Par Salah Ben Omrane , le jeudi 21 juillet 2011 à 19h50
Nombreux sont les Tunisiens en France qui se rendent dans les Consulats et qui tentent de se faire inscrire sur les registres électoraux . J’emploie bien le terme « tentent » , car si l’opération de l’inscription ,en principe, ne devrait pas durer plus que deux minutes , les conditions pour parvenir à toucher des doigts ces fameuses « 2 minutes » , exigent de la mobilisation ,de la patience, du temps disponible ,de la forme physique, de la croyance au système politique par le moyen du vote ,de la philosophie et plus prosaïquement ,être capable de consacrer une journée entière pour la démarche .
Les témoignages de ceux qui se sont déjà rendus sur les lieux de l’inscription peuvent décourager les hésitants. N’en parlons pas de ceux qui s’y sont déjà rendus sur les lieux et qui avaient fini par abandonner la partie en y renonçant la mort dans l’âme.
Il n’est prévu aucun traitement particulier pour les Tunisiens à l’étranger . Rien qui tiendrait compte du nombre d’âmes qu’ils représentent ,de la situation géographique où ils se trouvent pour que leurs inscriptions puissent se dérouler tout au moins ,dans les mêmes conditions que leurs compatriotes sur le sol tunisien .
Pas de délais prévus qui étaleraient leurs inscriptions dans le temps . Pas d’ouverture de bureaux spéciaux à l’extérieur des consulats pour l’occasion .Pas d’aménagements notables dans les consulats pour faciliter le flux des demandeurs . Bref, le « tous pareils ,en Tunisie comme en France » provoque d’ores et déjà des dégâts et des inégalités .
Pour qu’un Tunisien en Tunisie puisse se représenter l’ampleur du phénomène ,il lui est facile de comparer cela ,en imaginant qu’on demanderait à toute une frange de la population répartie dans les coins de chaque gouvernorat en Tunisie de se déplacer vers le seul siège du gouvernorat respectif pour s’y inscrire .
On est loin des conditions d’inscriptions en Tunisie . On est très loin des conditions idylliques telles qu’elles ont été relatées dans le témoignage de Kamel Jandoubi , parlant d’un bureau à Hammam-lif où il avait constaté que le temps d’attente n’excédait pas les dix minutes .
À Paris , dès son arrivée au Consulat pour s’inscrire ,chacun découvre la foule et rejoint docilement la file d’attente .
Le parcours commence ainsi, assez loin de l’entrée principale du Consulat à la rue Lubeck .
Il faut compter au minimum 3 heures en moyenne pour parvenir à atteindre une des deux lucarnes ,derrière lesquelles se formalisent les inscriptions . Ces lucarnes ,se situent dans la première salle d’entrée dans l’enceinte de l’Établissement consulaire . Il faut également compter sur au moins deux bonnes heures d’attente avant de frôler le seuil de l’entrée principale du Consulat.
Pourquoi faire simple alors qu’on peut faire compliqué ?
Une fois qu’on est dedans, on constate que les deux « guichets » réservés pour l’inscription , se trouvent pile au milieu de la rangée des quatre guichets. Ces guichets sont réservés habituellement aux démarches consulaires de l’état civil.
Sur ces quatre guichets ,la logique ou le bon sens ,voudrait qu’on réserve soit les deux guichets à gauche ou les deux guichets à droite faute de ne pas pouvoir les réquisitionner tous pour la cause.
Pas du tout ! Cette solution aurait été prise pour une idée saugrenue . Qu’a-t-on fait alors ? On a donc pris les deux guichets du milieu et on a laissé les guichets à l’extrémité du bloc, poursuivre leurs usages habituels suivant leurs vocations initiales qui n’a rien à voir avec les élections . Et tant pis si cela génère des troubles ! Comme on pouvait s’y attendre ,ceux qui parviennent à entrer dans le Consulat et qui croient faire la dernière ligne droite pour accéder à un des guichets d’inscription ,dont ils sont plus séparés que de trois mètres ,doivent lutter contre les courants qui viennent de tous bords qui tendent à les éjecter vers l’extérieur .La traversée du détroit de Gibraltar en petite barque ,est une ballade à côté.
