminin.
Il ne faut pas oublier les nouveaux partis politiques récemment créées et légalisés comme le Wifak, le Watan, etc, qui soutiennent la politique de Fouad M’BAZZAA ainsi que l’ancienne politique du R.C.D et qui en ayant des adhérentes femmes sont prêts en appuyant les candidatures du parti « Ettajdid » et du parti le « P.D.P » lors de la prochaine élection de l’Assemblée Nationale Constituante.
Quant aux autres partis politiques tels que le « Congrès pour la République », la « Tunisie Verte », le « Parti ENNAHDHA », le « Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés » (FDTL), ces partis ne comportent pas d’assez d’adhérentes issues des Femmes. Leur réussite dépend de leurs coalitions politiques notamment à soutenir les candidats.
C’est cette coalition entre le mouvement « Ettajdid », le « P.D.P » et les autres petits partis politiques récemment crées et légalisés qui va déterminer la future orientation politique des membres de l’Assemblée Nationale Constituante.
Par conséquent, l’orientation politique de la majorité des membres composant la future Assemblée Nationale Constituante serait très laïcisante, féministe hostile à l’islamisme, ouverte au libéralisme. Bref, elle ne va pas trop différer de l’ancienne politique de BEN ALI. C’est cette orientation politique qui serait reflétée dans la rédaction de la nouvelle Constitution tunisienne.
Finalement, c’est le Le parti du « Mouvement ETTAJDID » qui inclut le plus d’adhésions provenant des femmes et c’est ce parti qui répond le plus au mouvement des féministes de Tunisie. Il convient donc d’examiner la situation du parti « ETTAJDID » et les mouvements féministes de Tunisie.
1- Le parti du « Mouvement ETTAJDID » inclut le plus d’adhésions provenant des femmes
Le parti « Ettajdid » d’Ahmed BRAHIM qui était l’ancien « Parti Communiste de Tunisie », a été légalisé durant le règne du dictateur BEN ALI le 14 septembre 1993. Cette légalisation est venue à la suite de la transformation du parti politique, « le Parti Communiste de Tunisie » lors de son Congrès du 22 et 23 avril 1993 , en « Mouvement Ettajdid », en abandonnant le communisme et en s’engageant à suivre une ligne de centre-gauche. Lors des élections législatives de 1994,le « Mouvement Ettajdid » avait obtenu 4 sièges à la Chambre des Députés.
Lors de son Congrès national du 30 juillet 2007, le « Mouvement Ettajdid » a décidé de s’ouvrir à des personnalités indépendantes parmi lesquelles il convient de citer l’économiste Mahmoud BEN Romdane et l’universitaire féministe Sana BEN ACHOUR.
Le Conseil Central du « Mouvement Ettajdid » comporterait désormais 20 membres issus du mouvement » Ettajdid » et 20 membres issus des personnalités indépendantes ainsi qu’un bureau politique formé de 12 membres.
L’ouverture du Mouvement Ettajdid à des courants politiques indépendantistes tels que le mouvement féministe de Sana BEN ACHOUR a été décidé pour contrer le courant islamiste ENNAHDHA à la suite de sa coalition le 18 Octobre 2005 avec le parti du FDTL et du PDP.
Comme la Présidente de l’Association des Femmes Tunisiennes Démocrates( ATFD) est membre du Conseil Central du Mouvement ETTAJDID, beaucoup de femmes membres de l’ATFD sont aussi adhérentes du parti ETTAJDID qui présente dans son programme politique la défense du programme politique de l’ATFD de Sana BEN ACHOUR.
Lors de la récente interdiction du parti le R.C.D. de l’ancien dictateur BEN ALI, un nombre important du R.C.D. ont rejoint le Mouvement ETTAJDID. De même, beaucoup d’intellectuels, notamment les enseignants universitaires sont adhérents au Mouvement ETTAJDID : ce qui est le cas presque des membres des Experts de la Commission de l’ISROR qui sont des enseignants universitaires de Droit Public comme Slim LAGHMANI, Farhat HORCHANI, Yadh BEN ACHOUR, son frère Rafaa BEN ACHOUR, etc…
2- Les mouvements féministes en Tunisie.
Les mouvements féministes en Tunisie s’exercent à travers des Associations comme :
– L’Union Nationale de la Femme Tunisienne (UNFT) créée depuis 1956
– L’Association des femmes Tunisiennes pour la Recherche et le Développement (AFTURD) légalisé en janvier 1989
– L’association des Femmes Tunisienne Démocrates, ( l’ATFD), présidée par Sana BEN ACHOUR, créée le 6 août 1989
– L’Organisation de la Femme Arabe (O.F.A.) présidée par Leila BEN ALI, l’épouse du Dictateur déchu BEN ALI, depuis le 1er Mars 2009 pour une période de deux ans.
D’autres Commissions féministes exercent leurs activités comme la commission femmes de l’UGTT, (Union Générale des Travailleurs Tunisiens) le collectif Maghreb Égalité ainsi que la commission femme de la LTDH. (Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme).
Les divers mouvements féministes en Tunisie sont homogènes dans leur cause politique, et ont été instrumentalisés par le pouvoir sous le règne du dictateur BEN ALI aboutissant à un féminisme d’Etat.
D’autre part, les revendications actuelles des mouvements féministes tunisiennes semblent être inadaptées à la réalité sociale du peuple tunisien qui a trop souffert durant le règne de BEN ALI des conséquences du féminisme d’Etat.
a- Les mouvements féministes en Tunisie sont homogènes et instrumentalisés par le pouvoir
Le problème pour les mouvements féministes en Tunisie est qu’il n’existe pas une diversité des tendances politiques caractérisant ces mouvements féministes. La femme tunisienne est comme l’homme tunisien a le droit d’exprimer ses diverses sensibilités politiques. La femme tunisienne a le droit de revendiquer ses sensibilités politiques religieuses islamiques ou marxistes, ou trotskystes, ou libérales, laïques ou non laïques, centristes ou gauchistes, nationalistes arabes ou non nationalistes arabes.
Malheureusement, la femme tunisienne a été toujours récupérée par ces quelques mouvements féministes qui sont homogènes dans leurs tendances politiques, à savoir la lutte contre l’islamisme tout en prônant pour une laïcité excessive hostile à l’islam.
C’est pour cela que désormais et dans l’intérêt des femmes tunisiennes, il serait indispensable de créer dans l’avenir en Tunisie de nouveaux mouvements féministes qui seraient divers dans leurs causes politiques en prévoyant l’émergence à titre d’exemple de mouvements des femmes tunisiennes démocrates musulmanes, ou des femmes tunisiennes socialistes, ou des femmes tunisiennes unionistes arabes, ou des femmes tunisiennes communistes, ou des femmes tunisiennes libérales, ou centristes, etc…
Cette diversité dans la cause politique des femmes serait nécessaire dans l’avenir pou éviter que la femme tunisienne ne soit instrumentalisée par le pouvoir politique.
L’U.N.F.T. a été très affiliée au régime de BEN ALI depuis sa prise de pouvoir jusqu’à sa chute le 14 janvier 2011.
