Salah Ben Omrane lundi 26 mars 2012 à 10:44
Il était prévu dans Tunis, devant le théâtre municipal, que ce dimanche 25 mars 2012 soit une journée de fête qui devait se dérouler dans la joie et dans la bonne humeur. Une journée en hommage aux métiers du spectacle, consacrée au théâtre, à la danse, au chant et aux beaux arts. Moez M’rabet, président actuel de l’association tunisienne des anciens élèves de l’école d’art dramatique, avait informé le service adéquat du ministère de l’intérieur sur ce projet, dix jours auparavant, et il avait obtenu à cet effet l’autorisation. Cela devait être une occasion pour des retrouvailles entres amis. Certains se sont déplacés en familles, pour le bonheur des enfants, qui devaient participer à leurs tours au spécial grand évènement dominical. Le programme commençait à dix heures du matin et aurait dû se terminer à cinq heure de l’après midi. Une estrade a été érigée face au théâtre pour les besoins des invités.
Mais, il en a été décidé autrement. Il y avait une manifestation de salafistes avec leurs processions habituelles en agitant le drapeau noir, devenu leur emblème . Celle-ci, devait se dérouler à quelques centaines de mètres du théâtre , au bout de la même grande et large avenue Habib Bourguiba. Ils affirment qu’eux aussi avaient obtenu leur autorisation du même ministère . Surprenant, qu’il soit accordé deux autorisations à des manifestations qui se tiennent à proximité de l’une de l’autre et il est encore plus surprenant qu’aucun dispositif pour maintenir l’ordre et la paix n’ait été placé pour endiguer tout débordement. En toute logique, le ministère de l’intérieur n’est pas sans savoir ce que cela signifie que d’accorder sa bénédiction à une manifestation de salafistes, à proximité d’un lieu où, il a été déjà accordé une autorisation à une autre manifestation où il est question d’art et de culture. Nul n’ignore le désir profond chez les salafistes pour la culture, mais à coup sûr, pas celle qui devait se dérouler devant le théâtre municipal. Des les premières heures de la journée, les salafistes l’ont fait savoir en semant la panique parmi les gens venus spécialement pour la fête. Cela a commencé par des insultes et des invectives en direction de ceux qui s’étaient déguisés pour le spectacle. Les agents de sécurité et de l’ordre, se sont fait remarquer par leur absence totale pour protéger les familles avec femmes et enfants . Saïda Garrache , militante de l’Association tunisienne des femmes démocrates, présente dans les lieux, a tenté en vain de faire intervenir le ministère de l’intérieur, en s’y rendant à leur local directement sur l’avenue. Elle s’est faite huer et bousculer par les voyous salafistes. Elle avait trouvé refuge à l’hôtel Africa , sans pouvoir rejoindre le théâtre . C’est de cet endroit qu’elle avait tenté de joindre, à maintes reprises, le ministre de l’intérieur Ali Larayedh en personne , pour lui demander la protection des gens qui se sont déplacés pour la fête . Toutes ses tentatives se sont soldées par un échec.
Pendant ce temps là , les bandes excitées de salafistes poursuivaient leur chasse aux artistes sur l’avenue. Tous ceux qui devaient participer à la fêtes, qui s’étaient déguisés pour la circonstance sans pouvoir se confondre dans la masse, étaient insultés , poursuivis et accompagnés par des coups et des jets de bouteilles . Ils n’ont eu du répit qu’en longeant le mur du théâtre pour y entrer par une de ses portes dérobées.
Les journalistes avaient dégusté ce genre d’exactions salafistes. les enseignants y ont eu droit également. Les artistes viennent de s’ajouter à la liste. Quelle sera leur prochaine cible ? C’est une question légitime pour savoir s’il faut se préoccuper pour acquérir des armes afin de pouvoir se défendre avant qu’il ne soit trop tard. En démocratie , lorsqu’il y a un groupe qui devient belligérant, le minimum des droits, quand les pouvoirs publics deviennent démissionnaires sans le déclarer officiellement et publiquement , il consiste à faire rétablir l’équilibre par les armes. Si cette escalade n’est pas le but recherché par quelques officines politiques , je voudrais bien que le contraire soit démontré et prouvé .
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