C’est là qu’interviennent les bousculades tant redoutées. Aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur du Consulat, des arrivants coupent incessamment la file d’attente et la transforment en masse compacte par les va-et-viens . Ces intrus , doivent se positionner debout devant ces guichets dans l’attente qu’on les appelle .Certains doivent s’y présenter pour autre chose que les élections d’après leurs dires.
Ces derniers sont loin d’être les seuls à l’origine du trouble. Ils sont rejoints par ceux qui tentent d’accéder à la photocopieuse qui se trouve dans un coin de la salle ,jouxtant la file et pour l’atteindre ,il faut foncer tête baissée dans la foule humaine.
D’autres , les impatients , s’ajoutent au lot . Ils quittent la file d’attente à l’extérieur du Consulat ,s’engouffrent à l’intérieur et viennent chercher des raisons au blocage . Parmi eux quelques-uns ,biens malins, n’éprouvent aucun remord ,aucune envie de revenir en arrière ,en refaisant la queue en lieu et à la place où ils étaient. Après tout ,qui leur interdirait ? Il n’y a ni un agent ni une barrière pour fluidifier le trafic.
De temps en temps ,on entend des cris de colère. Ils proviennent des « révoltés » . Ceux qui découvrent ,lorsqu’ils parviennent à atteindre un guichet ,que leur inscription ne peut pas se réaliser à Paris . Le motif est qu’ils ne résident pas dans la circonscription appropriée. Ils découvrent ainsi ,qu’ils venaient de consacrer trois bonnes heures d’attente en vain.
D’autres finissent par abandonner la partie par forfait, lorsqu’ils se rendent compte que le temps qu’ils avaient réservé pour effectuer la démarche, a été consommé mais autrement que ce qui était prévu . Ils partent avec la rage .
Si c’est ainsi pour s’inscrire ,je suis curieux de savoir comment donc va se dérouler la journée du vote ? Comment en un seul jour accueillir tout ce public qu’on a déjà du mal à faire inscrire en trois semaines ?
Information ajoutée le 30 juillet :
Je me suis rendu hier ,le 29 juillet ,au Consulat de Tunisie à Pantin auquel sont affiliés les Tunisiens qui résident dans les départements du 91, 92, 93, 77 et 78 . Les formalités d’inscription sont facilitées . Une fiche à remplir est distribuée aux personnes qui sont en file d’attente. J’ai constaté que depuis l’arrivée au Consulat des arrivants ,jusqu’à la sortie ,papier d’inscription en main, cela ne prend pas plus que 12 minutes.
Un hommage particulier à rendre aux bénévoles qui se sont proposés de participer à inscrire les électeurs .
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Je me pose les mêmes questions .
Les votes dans les consulats se dérouleront sur plusieurs jours (du 20 ou 21 au 23 octobre)
Tu as écrit:
» De temps en temps ,on entend des cris de colère. Ils proviennent des « révoltés » . Ceux qui découvrent ,lorsqu’ils parviennent à atteindre un guichet ,que leur inscription ne peut pas se réaliser à Paris . Le motif est qu’ils ne résident pas dans la circonscription appropriée. Ils découvrent ainsi ,qu’ils venaient de consacrer trois bonnes heures d’attente en vain. »
J’habite depuis toujours en France. Mon passeport a été établi en 2007 à Lyon (ainsi que la carte consulaire).
Maintenant je travaille et j’habite à Paris.
D’après ton expérience, es-ce que je dois aller faire la queue au consulat de Paris pour pouvoir voter à Paris pour les élections d’octobre 2011 ?
C’est le lieu de résidence en cours qui détermine l’appartenance à la circonscription .Dans votre cas ,je vous conseille afin de ne pas faire la queue inutilement d’aller au Consulat de Paris et d’entrer directement dans la salle du fond ,sans faire la queue ,le lieu où ils délivrent les passeports et les cartes consulaires en leur montrant le nouveau justificatif de domicile.Prenez quleques photos d’identité avec vous ,dans le cas (sûr + que probable ) où ils vous refairont immédiatement une nouvelle carte consulaire. Normalement , le changement d’adresse est une formalité toute simple.
Merci