Les autres Associations féministes se disent autonomes du pouvoir mais en réalité, il existe une grande solidarité entre les diverses associations féministes tunisiennes qu’elles soient affiliées ou non affiliées au pouvoir.
Durant les 23 ans de pouvoir du dictateur BEN ALI, le régime de BEN ALI a axée sa politique dans l’instrumentalisation de la femme tunisienne pour d’un côté s’opposer aux mouvements religieux en Tunisie, notamment ENNAHDHA, et d’un autre côté donner à la Tunisie, sur le plan international une image d’un État moderne, laïque, défendant la libération de la Femme ainsi que les droits de l’homme. Beaucoup de réalisations ont été faites sous le régime de BEN AILI concernant les droits de la femme, notamment en ce qui concerne le Code du statut personnel ( mariage, divorce, pensions alimentaires, autorité parentale, etc…). La parité des femmes dans l’emploi a gagné presque tous les ministères, la Chambre des députés, la chambre des Conseillers, la Cour des Comptes, le Conseil Économique et Social, le Conseil Constitutionnel, le corps enseignant des écoles primaires, des lycées, des Universités, le corps de la police et de la gendarmerie, les huissiers de justice, les avocates, et les juges, etc..
Beaucoup de Magistrates appartenaient à des mouvements féministes mais malheureusement elles ont plaidé pour fait et cause pour BEN ALI et son régime à l’exemple de la Magistrate tunisienne féministe nommée Samia DOULA. Depuis sa désignation en 1990 comme Magistrate, Samia DOULA a grimpé rapidement les échelons en récompense à sa fidélité au régime de BEN ALI, et en récompense d’avoir accepté d’exécuter les ordres et recommandations du parti du R.C.D lui demandant de rendre une justice réprimant les citoyens tunisiens jugés opposants au régime de BEN ALI , selon les consignes qui lui sont édictées par le pouvoir.
Le 16 septembre 2007, cette Magistrate nommée Samia DOULA a été promue : Chef de groupe de travail au Centre d’études juridiques et judiciaire (CEJJ), Chef de cellule audit centre qui est rattaché au Ministère de la Justice de Tunisie.
En février 2008, l’Organisation de la Femme Arabe présidée par Leila BEN ALI, a choisi l’enquête élaborée par cette féministe bénaliste Samia Doula, sur « les programmes, projets et activités destinés à la promotion dans l’empowerment en Tunisie » comme modèle et qui sera appliquée lors de la préparation des études d’avenir.
En représentant le Ministère de la justice de Tunisie, la Magistrate Samia DOULA a toujours défendu, y compris à la télévision, le régime de BEN ALI comme étant un régime Républicain, laïque et moderne, prônant la défense des droits de la femme.
Ceci n’est qu’un exemple parmi d’autres pour attester seulement que le pouvoir tunisien sous le régime de BEN ALI a fabriqué un féminisme d’Etat institutionnalisé à des fins politiciennes servant notamment la répression qui a été exercée sur le peuple tunisien, durant 23 ans, l’emprisonnement et la torture des milliers de citoyens tunisiens accusés d’intégrisme musulman, de fanatisme, d’obscurantisme et de terrorisme islamique, etc…
Durant le règne de BEN ALI, pendant que des milliers de tunisiens se trouvaient dans les prisons entrain de subir les pires des atrocités de la TORTURE parce que tout simplement ils portaient des barbes, ou affichaient des signes religieux, ou tout simplement parce qu’ils s’opposaient à la dictature de BEN ALI, pendant ce temps là, des milliers de féministes faisaient la fête en applaudissant les discours de Leila, l’épouse du dictateur BEN ALI.
C’est seulement après la chute de BEN ALI que ces féministes tunisiennes ont retourné leur veste, critiquant actuellement Leila BEN ALI comme étant une féministe de » pourriture « , etc…
Plus grave encore, l’actuel Président par intérim Fouad M’BAZZAA a toujours soutenu l’instrumentalisation de la femme tunisienne pour lutter contre l’intégrisme religieux musulman. En effet, durant le règne de BEN ALI, l’actuel Président par intérim, Fouad M’BAZZAA qui est toujours un R.C.D. notoire, n’arrêtait pas de vanter le mérite de BEN ALI en matière de droits de la femme tunisienne.
C’est ainsi que par exemple lors d’un séminaire sous-régional du réseau des femmes parlementaires se rapportant à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) ,organisé le 30 et 31 octobre 2006 à Tunis, Fouad M’BAZZAA l’actuel Président tunisien par intérim affirmait en prenant la parole ce qui suit :
» Mesdames et Messieurs,
La Tunisie est partie prenante de la CEDEF depuis le 12 juillet 1985. Elle a ratifié la plupart des conventions internationales et régionales et chartes relatives à la protection des droits de la personne humaine. En outre, la réforme progressive du cadre juridique tunisien a contribué à promouvoir l’égalité entre hommes et femmes.
Aussi voudrais-je saisir l’occasion de notre séminaire pour dire que la Tunisie a célébré le 50 ème anniversaire de la promulgation du code du statut personnel que le Président Zine El Abidine Ben Ali a élevé à un rang Constitutionnel, en affirmant que ce code ne représente plus un simple texte législatif régissant les affaires de la femme et la famille, mais est devenu l’une des composantes fondamentales du système républicain tunisien qui garantit l’égalité entre l’homme et la femme ».
Aujourd’hui, après la chute du dictateur BEN ALI, la femme tunisienne continue à être récupérée par le pouvoir à des fins politiciennes. N’est-ce pas c’est toujours un apparatchik notoire du R.C.D qui est actuellement au pouvoir à savoir Fouad M’BAZZAA, en tant que Président par intérim de la Tunisie qui essaie de récupérer à sa manière la cause de la femme tunisienne pour l’opposer à la cause de la révolution du 14 janvier…
C’est d’ailleurs dans ce contexte que dans la nouvelle composition gouvernementale tunisienne du 9 mars 2011, le nommé Rafaa BEN ACHOUR qui est le frère de Yadh BEN ACHOUR et de Sana BEN ACHOUR, Présidente de l’Association des Femmes Tunisiennes Démocrates, a été désigné Ministre délégué auprès du Premier Ministre Béji Caîd-Essebsi pour pouvoir cordonner son travail avec le travail de l’ISROR en essayant d’y introduire le maximum de féministes.
Il est à noter que Rafaa BEN ACHOUR devient un excellent acteur de coordination entre le gouvernement en tant que Ministre et entre l’ISROR puisqu’il a été nommé tardivement fin févier 2011 comme membre de la Commission des experts de l’ISROR.
