Qui a peur de Moncef Marzouki ?

Salah Ben Omrane  08 décembre 2014   23:15

  Pourquoi débattre quand il n’y a aucune loi qui oblige les deux candidats à la présidence de la république de s’affronter publiquement, les yeux dans les yeux ?

Et si la demande de débat public n’est pas qu’un simple voeu exprimé par l’un des deux candidats à la présidentielle ?  Qu’il se trouve qu’elle soit également une réclamation  à laquelle adhère une grande partie de la population.

Il n’est pas insignifiant que la télé rende compte et transmette une rencontre entre les deux candidats qui se disputent le fauteuil de la présidence de la République Tunisienne. C’est un moment précieux qui occupera une place historique dans les archives nationales, si bien entendu, le désir de démocratie existe réellement chez les deux candidats sans qu’aucun ne soit velléitaire.

La politique du moins on dit mieux on s’en sort,  est une politique passéiste et rétrograde !

Dans ce monde moderne, la Tunisie a besoin d’un président éveillé. Les futurs interlocuteurs à l’étranger, du futur président de la République Tunisienne, doivent être approchés par un Président vif, souple, non fuyant  et surtout courageux pour défendre les dossiers de la Tunisie à l’aise dans toutes les circonstances et comprenant ce qui se dit dans le plus de langues possibles. Certainement pas un Président à qui on indique par le doigt, là où il doit apposer sa signature et qui s’interroge en murmurant à son proche conseiller si ce qu’il vient de faire lui semble bon ?

Nous avons besoin de voir les deux candidats confronter publiquement leurs visions respectives de la Tunisie. Nous avons besoin d’entendre ce qu’ils comptent faire, de confronter leurs programmes, chacun à l’avis et à l’interrogation de son interlocuteur. Il n’est pas superflu, bien même au contraire, de voir la capacité de chacun de présenter ses idées, en connaître sur la maîtrise des dossiers qui attendent le futur président et par delà apprécier sa façon de réagir et d’aborder ce qui lui est soumis ou opposé ?

Voici un document de l’INA (Institut national de l’audiovisuel),  il retranscrit le débat entre les deux candidats prétendants à la présidence de la république française. Il a eu lieu le 5 mai 1981, soit cinq jours avant le vote. Un document qui présente le respect des candidats à la présidence envers leurs citoyens en se livrant à découvert :

Pour faire fonctionner la vidéo qui dure 2 heures 18 minutes, appuyez sur ceci : youtube ina

Le débat retransmis par le petit écran, entre les deux candidats du deuxième tour de la présidentielle et en compétition,  fait partie intégrante du processus démocratique dans le choix par le peuple de son candidat. C’est une tradition instituée en République Française et dans tous les États démocratiques.

Ce n’est ni plus ni moins que ce qu’on espère voir en Tunisie, avant le passage des électeurs devant les urnes pour choisir leur candidat favori. Autrement, sans ce débat réclamé, on peut dire que la petite lumière prometteuse, qui a commencé à faire signe que la Tunisie est sur la bonne voie, avec ces élections, n’est qu’une illusion. Que l’absence de débat est une reculade, un mépris envers le peuple, qui va coûter cher aux Tunisiens dans le processus démocratique. Bref, qu’on prétend vouloir la machine « Démocratie », et que quelques politiques s’efforcent pour la laisser débranchée dans son carton d’emballage .

Côté média, on fait comme si la question du débat est définitivement réglée. D’une chaîne de télé à l’autre et d’une station radio à l’autre, il a été décrété que la question ne fasse plus partie de l’ordre du jour. Que le fait accompli, du choix de l’un des deux candidats, Béji Caïd Essebsi, de ne pas débattre publiquement avec son adversaire Moncef Marzouki, est un choix personnel et non un problème national. Pire, qu’on préfère continuer à se délecter à faire du plagiat, à mettre du gel, abuser du scintillant et du tape à l’oeil, à se morfondre dans le faux-semblant et donner l’illusion qu’il suffit d’un peu d’habileté et de doigté pour réussir à faire croire qu’on peut faire comme dans les pays démocratiques et que cependant, ces mêmes médias font preuve de leur incapacité à forcer les candidats pour se retrouver l’un devant l’autre pour un débat public. Pendant ce temps, le mimétisme ambiant se balançant entre le ridicule et l’obscène, tente désespéramment  d’accrocher le public à tout ce qu’il y a de plus vil en politique, à savoir inviter un acteur politique, généralement un membre d’un parti proche de l’un des deux candidats, lui demander de réagir sur ce qu’a prétendument déclaré son adversaire à son sujet. De la médisance. Le journalisme de torchon et des ragots ! Qu’ensuite, on ose vous lancer fièrement qu’on peut faire du journalisme comme ailleurs , comme en France par exemple.

 

Ettounsia et Canal +Puis,

Ettounisia France 2Puis,

ettounsia canal +jusqu’au détail près :

plan caméra pour l'invité dans les 2 chaines

 

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