À la recherche de l’ARP perdue

Salah Ben Omrane  samedi  05 avril 2015  21:15

   Le contenu des débats au sein de l’hémicycle de l’assemblée nationale est un bien public immatériel et précieux.

Il est une propriété publique qui appartient aux députés, à l’assemblée nationale et à la nation entière, sans celle-ci , il n’y aurait pas d’élus et ce haut lieu n’existerait pas.

L’État en est donc le propriétaire, il doit le conserver mais il a le devoir de mettre cette matière à la disposition du public dans un temps raisonnable, par des moyens et sur des supports visibles et accessibles par tous. Il doit faciliter la communication de tous les documents qui ne sont pas scellés par la confidentialité, conformément à avec des règles strictes bien définies et connues de tous dans le but de tenir les citoyens informés sur les travaux parlementaires dans une transparence totale. Le public doit savoir ce qui se dit à l’assemblée parlementaire au cours des séances plénières, ce qui se dit, comment il se formule ainsi que la nature des expressions dans les échanges d’idées entre élus. Tout ceci doit être disponible en toute circonstance, à tout instant, dès lors qu’il se produit. Tout citoyen doit pouvoir avoir les moyens accessibles et facilement s’il veut vérifier ou apprécier la manière dont s’exécute le mandat des élus. Se présenter devant les électeurs pour réclamer leur vote, engage les élus et les pouvoirs publics qui organisent les élections à montrer à tous, publiquement ce qui se fait avec le mandat électif, autrement on ne parle pas démocratie.

Depuis 2011, gouvernement après gouvernement, assemblée après assemblée, on ne cesse de dire et de répéter qu’il faut rompre avec les mauvaises méthodes et les vielles pratiques du passé en matière de gestion de l’information publique. Rien ne bouge ! Le résultat demeure désastreux. Les murs devant l’information et l’accès à l’information sont d’un autre âge et il est urgent d’y remédier.

Tunisie[Lien]

 Lorsqu’on tente de consulte les débats de l’assemblée, par le moyen du site de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) sur la page attitrée sur le net, on constate qu’il y a en permanence au moins un mois de décalage-retard dans la mise en ligne de l’enregistrement des débats à l’assemblée. Sauf que dans un mois, il se passe beaucoup de choses et les enregistrements mis en ligne en retard, qui sont devenus anciens, ne sont plus d’actualité. Ils sont bons pour les archivistes et les historiens et non pour celui ou celle qui  veut tout simplement exercer son droit d’être informé sur ce qui se passe et se fait au sein l’hémicycle.

Ici même dans ce blog, il a été souvent évoqué et contesté le phénomène de la rétention de l’information par les honorables serviteurs de l’État. Signe suprême du sous développement. Malheureusement, il colle encore à la peau des institutions étatiques de la Tunisie. C’est à croire, que pour être entendu dans ce pays, il n’y a qu’un recours : agir dans les tribunaux avec un aréopage d’avocats et une foule qui brandit des pancartes devant une administration, autrement rien ne bouge, rien ne se fait ! Pourtant, nul besoin d’un immense studio audiovisuel ni d’un crédit d’État pour financer quoi que ce soit comme matériel, dans la mesure où il suffit en quelques minutes et gratuitement de diffuser l’enregistrement de chacune des séances des débats sur le net dès qu’elles sont terminées.

Le plus récent des enregistrements présents sur le site de l’Assemblée date du 5 mars alors que nous sommes le 5 avril.

L’Assemblée a également un emplacement sur [Facebook]. Ne criez pas victoire tout de suite. Bien évidemment, les vidéos des débats n’y figurent pas. Cependant, il y a des photos et elles sont presque toutes tagués par un bandeau illustrant des images de l’emblème national. C’est d’un goût qui franchit avec un bruit assourdissant les lois du raffinement ou de l’esthétique qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Voici une illustration :

images taggées

Voyons quelques exemples de ce qui se passe ailleurs :

En France :

France[Lien]
Le dernier et le plus récent des enregistrements a été mis en ligne le vendredi 3 avril dernier. Ce même enregistrement est accessible en ligne depuis le vendredi soir . Zéro jour de décalage.

En Italie: Camera Dei Deputati

Italie[Lien]
Dernière mise en ligne des débats le 31 mars:

En Grande Bretagne: Parliament of the United Kingdom

Royaume-Uni[Lien]
Dernière mise en ligne le 26 mars 2015

En Allemagne : Deutscher Bundestag

Allemagne[Lien]
Dernière mise en ligne le 27 mars 2015.

En Belgique : La Chambre des Représentants de Belgique

Belgique[Lien]
Mieux ! Chapeau la Belgique ! Plus que de la vidéo, les débats du 2 avril ( il y a trois jours) ont été déjà transcrits, emballés  dans du papier et consultables depuis deux jours. En prime, ils sont en deux langues. Contenu intégral en 88 pages . Fax et mail du service transcripteur de la Chambre figurent sur le document. Ils invitent à y apporter des corrections au besoin. Cela fait rêver !

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