Répondant aux consignes de Fouad M’BAZZAA qui est l’actuel Président par intérim, Yadh BEN ACHOUR en concertation avec son frère Raffaa BEN ACHOUR, le Ministre délégué auprès du Premier Ministre, a composé sa liste des membres du Conseil de l’ISROR en intégrant un grand nombre de féministes faisant partie de l’Association de sa soeur Sana BEN ACHOUR, à savoir l’A.F.T.D. où on trouve à titre d’exemple les féministes membres du Conseil de l’ISROR les membres suivantes :
» Hedia Jrad, Noura Borsali, Dorra Mahfoudh, Khadija Cherif, Zeineb Farhat, Hela Abdeljawad, Latifa Lakhdar, Samia Bekri, Alia Cherif, Ahlem Belhaj, Sophie Bessis (est plutôt membre de la FIDH), etc.. »
Lorsque les membres du Conseil de l’ISROR ont contesté lors de la 2ème et 3 ème réunion du l’ISROR la composition du Conseil de l’ISROR comme contenant trop de personnailtés nationales au détriment de la représentativité des partis politiques et des associations, Yadh BEN ACHOUR leur a répondu que c’est le Premier Ministre Béji Caïd-Essebsi qui est compétent pour modifier la liste des membres du Conseil. Mais, en réalité la liste des membres du Conseil de l’ISROR qui a été modifiée de nouveau fin mars 2011 a été faite par Yadh BEN ACHOUR en concertation avec le Premier Ministre Béji Caîd-Essebsi ainsi que son conseiller le Ministre Rafaa BEN ACHOUR et même avec d’autres membres de la Commission des experts de l’ISROR pour ne pas aussi exclure sa soeur Sana BEN ACHOUR qui n’est pas membre de la commission de l’ISROR mais qui est présidente de l’ »Association des Femmes Tunisiennes Démocrates ».
La nouvelle liste a augmenté le nombre des membres de l’ISROR les faisant passer de 71 à 145 membres environ mais en même temps a augmenté le nombre des personnalités nationales provenant de la L.T.D.H. et de l’A.F.T.D de Sana BEN ACHOUR. Ce qui en réalité ne change pas grande chose au rapport de force au sein des membres du Conseil de l’ISROR qui est toujours en faveur de la Commission des experts lors des opérations du vote au sein du Conseil de l’ISROR.
Actuellement, l’ »Association des Femmes Tunisienns Démocrates » (A.T.F.D) présidée par Sana BEN ACHOUR se trouve en position de force sur l’échiquier politique tunisien.
En effet, après la fuite du dictateur BEN ALI, beaucoup de féministes ont quitté l’UNFT qui était affiliée à BEN ALI pour rejoindre l’AFTD de Sana BEN ACHOUR.
A son tour, les adhérentes féministes de l’AFTD sont dans leur majorité adhérentes au parti politique tunisien le « Mouvement ETTAJDID » présidé par Ahmed BRAHIM car Sana BEN ACHOUR est membre du Comité Central de ce parti politque » le Mouvement ETTAJDI « .
Parmi les mouvements féministes, l’ « Association des Femmes Tunisienns Démocrates »(AFTD) présidée par Sana BEN ACHOUR se trouve la plus proche du pouvoir actuel.
L’AFTD de Sana BEN ACHOUR est une Association affilliée à la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) dont le siège est à Paris. La FIDH de France est présidée par une tunisienne nommée Souhayr Belhassen et comporte deux secrétaires générales ayant la double nationalité tunisienne et française à savoir : Khedija CHERIF et Sophie BESSIS qui sont membres de la FIDH de France et qui ont en outre été désignées par Yadh BEN ACHOUR comme membres de sa commission l’ISROR.
D’ailleurs deux autres associations tunisiennes sont affiliées à la FIDH de France : il s’agit de la C.N.L.T. de Sihème Ben SEDRINE et de la « Ligue Tunsienne des Droits de L’Homme » (LTDH) présidée actuellement par Moktar TRIFI.
Yadh BEN ACHOUR avait désigné beacoup de personnalités tunisiennes comme membres de sa commission l’ISROR qui sont originaires de la LTDH, de la FIDH, et surtout de l’ »Association des Femmes Tunisienns Démocrates »(AFTD) de Sana BEN ACHOUR.
Voici une liste de féministes ayant été membres du Comité directeur de l’A.F.T.D. présidée actuellement par Sana BEN ACHOUR :
1- Sana Ben Achour
2. Bochra Belhaj Hmida
3. Azza Ghanmi
4- Balkis Mechri
5- Noura Borsali
6- Essia Belhassen
7. Halima Jouini
8. Khédija Chérif
9- Ahlem Belhaj
10- Basma Khalfaoui
11-.Safia Farhat
12- Mongia Ben Hassine
13- Meriem Frikha
14- Monia El Abed
15- Najet Yacoubi
16- Halima Jouini
17- Hédia Jrad
18- Nadia Hakimi
19- Hafidha Chékir
20- Olfa Lamloum
21- Rabia Chebli
22- Saïda Aoun
23- Souad Triki
24- Nabila Hamza
25- Radhia Dridi
26- Leïla Hamrouni
27- Habiba Ben Romdhane
28. Dorra Mahfoudh
29-.Souad Rjeb
30- Saloua Guiga
31- Raoudha Gharbi
32- Héla Abdeljaoued
33- Amel Béjaoui
34- Mongia Hedfi
35- lhem Marzouki
36- Bakhta Jmour El Kadhi
Il est à remarquer que beaucoup de ces féministes de l’A.F.T.D. présidée par Sana BEN ACHOUR ont été désignées par Yadh BEN ACHOUR dans sa dernière liste comme membres de Conseil de l’ISROR qu’il préside.
Le programme politique des féministes de l’A.F.T.D. de Sana BEN ACHOUR milite pour la levée des réserves à la convention de Copenhague contre toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, mettre l’accent sur les lacunes du Code du Statut personnel et des réformes du 12 juillet 1993, dénononcer les privilèges de masculinité dans l’attribution du domicile conjugal en cas de divorce, revendiquer l’égalité en matière d’héritage, etc..
Toutes ces raisons attestent l’importance que va jouer la récupération du mouvement féministe de l’AFTD de Sana BEN ACHOUR dans la future composition de l’Assemblée Nationale Constituante. Bien que Sana BEN ACHOUR n’arrête pas d’affirmer qu’elle est contre un féminisme d’Etat et que son association l’ A.F.T.D. est autonome du pouvoir prônant la non-mixité, ces affirmations ne sont que théoriques car elles sont contredites sur le plan pratique en raison de l’appartenance des adhérentes de l’ATFD au parti politique le « Mouvement Ettajdi ». A son tour, le « Mouvement Ettajdid » soutient actuellement la politique du Président par intérim Fouad M’BAZZAA qui est un ancien R.C.D. notoire défendant un féminisme d’Etat…
Tout cela prouve qu’en dépit de la révolution du 14 janvier, la femme tunisienne continue aujourd’hui à être récupérée par le pouvoir comme ce fût le cas sous le régime de BEN ALI….N’est-ce pas, tous les chemins mènent à Rome…!
Malhereusement, il n’existe pas d’autres partis politiques pour les femmes tunisiennes en dehors de l’ATFD de Sana BEN ACHOUR. L’absence de diversités féministes fait que la majorité des sièges réservés aux femmes dans l’élection de la future Constituante vont être issus de l’ATFD de Sana BEN ACHOUR.
