Salah Ben Omrane le jeudi 15 mars 2012 . 11:11
La chancelière Angela Merkel et le Premier ministre Hamadi Jebali se sont présentés devant la presse hier mercredi 14 mars en Allemagne. Ils ont fait des déclarations en ce qui concerne les liens économiques qui lient leurs deux pays respectifs, notamment par le biais de la dette. Un lourd héritage que le premier ministre tunisien devra composer avec durant son exercice. Pour ce faire, sa présence en Allemagne se justifie et il tente à cet effet d’ouvrir le champ de la collaboration avec la locomotive en tête de la croissance économique européenne qu’est l’Allemagne. « La Tunisie doit à l’Allemagne 60 millions d’euros », a rappelé la chancelière Mme Merkel. Elle a affirmé qu’elle soutient le lien économique avec la Tunisie dans un projet global de renforcement de la Tunisie dans le processus démocratique . Elle a même évoqué à l’occasion de la rencontre, l’expérience allemande en matière de division du pays qui a permis aux institutions allemandes d’acquérir un savoir faire .
Pour ce qui est de la dette tunisienne évaluée d’un commun accord à 60 millions d’euros, Angela Merkel entend qu’elle soit transformée en nouveaux projets qui seraient montés par des comités d’experts sous l’égide des ministères allemands des Affaires Étrangères et celui du Développement ( Die Irtschaftsministerium und die Entwicklungsministerium). Il a été fait allusion au secteur de l’énergie avec pour perspective le développement durable tout en évoquant la possibilité de créations d’emplois dans ce secteur. Nul doute de l’expérience allemande dans l’acquisition des énergies propres et renouvelables respectueuses de l’environnement dans un cadre de vie en harmonie avec l’espèce humaine sur cette terre. L’abandon de construction de centrales nucléaires est un gage de sérieux dans la politique allemande pour ce qui est du développement durable. C’est l’un des rares pays qui ont fait ce choix audacieux, en connaissance parfaite du chemin à prendre et des difficultés à rencontrer pour convaincre ceux qui se réfugient dans les solutions de facilité et qui ne veulent rien changer dans leurs habitudes.
Durant cette conférence le Premier ministre Hamadi Jebali a fait une intervention , dont voici un extrait :
ه « نحن من سوء الحظ هذه السنة مطالبون بتسد يد لا فقط الفوائض و لكن الأصل في الديون وتبلغ هاته الديون آربعة آلاف و خمس مئة مليون دينار وهذا مبلغ كبير لايمكن للميزانية تحمّلها إلا بصعوبة كبيرة . فنحن نتوجّه إلى أصدقائنا لا لطرح هاته الديون نهائيا ، لا نطلب هذا الأمر ، و لكن لإستثماره على الأقلّ في مشاريع في تونس . » ه
La Traduction de cet extrait est la suivante :
« Malheureusement cette année, nous sommes appelés non seulement à rembourser les excédents mais également le principal dans les emprunts . Ces dettes s’élèvent à 4 500 millions de dinars . Ceci est une somme considérable que le budget ne peut supporter qu’avec une grande difficulté . Ainsi nous, nous adressons à nos amis, non pas pour évoquer ces dettes définitivement. Nous ne demandons pas cela. Mais nous nous demandons l’investissement de ces dettes dans des projets en Tunisie . »
La Tunisie a tout à gagner en tirant profit de l’expérience allemande .Il s’agit d’une industrie de pointe qui n’a pas besoin d’être reconnue car elle est déjà mondialement connue. Une industrie qui ne s’est pas développée à l’écart des autres secteurs économiques et sociaux en Allemagne . Le secret de ses prouesses est qu’elle n’a jamais été un sujet de discussion en étant isolée des autres préoccupations sociales en Allemagne. La montée en force des écologistes dans ce pays depuis les années quatre vingt , l’Allemagne en a tenu compte . Les préoccupations de ce mouvement qui est devenu par la suite un parti fort, ont eu une influence indiscutable sur la société allemande avec le souci commun de vouloir préserver la nature, en même temps que le respect des travailleurs et les conditions de travail . C’est en Allemagne que la première alerte a été donnée, que les ressources naturelles ne durent pas éternellement et qu’elles ne sont pas intarissables.
Le second point qui est loin d’être négligeable , il est celui de la formation permanente. C’est précisément, ce point qui fait la force de l’Allemagne , si ce n’est pas son véritable secret, et qui la différencie par exemple du modèle français particulièrement. La formation professionnelle en Allemagne elle est continue. On n’attend pas que les les écoles et les universités forment de nouveaux travailleurs pour se retrouver avec une masse de demandeurs d’emplois qui deviennent « un problème » à résoudre. En Allemagne, chaque jeune peut commencer une carrière avec n’importe quel métier . Sa formation est garantie au fur et à mesure, pendant qu’il occupe un emploi. Ce procédé lui permet d’accéder à de nouvelles connaissances et l’engage à faire appel à son imagination et à ses compétences. Résultat ,le même jeune qui a démarré sa carrière comme un apprenti connaissant peu de choses du domaine dans lequel il s’est retrouvé, tout en ayant quitté l’école très tôt, peut se targuer au bout de quelques années d’avoir un savoir faire acquis sur le terrain et un niveau de connaissance à rendre jaloux ceux qui sont restés dans le seul circuit de l’enseignement. C’est le privilège de l’expérience allemande qui met en oeuvre systématiquement tous les partenaires et acteurs sociaux au défi de leurs responsabilités dès qu’il y a un problème social à résoudre. Il n’ y a pas de cloisonnement entre institutions, autant qu’il n’existe pas de classification qui privilégie un groupe humain sur un autre pour avoir droit à la connaissance et au savoir. Surtout ,on n’attend pas que les problèmes tombent pour les résoudre , on apprend à anticiper leurs arrivées. C’est la seule manière qui a fait que ce système soit performant avec une large longueur de vue.
Angela Merkel s’est servie du prétexte de la dette tunisienne pour affirmer que l’Allemagne est disposée à communiquer ce savoir faire allemand . Elle a fait découvrir cette logique de la réussite en proposant les interventions sur le terrain de différents partenaires mais dans des domaines de compétences variées. C’est le signe qu’elle a saisi rapidement que l’affaire de la dette n’est pas une affaire exclusivement de sous ni de banquiers. C’est une logique qui emboite le pas à toute démagogie.
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