Salah Ben Omrane 30/11/2015 13:35
L‘annonce était faite que le Président de la République Béji Caïd Essebsi, allait faire une intervention télévisée publique hier soir.
Qu’avait il à dire aux Tunisiens, à moins d’une semaine après l’épreuve du récent attentat terroriste revendiqué par Daech, qui a eu lieu au cœur de Tunis dont 12 membres de la sécurité présidentielle ont été tués et blessant 20 autres personnes ?
Sur les 17:11 minutes de l’enregistrement de l’intervention présidentielle diffusée, 12 minutes (soit plus que le tiers) ont été consacrées à la description des remous à l’intérieur d’un parti politique Nida Tounes, le parti duquel le Président est issu. Il a exposé sa proposition pour endiguer la crise de ce parti.
Qu’y a-t-il de choquant dans cette intervention ?
- D’abord que le chef de l’État s’est adressé aux Tunisiens en s’exprimant sur les problèmes internes d’un parti, qu’il se trouve que le même président appartenait à ce parti mais que constitutionnellement il devait d’en détacher depuis qu’il occupe sa fonction de Président de tous les Tunisiens. Que de ce fait, son intervention constitue une violation du paragraphe 2 de l’Article 76 de la Constitution :
لا يجوز لرئيس الجمهورية الجمع بين مسؤولياتة و أي مسؤولية حزبية.
« Il n’est pas permis au Président de la république de cumuler ses responsabilités avec une quelconque responsabilité partisane.«
- Deuxièmement, le choquant dans cette intervention télévisée, est que tous les Tunisiens ont le droit à des explications de la part du chef de l’exécutif sur la situation sécuritaire en crise et attendent des mots et des phrases, qui prouvent que l’État est apte à apporter les solutions appropriées lorsqu’il est défié et que ses enfants soldats et policiers se font massacrer par des terroristes.
Consacrer les deux tiers de l’intervention à un problème qui n’est pas la préoccupation de tous les Tunisiens, cela ressemble à la politique de « اليوم خمر وغدا أمر ».
Est-ce que la présidence de la République n’a pas vu cette vidéo, faite et diffusée par Nessma avec l’intervention du cousin du berger assassiné, qui résume à elle seule les véritables problèmes de la Tunisie, met le doigt sur les racines du mal et souffle les solutions à celui qui veut bien l’entendre avant que les gens de Daech ne frappent aux portes ?
Il y a une distance dans les préoccupations entre cette intervention et celle du Président de la République, hier soir:
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