C’est ce monopole de la représentation des femmes tunisiennes par l’ATFD de Sana BEN ACHOUR qui est injustifié car l’ATFD ne représente pas l’ensemble des femmes tunisiennes mais seulement un courant politique tunisien féministe ayant ses caractéristiques politiques quid’ailleurs ne sont pas partagées par l’ensemble des femmes tunisiennes.
Mounir BEN AICHA
le 07 avril 2011
Titre :
Le scandale : quel est le chiffre réel des responsables du R.C.D dissous, inéligibles à la Constituante tunisienne : est-ce 50.000 personnes? 18.000 personnes? ou 14.000 personnes ? A défaut, allons-nous vers leur réhabilitation massive ?
Auteur : Mounir BEN AICHA.
NTRODUCTION
Le parti politique du Président déchu BEN ALI, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique ( le R.C.D.) comptait du temps de président déchu plus de deux millions d’adhérents et environ 50.000 responsables régissant les structures du R.C.D. Ce parti politique (le R.C.D )a été dissous le 9 mars 2011 par une décision de justice.
Voilà qu’aujourd’hui, au sein du Conseil de l’ISROR, Mustapha TLILI nie complètement l’existence de 50.000 personnes qui étaient responsables dans les structures du R.C.D. dissous , du temps du dictateur BEN ALI et qui aujourd’hui devraient normalement être déclarés inéligibles à l’Assemblée Nationale Constituante dont l’élection est prévue pour le 23 octobre 2011.
En effet, Mustapha TLILI conteste le chiffre de 50.000 responsables du R.C.D dissous et ne reconnaît que l’existence d’un chiffre très réduit comprenant un nombre variant entre 14.000 et 18.000 personnes qui seraient inéligibles à la Constituante.
Le chiffre avancé par Mustapha TLILI, variant entre 14.000 et 18.000 personnes inéligibles à la Constituante, comprend à la fois les responsables du R.C.D dissous ainsi que les personnes qui ont appelé le Président déchu à se présenter aux élections de 2014 (Mounachidines)…!
En réalité, ce que désire Mustapha TLILI qui relève de l’autorité de Yadh BEN ACHOUR est que la majorité des responsables Ex-RCDistes du temps de BEN ALI seront gracies, et réhabilités pour leur permettre de se présenter aux prochaines élections…!
Il est à rappeler que Mustapha TLILI est le Président de la Sous-Commission 17 relevant du Conseil de l’ISROR, présidée par YADH BEN ACHOUR ayant pour tâche de dresser la liste des responsables du R.C.D dissous et des Mounachidines qui seraient inéligibles à la future Constituante tunisienne. Quant à l’ISROR, c’est bel et bien la » Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique » qui est présidée par Yadh BEN ACHOUR
La tendance actuelle du Gouvernement tunisien dirigé par le Premier Ministre Béji Caîd-Essebsi est de ne pas exclure les responsables du R.C.D dissous à la Constituante ainsi qu’aux prochaines élections tunisiennes…! Cette tendance de réhabiliter les responsables Ex-RCDistes aux prochaines élections tunisiennes est partagée par Yadh BEN ACHOUR, le Président de l’ISROR, son frère Rafaa BEN ACHOUR qui est le Ministre délégué auprès de Béji Caïd-Essebsi ainsi que par le Président actuel par intérim, le nommé Fouad M’BAZZAA qui dans l’ensemble étaient aussi du temps de BEN ALI, des responsables Ex-RCDistes notoires….!
Cependant, cette tendance du Gouvernement tunisien actuel va à l’encontre de la volonté du peuple tunisien qui depuis le 14 janvier 2011, avait maintes fois revendiqué l’exclusion totale des responsables Ex-RCDistes de la vie politique tunisienne future afin de couper court avec les méthodes bénalistes dictatoriales du passé. Aujourd’hui, le peuple tunisien ne désire pas faire la chasse à la sorcière aux simples adhérents Ex-RCDistes mais uniquement aux Responsables Ex-RCDistes qui ont participé à l’exercice des fonctions de responsabilités dans le parti politique du Président déchu BEN ALI, à savoir le parti politique du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (R.C.D.).
En effet, ce que désire actuellement le peuple tunisien est d’interdire aux responsables Ex-RCDistes le fait de présenter leurs candidatures pour les élections futures telles que l’élection de l’Assemblée Nationale Constituante, les élections présidentielles, législatives, et municipales futures, réclamant leurs inéligibilités pour ces élections.
L’inéligibilité des responsables Ex-RCDistes à la Constituante signifie que ces responsables Ex-RCDistes ne peuvent pas présenter leurs candidatures en vue d’être élus dans l’Assemblée Nationale Constituante ou dans les futures élections..
C’est dans ce contexte, que le 11 avril 2011, le Conseil de l’ISROR avait adopté le projet du décret-loi relatif à l’élection de la future Assemblée Nationale Constituante dont l’élection est prévue pour le 23 octobre 2011. Cette Constituante est chargée d’élaborer une nouvelle Constitution tunisienne.
Parmi les dispositions de ce projet du décret-loi organisant la Constituante, il est à citer l’article 15 qui concerne l’inéligibilité à la Constituante des responsables du R.C.D dissous ainsi qu’aux personnes ayant appelé le Président déchu BEN ALI à se présenter aux élections de 2014.
L’article 15 adopté le 11 avril 2011 est le suivant :
» l’extension de l’inéligibilité pour la future Constituante aux responsables du R.C.D qui ont exercé leurs fonctions, durant les 23 dernières années en outre, l’exclusion de tout responsable, ayant appuyé le président déchu pour la présidentielle 2014, du droit d’éligibilité à l’assemblée constituante.
Une liste sera établie et décidée, à cet effet, par l’Instance supérieure indépendante pour les élections ».
Cet article a rapidement reçu l’opposition de Béji Caïd-Essebsi, le Premier Ministre tunisien actuel qui avait demandé le 16 avril 2011 de ne pas procéder systématiquement à l’inéligibilité des responsables du R.C.D dissous et proposant de n’exclure ces responsables du R.C.D que cas par cas à travers l’établissement des listes.
Face à l’opposition du premier Ministre tunisien à l’exclusion des responsables Ex-RCDistes à la Constituante, Yadh BEN ACHOUR qui est le Président de l’ISROR, avait répondu favorablement à la demande du Premier Ministre Béji Caïd-Essebsi par la conclusion en date du 3 mai 2011, d’un compromis avec Béji Caïd-Essebsi révisant l’article 15 précité.
Selon ce compromis précité ,conclu en date du 3 mai 2011, la révision de l’article 15 avait introduit le rétablissement de l’inéligibilité par le biais des listes tout en supprimant la référence à la durée de 23 ans, en partant de 1987 jusqu’à la date du 14 janvier 2011, pour ne laisser apparaître finalement qu’un pouvoir discrétionnaire, au cas par cas, dans l’établissement des listes nominatives des inéligibles…!
