Salah Ben Omrane 05 juillet 2015 19:30
Prévisible et non surprenant, est l’état d’urgence que vient de décréter le Président de la République Tunisienne, Béji Caïd Essebsi, en faisant référence et rappel au décret n° 50 du 26 janvier 1978. Il a annoncé que sa durée est pour trente jour à commencer par la date de sa parution au journal officiel.
Dans son discours transmis sur la chaîne nationale, avec les apparences techniques qui indiquent qu’il a été travaillé et préenregistré avant sa diffusion publique, le Président prend le temps d’expliquer les raisons qui l’ont amené à prendre la décision de la nécessité de l’état d’urgence, qui intervient en plein milieu du Ramadan où le pays est plongé dans une chaleur caniculaire, affirmant avoir « pris cette décision après s’être concerté avec le Président de l’Assemblée du Peuple et le Président du gouvernement« .
L’attenant meurtrier et sanglant commis à l’hôtel Imperial Marhaba de Sousse faisant 39 tués et autant de blessés est l’évènement majeur et déclencheur à l’origine de son inquiétude : »Nous avions l’habitude de combattre le terrorisme dans les montagnes. Nos soldats, nos gendarmes ainsi que la police nationale ont payé un lourd tribut du sang. Nous étions en voie de gagner la partie contre ce phénomène. La plus grande opération, et nous croyions que c’était la dernière est celle du Bardo« .
Après un tour d’horizon, décrivant avec désolation le climat de contestation dans le pays qu’il estime peu enclin à attirer les investisseurs étrangers, il a regretté certaines méthodes qui se pratiquent du genre » Soit je travaille ou j’empêche les autres de travailler« et qui empêchent les entreprises de poursuivre leurs activités.
Ensuite il aborde le volet de la sécurité publique en soutenant les efforts de son gouvernement: « On doit reconnaître que les autorités ont fait leur devoir. » puis, il poursuit : »C’est à dire progressivement. » Et d’expliquer« Car on n’avait pas en Tunisie la culture du terrorisme. Ce terrorisme n’est pas que tunisien seulement, il intéresse toute la région à laquelle on appartient et peut-être encore plus. Pour l’affronter on doit préparer des équipements en humains des exercices et du matériel qui nous manque cruellement« . Une manière assez habile, qui à la fois prend à son compte et en même temps rattrape la déclaration du Président du gouvernement à la BBC, il y a 2 jours : » La police avait été trop lente lors de cet attentant« .
Parmi les raisons qui font que la Tunisie soit une cible, il explique que son voisinage avec la Libye, pays divisé et en état de guerre en continue et que la Tunisie partage une frontière de cinq cent kilomètres, ne facilite pas les choses. Il estime qu’au delà de la Libye, il y a la position de la Tunisie sur l’échiquier géographique des modes de vie et tendances politiques et ce que la Tunisie représente : » On s’interroge sur le pourquoi de cette action et cette haine. La réponse est claire : nous en Tunisie, nous sommes le seul pays qui a pris le chemin de la démocratie qui a organisé des élections loyales et transparentes que ce soit pour les législatives ou pour les présidentielles, qui a une constitution qui obtenu une large majorité pour organiser un État civil sans référence islamique ni à aucune autre religion. Une constitution qui a donné à la Tunisie un régime républicain.
Cependant dans son discours et sans lever la voix, il s’est adressé d’abord aux Tunisiens en les mettant face à leurs devoirs en faisant allusion qu’ils doivent être prêts à toute éventualité « Nous affrontons ce combat mais nous ne sommes pas à l’abri de certains dangers. Nous sommes en guerre contre le terrorisme et il faut lutter contre par les moyens adéquats à la guerre« . Avec son habileté dans le langage qui lui est propre, on a tous entendu son amertume et son profond regret que la communauté internationale ne prenne pas avec la gravité et le sérieux qui s’imposent, les coups infligés à la Tunisie, avant qu’il énumère ceux qui ont réagi positivement à ses côtés : » Il faut absolument dire que la Tunisie méritait le renfort extérieur car il n’existe pas en ce moment un pays à l’abri du terrorisme. Que ce pays soit dans la région à laquelle on appartient ou un pays en Europe ou ailleurs. La lutte contre le terrorisme doit rencontrer de l’entraide entre plusieurs pays pour qu’ils soient protégés. Nous avons rencontré, en toute sincérité, l’aide des États-Unis de la France, de l’Allemagne, de l’Angleterre de l’Italie et de l’Union européenne. je n’oublies pas l’Algérie qui a toujours été à nos côtés depuis qu’on a commencé la lutte contre le terrorisme.
Il se défend de toute velléité qui consisterait à museler la presse durant l’état d’urgence en appelant à la responsabilité : « Avec cela nous devons respecter la liberté d’expression, la presse, sans retour car, ce sont les acquis de la révolution. Or dans des conditions exceptionnelles , il faut que celui qui pratique la liberté d’expression ou de la presse tienne compte de la situation où nous sommes afin qu’il ne crée pas des conditions qui n’aide pas à la tâche. Je n’ai de reproche à adresser à personne, c’est juste un sentiment de responsabilité.
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