Salah Ben Omrane 14 janvier 2016 11:40
sfax est une ville polluée. Le responsable de sa pollution est une usine chimique SIAPE.
Dans cette usine qui s’étale sur 130 hectares et qui est à 4 kilomètres du centre ville, on transforme le phosphate en divers acides et autres produits chimiques.
L’usine a été implanté en 1952 quand la ville de Sfax ne comptait pas autant d’habitants qu’aujourd’hui (280 000 habitants), quand les constructeurs de l’usine faisaient peu de cas de sa proximité avec la population locale et surtout ne se souciaient pas de la catastrophe en pollutions qui allait enfler d’année en année, durant des décennies, en conséquence de leur décision. Ils ne juraient que par les retombées économiques.
Une marche est en cours à cet instant dans la ville. Elle est organisée par le Collectif Environnement et Développement à Sfax qui réclame la fermeture de l’usine Siape. Le point de départ de la marche, rendez-vous devant le stade Taïeb Mhiri, avec pour itinéraire, direction le siège du gouvernorat.
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Quels types de pollutions engendrées par l’usine?
-Pollution du littoral et ses conséquences sur l’écosystème marin qui a pour effet néfaste sur toute sa chaîne vitale avec une incidence sur la faune marine, la qualité de la végétation aquatique ainsi que sur son environnement aquatique.
-Pollution du sol en conséquence de tous les rejets toxiques de l’usine qui s’infiltrent dans le sol et qui ont un effet polluant sur la nappe phréatique à court et à long termes.
-Pollution de l’air par les gaz toxiques qui se répandent dans l’atmosphère et dans l’air que respire la population sans en avoir le choix.
Quelles conséquences engendrées par ces pollutions?
Désertion et renonciation à formuler tout nouveau projet économique dans la région et ses environs, malgré que les initiatives qui voulaient revaloriser la ville de Sfax n’y manquaient pas. Elles ont toutes fini par être découragées en y renonçant.
La Santé des Sfaxiens a été bradée au prix des retombées économiques attribuées à l’usine. Une large population souffre de maladies respiratoires chroniques et un taux du cancer anormalement élevé particulièrement dans cette région et en comparaison aux taux moyens dans les autres villes côtières qui ne subissent pas ce type d’industrie polluante.
Que fait la loi ?
En 2008, sous le régime Ben Ali, il a été décidé de fermer l’usine et de la transférer ailleurs. Problème, en huit ans, cette même décision n’a jamais été prise au sérieux ni mise en oeuvre pour qu’elle soit effectivement exécutée. Cela signifie-t-il que le régime de Ben Ali était plus soucieux de la santé des Tunisiens que nos vénérés démocrates d’aujourd’hui?
L’existence de cette usine dans les conditions décrites ci-dessus est une violation de la Constitution. Dans le préambule de celle-ci, il est écrit ceci pourtant : «Conscients de la nécessité de la contribution à un climat sain, à la préservation d’un environnement, intact, qui peut garantir la constante de nos ressources naturelles et la continuité de la vie saine pour les générations futures...».
Le même souci de préservation et de protection de la vie humaine et des ressources naturelles, est repris dans l’Article 45 de la Constitution :
تضمن الدولة الحق في بيئة سليمة ومتوازنة والمساهمة في سلامة المناخ .
وعلى الدولة توفير الوسائل الكفيلة بالقضاء على التلوث البيئي.
Sa traduction: «L’État garantit le droit à un environnement sain et équilibre et à la participation pour la préservation du climat.
À l’État de fournir les moyens de la prise en charge pour éradiquer la pollution environnementale. »
Où sont ces moyens pour éradiquer la pollution que l’État doit fournir ? Où est l’État tout court ?
l’intervention de la Députée Samah Damak le 11 janvier dernier en dénonciation de l’inertie pour apporter des solution au problème :
Aujourd’hui, maintenant et non demain!
Peut-on brader la santé de la population de Sfax, détruire l’environnement de la région, compromettre sa richesse sur des milliers d’années au seul argument que cette usine produit des recettes économiques en procurant du travail et occupe des salariés, qui en plus, cette même usine est obsolète conformément aux normes actuelles sanitaires et sécuritaires qui font qu’elle est nuisible et dangereuse? Faut-il en arriver à contraindre les décisionnaires responsable dans l’exécutif d’habiter la ville de Sfax durant au moins un mois pour qu’ils réalisent l’ampleur de la dangerosité et de la pollution?