Le texte du compromis du 3 mai 2011 qui a été appuyé par le Conseil de l’ISROR le 5 mai 2011 a été transmis le vendredi 06 mai 2011 au Conseil des Ministres présidé par Fouad M’BAZZAA, lequel lors de cette séance après l’avoir de nouveau modifié, l’a approuvé et ratifié sous forme de décret-loi qui a été publié au journal officiel tunisien en date du 10 mai 2011.
Selon cette adoption et ratification sous forme de décret-loi par le Conseil des Ministres en date du 6 mai 2011, les dispositions de l’article 15 du projet de décret-loi relatif à l’élection de l’Assemblée ationale Constituante seraient les suivantes :
” A le droit de présenter sa candidature à l’assemblée nationale constituante, tout électeur âgé de plus de 23 ans accomplis le jour de la présentation de sa candidature.
Ne leur est pas permis de présenter leur candidature:
* Les personnes ayant assumé des responsabilités au sein du Gouvernement du président déchu, à l’exception des membres de ce gouvernement n’ayant pas appartenu au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD – Dissous).
* Les personnes qui ont occupé des postes de responsabilité dans les structures du RCD, sous le régime du président déchu. Les responsabilités concernées seront déterminées par décret, sur proposition de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution.
* Les personnes qui ont appelé le président en fuite à renouveler sa candidature à l’élection présidentielle de 2014. Cette liste sera établie par la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution. »
Ce sont finalement ces nouvelles dispositions de l’article 15 du ce décret-loi sur la Constituante approuvées le 6 mai 2011 en Conseil des Ministres présidé par Fouad M’BAZZAA qui seraient définitivement retenues, lequel décret-loi a été publié le 10 mai 2011 au Journal Officiel Tunisien.
Ces dispositions définitives du décret-loi relatives à l’article 15 peuvent se résumer ainsi
1- la référence à la durée de 10 ans ou de 23 ans a été définitivement supprimée. On ne tient plus compte de la durée de la participation des responsables Ex-RCDistes dans les structures du .R.C.D pour déterminer leur inéligibilité à la Constituante,
2- Les listes des personnes qui ont occupé des postes de responsabilité dans les structures du R.C.D sous le régime du dictateur déchu BEN ALI seront établies conjointement par le Conseil de l’ISROR et le Gouvernement. Le Conseil de l’ISROR communique d’abord ses propositions de listes à Béji Caïd-Essebsi ainsi que Fouad M’BAZZAA qui à leur tour pourront les réviser avant leur adoption par décret..
3- Les listes des personnes qui ont appelé le président en fuite à renouveler sa candidature présidentielle de 2014 relèveront de la compétence du Conseil de l’ISROR.
La mise en oeuvre des dispositions de l’article 15 a été retardée par le Conseil de l’ISROR, raison pour laquelle l’élection de la Constituante qui était prévue pour le 24 juillet 2011 a été ajournée pour le 23 octobre 2011 sous prétexte de l’existence d’un certain nombre de problèmes techniques qui se sont posées à l’instance supérieure chargée des élections.
Ce n’est que le mardi 31 mai 2011 que le Conseil de l’ISROR a entamé la mise en oeuvre de l’article 15 précité en constituant lors de cette session deux Sous-Commissions :
– la première Sous- Commission sera chargée de l’élaboration d’un nouveau texte du pacte républicain, tandis que,
– la deuxième Sous-Commission ( appelée Commission N° 17 ) aura pour mission d’établir les listes des candidats inéligibles à la Constituante, dont les responsables du RCD dissous et les personnes qui ont exhorté le président déchu à se porter candidat à l’élection présidentielle de 2014(‘mounachidines’).
Au cours de cette réunion, le Conseil de l’ISROR a adopté le projet du décret relatif au découpage électoral et à la répartition des sièges en fonction des circonscriptions dans les élections de la Constituante. A ce sujet, il est prévu 218 sièges qui seront désignés au sein de la future Assemblée Nationale Constituante dont 19 seront réservés aux tunisiens à l’étranger. Le nombre des circonscriptions électorales a été fixé à 33 circonscriptions dont 27 en Tunisie et 6 à l’étranger.
La composition des membres de la Sous-Commission 17 chargée d’élaborer la liste des candidats inéligibles à la Constituante a été entourée de beaucoup de secret et de huit clos. Cette Sous-Commission 17 est présidée par Mustapha TLILI et comprend 17 membres dont la mission est de dresser la liste des personnes déclarées inéligibles au mandat électif de la Constituante, prévu le 23 octobre 2011.
Le jeudi 23 juin 2011, le Conseil de l’ISROR a débattu en fin de matinée, des modalités d’application de l’article 15 du décret-loi relatif à l’élection des membres de la Constituante.
Au cours de cette session du jeudi 23 juin 2011, l’examen de la question des personnes inéligibles qui ont appelé le président déchu BEN ALI à se présenter aux élections 2014 (‘mounachidines’), ainsi que la question concernant l’inéligibilité à la Constituante des responsables du R.C.D. dissous ont été abordées.
Cependant, lors de cette session du 23 juin 2011, des difficultés ont surgi dans la mise en oeuvre de l’inéligibilité des responsables du RCD dissous ainsi que les personnes ayant appelé le président déchu à se présenter aux élections de 2014 ( en arabe : » Les Mounachidines » ).
Ces difficultés dans la mise en oeuvre de l’inéligibilité des responsables du R.C.D et des « Mounachidines » proviennent :
– en premier lieu des moyens de preuve de l’exercice des responsabilités au sein du R.C.D dissous, autrement dit, les archives sont diverses et lesquelles sont les plus crédibles?
– En second; lieu, ces difficultés dans la mise en oeuvre de ces inéligibilités à la Constituante proviennent du pouvoir discrétionnaire détenu par la Sous-Commission 17 pour relever le nombre des responsables du R.C.D et des « Mounachidines » qui seraient inéligibles à la Constituante. Ce pouvoir discrétionnaire peut masquer le chiffre exact des inéligibles à la Constituante qui normalement peut avoisiner les 50.000 personnes inéligibles pour ne retenir qu’un chiffre des inéligibles variant entre 14.000 et 18.000 personnes inéligibles….!
– Quant à la troisième difficulté dans la mise en oeuvre de l’inéligibilité prévue par l’article 15, cette troisième difficulté se rapporte à l’absence de tout moyen de contrôle et de vérification des noms inscrits sur les listes des inéligibles en cas de contestation portant sur des personnes non inscrites qui devraient normalement l’être et inversement.
1- La première difficulté dans la mise en ouvre de l’inéligibilité des responsables Ex-RCDistes à la future Constituante relève des moyens de preuve.
La première difficulté dans la mise en ouvre de l’inéligibilité des responsables Ex-RCDistes à la future Constituante va provenir certainement de la preuve de leur appartenance au R.C.D en tant qu’adhèrents responsables du R.C.D dissous.
En effet, la seule preuve de cette appartenance au R.C.D dissous en tant que responsable dans l’une des structures de ce parti, ne peut provenir qu’en se référant aux archives du R.C.D. qui peuvent dévoiler les noms des adhérents et responsables du R.C.D dissous…
Cependant, quand on sait que beaucoup d’archives du parti du R.C.D ont été détruites volontairement après le 14 janvier 2011, beaucoup de responsables Ex-RCDistes ainsi que d’anciens membres du Gouvernement ayant exercés dans le régime de BEN ALI vont avoir la chance d’échapper à l’interdiction de l’inéligibilité prévue par l’article 15 du décret-loi organisant la Constituante….!
D’autre part, même si les listes des adhérents responsables au R.C.D. dissous existent encore, ces listes peuvent être falsifiées pour ne pas révéler les noms des Ex-RCDistes responsables, ou elles peuvent être reproduites en faux….
Au sujet de l’établissement des listes des personnes ayant appelé le Président à se présenter aux élections de 2014, la Haute Instance a décidé de revenir aux archives de la Présidence de la République . Mustapha TLILI a déclaré que :
« Nous attendons ces listes pour authentifier les éliminations », estimant qu’il convient de revenir aussi « aux documents trouvés dans le bureau de l’ancien conseiller spécial du président déchu, M. Abdelaziz Ben Dhia, dès lors qu’il a été le premier responsable de la campagne de propagande qui était menée sous l’ancien régime.
2- La deuxième difficulté dans la mise en oeuvre de l’inéligibilité des responsables Ex-RCDistes à la future Constituante peut provenir du pouvoir discrétionnaire dont dispose la Sous-Commission 17 dans la délimitation des responsables du R.C.D dissous.
En effet, la seconde difficulté provient de la délimitation des responsabilités dans les structures du R.C.D dissous sachant très bien que la Sous-Commission 17 relevant du Conseil de l’ISROR chargée d’établir les listes des inéligibles à la Constituante conserve un pouvoir discrétionnaire. Il en va ainsi de Béji Caïd-Essebsi, de Fouad M’BAZZA ainsi que des membres du Conseil de l’ISROR qui sont majoritairement en faveur de Yadh BEN ACHOUR et qui dans l’ensemble penchent en faveur de la réhabilitation des responsables du R.C.D pour les élections tunisiennes futures….
Au cours de cette séance du 23 juin 2011 du Conseil de l’ISROR, le Président de la Sous-Commission 17 chargée de l’établissement des listes des inéligibles , Mustapha TLILI a précisé que ‘le fichier des responsables RCD est prêt’. ‘Il suffit de délimiter définitivement le niveau des éliminations pour que le tri soit fait’
Selon Mustapha TLILI, un tableau préliminaire a été dressé au sujet des responsables déclarés inéligibles à la Constituante. Il comprend le président, les membres RCDistes du gouvernement, les membres du Bureau politique, du Comité central, des Secrétaires généraux des comités de coordination, des fédérations professionnelles et territoriales, ainsi que des présidents des cellules.
Mustapha LILI a retenu le chiffre variant entre 14 et 18 mille personnes inéligibles à la Constituante précisant que ce chiffre comprend les personnes inéligibles qui ont appelé le président déchu à se présenter en 2014 et qui ont été estimées par Mustapha TLILI à un nombre variant entre 7000 et 9000 personnes. Ces chiffres des inéligibles à la Constituante sont vraiment minimisés car rien que le chiffre total des responsables du R.C.D totalise à lui seul, les 50.000 personnes, sans compter les personnes « mounachidines »…
En effet, il est une certitude que les listes nominatives qui vont être établies par la Commission N°17 sur l’inéligibilité à la Constituante ne vont faire apparaître qu’un nombre très réduit de noms des responsables du R.C.D dissous dans la liste des inéligibles à la Constituante, nombre qui serait loin du chiffre exact de ces responsables du R.C.D dissous.
A titre d’exemple, y’aurait-il sur ces listes sans aucune omission l’inscription des noms de l’ensemble des présidents des cellules du R.C.D qui étaient du temps de BEN ALI au nombre du 8803 personnes, ou les noms des Omdas majoritairement Ex-RCDistes, ou les noms des Conseillers municipaux et des délégués et gouverneurs majoritairement Ex-RCDistes aussi…? Faut-il recenser les noms de ces responsables Ex-RCDistes en partant de 1987 jusqu’au 14 janvier 2011 sachant que beaucoup parmi eux ont exercé que des fonctions électives portant sur quelques années de participation comme Ex-RCDistes ? Mais est-ce que ces listes vont mentionner l’ensemble des responsables du R.C.D dissous, sachant très bien que le nombre des membres responsables du R.C.D est cumulatif variant de 1988 à 2014 ? Ainsi, les candidats aux municipales sont au nombre de 4366 personnes, et les candidats aux législatives sont au nombre de 162 personnes et que les membres du Comité central du R.C.D variait tous les 5 ans pour donner un nombre cumulé depuis 1988 jusqu’à 2008….?
Il parait que d’après le tableau qui a été dressé par Mustapha TLILI et qui a été examiné le 23 juin 2011 au sein du Conseil de l’ISROR, ce tableau présenté par TLILI , n’a pas mentionné comme inéligibles à la Constituante les noms des responsables R.C.D des députés et des Conseillers de la Chambre des Conseillers, ni les noms des membres du Conseil économique et social d’appartenance R.C.D, et ni les membres des Conseillers Municipaux d’appartenance du R.C.D. dissous …!
Déjà, lors de la séance du 29 juin 2011, le Conseil de l’ISROR avait procédé par le biais d’un vote à la délimitation du statut des inéligibles à la Constituante, retenant ainsi comme inéligibles : l’ex- président et de ses conseillers, des membres RCDistes du gouvernement, de la Chambre des députés et de la Chambre des conseillers, des membres du bureau politique, du comité central, des comités de coordination, des fédérations territoriales et professionnelles, ainsi que des présidents des cellules RCD durant les 23 dernières années , tous les membres des fédérations territoriales et professionnelles ainsi que ceux qui ont appelé l’ancien président à se représenter pour une nouvelle investiture en 2014.
Toutefois, il ne s’agit là que d’une délimitation du statut des inéligibles d’une manière générale et anonyme alors que les listes des inéligibles à la Constituante seraient nominatives, et leurs inscriptions seraient décidées au cas par cas….
D’autre part, l’article 15 prévoit également l’inéligibilité à la Constituante dans son alinéa premier
pour :
» Les personnes ayant assumé des responsabilités au sein du Gouvernement du président déchu, à l’exception des membres de ce gouvernement n’ayant pas appartenu au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD – Dissous). »
La délimitation des personnes ayant assumé des responsabilités au sein du Gouvernement du président déchu d’appartenance R.C.D. n’a pas été précisé par le Conseil de l’ISROR jusqu’à ce jour…! Que faut-il entendre par là : est-ce que la liste des personnes ayant assumé des responsabilités au sein du Gouvernement du président déchu d’appartenance R.C.D pourrait être contenue aux Ministres et Secrétaires d’Etat, gouverneurs, délégués et Omda, ou pourrait s’étendre à d’autres responsabilités d’une manière extensive aux personnes des Administrations, aux hauts responsables de la police et de la gendarmerie, aux Présidents et doyens des Universités, des Lycées, etc…
Et comment peut-on prouver leur appartenance au R.C.D en cas de contestation pour certaines catégories des personnes ayant assumé des responsabilités au sein du Gouvernement, du temps de BEN ALI ?
Finalement, la détermination des responsables du R.C.D dissous sur les listes des inéligibles à la Constituante va être effectuée par la Commission N° 17 d’une manière discrétionnaire, comme bon lui semble .
Ce pouvoir discrétionnaire est susceptible d’émaner à la fois de la Sous-Commission N°17 de l’ISROR relative aux inéligibilités, du Président de l’ISROR Yadh BEN ACHOUR ainsi que du Premier Ministre Béji Caïd-Essebsi et le Président par intérim Fouad M’BAZZAA qui dans l’ensemble vont tous intervenir pour sélectionner comme bon leur semble les Responsables Ex-RCDistes inéligibles à la future Constituante.
La procédure de l’établissement des inéligibles à la Constituante serait la suivante :
– d’abord, la Sous-Commission dresse la liste des inéligibles, d’une manière discrétionnaire, comme bon lui semble,
– ensuite, cette liste des inéligibles serait examinée par le Conseil de l’ISROR et va la réviser à son tour avant de l’approuver,
– finalement, la liste des inéligibles sera examinée et révisée encore au niveau du gouvernement par le premier ministre et son conseiller Rafaa BEN ACHOUR qui est le frère de Yadh BEN ACHOUR ainsi que par Fouad M’BAZZAA et le Président de l’ISROR, Yadh BEN ACHOUR.
Lors de chaque examen de la liste des inéligibles, le nombre des personnes inéligibles sera révisé à la baisse pour être finalement adopté par décret, ne retenant qu’un nombre très réduit de personnes inéligibles à la Constituante…
Tout ce travail va être entrepris dans le manque de transparence profitant de la période estivale de juillet, août et septembre 2011 quand le public tunisien serait en vacances peu intéressé à suivre ce scandale de l’inéligibilité des responsables du R.C.D dissous à la Constituante, d’autant plus que le mois de Ramadan serait à l’approche dès le début du mois d’août, en période de grande chaleur.
l est à constater que le Premier Ministre Béji Caïd-Essebsi, son conseiller Rafaa BEN ACHOUR, ainsi que le Président par intérim Fouad M’BAZZAA conserveront un pouvoir discrétionnaire venant au secours des responsables Ex-RCDistes qui majoritairement ne pourront être inéligibles à la future Constituante que si leurs noms figureraient sur les listes .
Ainsi un grand nombre parmi les responsables Ex-RCDistes auront le plaisir de pouvoir se présenter non seulement à la Constituante mais à d’autres élections tunisiennes.telles que les législatives, les présidentielles et les municipales, etc… Ce qui ouvre la porte d’accès au retour des Ex-RCDistes prochainement dans la vie politique tunisienne.
Ironiquement, l’établissement de ces listes sur l’inéligibilité des responsables Ex-RCDistes va jouer en faveur de ces Ex-RCDistes puisque , seuls probablement un millier de responsables Ex-RCDistes verront leurs noms établis par les listes des inéligibilités à la Constituante…
En quelques sortes, cela signifie que les autres responsables Ex-RCDistes dont les noms ne seront pas mentionnés dans les listes qui seront approuvées par décret, ces responsables ex-RCDistes seront réhabilités à participer dans les prochaines élections tunisiennes aussi bien celles qui concernent l’Assemblée Nationale Constituante mais aussi celles qui concernent dans l’avenir les présidentielles, les législatives et les municipales tunisiennes….Est-ce alors des listes qui interdisent et qui en même temps et par voie de conséquence réhabilitent les responsables Ex-RCDistes…?
3- La troisième difficulté dans la mise en oeuvre de l’établissement des listes des responsables inéligibles à la Constituante consiste dans l’absence de contrôle des listes en cas de contestation…!
Il est certain que sur les 50.000 personnes responsables du R.C.D dissous qui seraient inéligibles à la Constituante, seul un nombre réduit des responsables du R.C.D dissous peut être retenu comme inéligibles à la Constituante. En cas de contestation des chiffres des inéligibles à la Constituante qui peut contrôler le nombre exact des responsables inéligibles à la Constituante…? Peut-on opposer un veto sur la liste des inéligibles à la Constituante en cas de contestation…? Et qui serait compétent pour contrôler le nombre exact des responsables du R.C.D dissous en cas de contestation ?
Toutes ces questions ne seraient pas traitées et n’auront aucune réponse que celle décidée par Béji Caïd-Essebsi qui est favorable à la réhabilitation massive des responsables du R.C.D dissous pour les prochaines élections tunisiennes….!
D’ailleurs, à ce sujet, le Président Yadh BEN ACHOUR partage les mêmes arguments que Béji Caïd-Essebsi concernant les responsables Ex-RCDistes frappés d’inéligibilité à la Constituante.
A ce sujet, Yadh BEN ACHOUR a maintes fois affirmé qu’il n’est pas pour la chasse aux sorcières.
Cependant, la question n’est pas de faire la chasse aux sorcières aux simples adhérents Ex-RCDistes mais plutôt aux Responsables Ex-RCDistes, conformément à la volonté du peuple tunisien confirmée le 14 janvier 2011, afin d’éviter à ce que ces Responsables Ex-RCDistes ne reviendront en force dans la vie politique tunisienne pour reprendre leurs conduites bénalistes comme au temps des 23 dernières années du régime du dictateur BEN ALI…!
Dans un entretien accordé à « la Presse de Tunisie » en date du 8 mai 2011 recueilli par B. OUESLATI intitulé » Report de la date des élections », Yadh BEN ACHOUR avait affirmé au sujet de l’inéligibilité des responsables Ex-RCDistes à la future Constituante qui ont participé dans les structures du RCD dissous :
« qu’il faudra, faire preuve de beaucoup de bon sens pour ne pas tomber dans l’inquisition et la chasse aux sorcières. Nous devons être à la fois justes et équitables. Sur ce plan, ce ne sera ni 10 ni 23 ans, mais plutôt un système de sélection qui tienne compte de plusieurs paramètres dont, notamment, l’implication dans des affaires de corruption, de détournement de fonds ou encore dans la torture. »
Dans un autre entretien paru à la « Presse de Tunisie » en date du 22 mai 2011, recueilli par B.OUESLATI, intitulé « Transition démocratique – L’Instance en question », Yadh BEN ACHOUR faisant volte-face concernant l’inéligibilité des anciens responsables du RCD à la future Constituante, avait souligné :
qu’on ne doit pas «jeter en pâture des citoyens tunisiens, d’autant plus que la question ne concernerait qu’une dizaines de milliers de ceux qui on appelé l’ancien président à se représenter pour un nouveau mandat en 2014 et une quinzaine de milliers d’autres anciens responsables parmi les présidents de cellules, fédérations, comités de coordination, comité central et bureau politique. On va procéder au cas par cas. Et puis combien d’entre eux vont-ils oser se présenter aux prochaines élections-‚?
La volonté qui doit animer tout un chacun c’est celle de la réconciliation et non la chasse aux sorcières « .
En clair, il apparaît de tout ce qui précède qu’en tant qu’anciens Ex-RCDistes aussi bien Yadh BEN ACHOUR, Béji Caïd-Essebsi, son conseiller Rafaa BEN ACHOUR ainsi que Fouad M’BAZZAA défendent l’avenir politique des responsables Ex-RCDistes en Tunisie et ne veulent pas interdire leur participation dans les prochaines élections tunisiennes.
Les méthodes de travail au sein du Conseil de l’ISROR ont été critiquées par un certain nombre des membres du Conseil de l’ISROR.
En effet, dans sa livraison du dimanche 5 juin 2011, le quotidien Echourouq a fait apparaître la publication d’un manifeste signé par 13 membres du Conseil de l’ISROR dans lequel ces membres critiquent les pratiques de Yadh BEN ACHOUR au sein du Conseil de l’ISROR.
Ces signataires, (appelés groupe de 13) ne sont pas d’accord avec :
– le huis clos imposé aux travaux du Conseil
– la composition partiale du Conseil de l’ISROR en faveur de certains partis politiques
– « l’émergence de décisions qui ne reflètent nullement les points de vue de l’opinion publique et d’une manière contraignante dans la direction des débats, loin de tout principe de consensus.le prédominance d’une tendance politique et idéologique bien déterminée sur la composition de l’Instance. »
– la réunion du Conseil en dépit de l’absence du quorum
– du « non respect du principe de neutralité et d’impartialité par le président de l’Instance qui exprime des positions personnelles au nom de cette instance »,
– un ordre de jour orienté d’une manière expresse soit en faveur de certains partis ou pour imposer une proposition qui ne sert pas les intérêts de la majorité des membres du Conseil de l’ISROR…
Ces 13 signataires sont les suivants : Salem Haddad, Mohamed Attia, Adnane M’nasser, Mokhtar Yahiaoui,, Moncef Ouannès, Ahmed Kahlaoui, Nejib Hosni, Zouheir Makhlouf, Mohamed Bouzghiba, Saïda Harrathi, Sami Jerbi, Sofia Hammami et Fraj Maâtoug.
D’ailleurs, un certain nombre de membres du Conseil de l’ISROR se sont retirés ou ont suspendu leur participation dans ce Conseil de l’ISROR présidé par Yadh BEN ACHOUR.
Celles et ceux qui se retirés ou suspendu leur participation du Conseil de l’ISROR sont les suivants :
1- Gilbert NACCACHE, membre en tant que personnalité nationale s’est retiré en pleine séance du Conseil de l’ISROR le 22 mars 2011
2 – H’Mida NEIFAR, membre du Conseil de l’ISROR en tant que personnalité nationale s’est retiré du Conseil de l’ISROR le 14 avril 2011
3- L’Association des Magistrats Tunisiens (AMT) membre du Conseil de l’ISROR en tant qu’Association représentée par Ahmed HAMROUNI s’est retirée de ce Conseil le 11 mai 2011.
4- Kalthoum KENNOU membre en tant que personnalité nationale s’est retirée du Conseil de l’ISROR le 11 mai 2011
5- Assia Hadj SALEM, membre en tant que personnalité nationale s’est retirée vers la moitié du mois de mai 2011
5- L’ Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques (AISPP) membre du Conseil de l’ISROR, en tant qu’Association représentéee par Samir DILOU, s’est retirée de ce Conseil,
6- Le Mouvement « ENNAHDHA », membre du Conseil de l’ISROR en tant que parti politique, représenté par : Noureddine BAHRI, et Sahbi ATTIG ainsi que Farida Abidi, ce parti ENNAHDHA a suspendu sa particiation dans ce Conseil en date du lundi 30 mai 2011 et ensuite a repris sa participation au Conseil de l’ISROR vers le 15 juin 2011. Toutefois, le jeudi 23 juin 2011, le parti ENNAHDHA a décidé de se retirer définitivement du Conseil de l’ISROR. Et le lundi 28 juin 2011, le Sectaire génétal du parti ENNAHDH, Rached GHANNOUCHI a confirmé le retrait de son parti du Conseil de l’ISROR en raison selon lui, non pas de la discussion sur le pacte Républicain, ni sur les discussions qui ont portées sur le financement des partis politiques, mais essentiellement en raison du fait que le Conseil de l’ISROR impose ses décisions d’une manière non consensuelle, se comportant comme un législateur, d’autant plus que ce conseil de l’ISROR est dépourvu de toute légitimité pour représenter le peuple tunisien.
D’autres partis politiques qui sont membres du Conseil de l’ISROR ont déjà critiqué le Conseil de l’ISROR comme le parti politique de Moncef MARZOUGUI le « Congrès pour la République » (CPR), le parti politique de Néjib CHEBBI, le « Parti démocratique progressiste « (PDP),
Moncef MARZOUGUI, le Président du parti politique le « Congrès pour la République » qui est également membre du Conseil de l’ISROR, avait critiqué la tendance de Yadh BEN ACHOUR de ne pas hâter l’établissement des listes des inéligibles des responsables du R.C.D. à la future Constituante tout en demandant au Président du Conseil de l’ISROR de « couper avec les discussions de thèmes secondaires », tels celui des financements des associations et des partis, pour « éviter un éventuel nouveau report des élections. »
De même, dans une interview accordée au journal Echourouq du dimanche 26 juin 2011, Ahmed Nejib Chebbi, leader du Parti démocratique progressiste (PDP),avait critiqué l’ISROR de Yadh BEN ACHOUR en estimant qu’elle dépasse largement ses prérogatives et ses attributions car selon lui, cette instance n’a pas le droit de légiférer étant donné que son rôle est consultatif.
Ahmed Nejib Chebbi avait également accusé les membres de l’Instance de faire du « sur mesure », l’objectif étant, selon lui, est de mettre les bâtons dans les roues des deux partis d’Ennahdha et du PDP en mettant à l’ordre du jour la discussion des projets de décrets-lois sur les partis et sur leurs financements.
Un autre parti membre du Conseil de l’ISROR, à savoir le parti de la ” Réforme et du Développement” avait exprimé lors de la séance du Conseil de l’ISROR tenue le jeudi 30 juillet 2011,à travers son porte-parole le nommé Mohamed GOUMANI, son mécontentement concernement le déroulement des travaux du Conseil et avait décidé de boycotter à l’avenir les travaux du Conseil de l’ISROR, notamment ceux qui ne sont pas inscrits à l’ordre du jour, en mettant l’accent sur la priorité à vouloir taiter en priorité la question relative à l’établissement des listes des inéligibles à la future Constituante conformément à l’article 15 précité.
Ces personnalités et partis politiques qui se sont retirés ou ont suspendu leurs activités du Conseil de l’ISROR ne sont pas d’accord sur les programmes qui sont imposés par Yadh BEN ACHOUR aux membres du Conseil d’une façon non consensuelle, programmes qui favorisent certains partis politiques lors de l’élection de la future Constituante.
Fait par Mounir BEN AICHA
Le 30 juin 2011