Salah Ben Omrane 03 avril 2020 18:00
Le Coronavirus peut tuer en Europe mais il n’affaiblit pas le germe de l’arrogance vis-à-vis de l’Afrique. Lorsqu’il ne s’agit pas de politiciens, en mal de popularité dans leurs territoires, qui aiment se payer les africains, en toute impunité, avec des déclarations du style :« l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire*… », ou de certains affairistes véreux soutenus par leurs États, qui voient le continent africain en une grande poubelle à ciel ouvert pour engloutir leurs déchets toxiques, il y des médecins qui donnent de la voix en cette occasion de pandémie mondiale, en s’exprimant à propos de l’Afrique et de la place qu’ils réservent à l’Afrique dans leurs « travaux », qui sont aux antipodes du serment d’Hippocrate**.
Ce sont d' »honorables » professeurs en médecine, qui doivent certainement être bien respectés par leurs confrères et leurs collaborateurs.
Or à les entendre, il semble manquer dans leurs propos: l’empathie et l’humanisme. L’un des deux médecins a ouvert le bal en déversant publiquement son fantasme de voir l’Afrique en territoire d’expérimentation et de tests à grande échelle de nouveaux vaccins à expérimenter., comparant, lui-même, cela à des « tests chez les prostituées » . Le second n’a montré aucun signe de surprise par par la grossièreté du propos de son confrère qui venait de commettre un outrages contre l’Afrique et les africains. Au contraire, il l’a conforté dans sa vision méprisante de l’Afrique et des africains.
Voici l’extrait de cet échange, (débute à 03:08), suivi par sa transcription :
Lci , le 01 avril 2020 :
Pr Jean-Paul Mira*** : «Bonjour, donc, j’ai bien compris que c’était pour éviter l’apparition de la maladie, donc c’est pour des sujets, on va dire, sains, initialement, ou bien alors pour éviter chez les patients qui vont, enfin chez les patients qui vont développer, devoir la sévérité . Le problème c’est qu’on est en confinement avec des gens ultra protégés quand ils sont exposés, hein puisqu’il y a d’autres stratégies qui apparaissent aujourd’hui en donnant des médicaments un peu comme la prep sur le Sida mais les gens sont tellement, tellement protégés quand ils sont exposés, il va falloir un nombre considérable de malades pour voir une différence non ? Qu’en pensez-vous?
Pr Camille Locht****: Actuellement, justement c’est un travail qu’on est en train de faire avec ma collègue Odile Launey pour voir ou établir en fait un chiffre qui nous permet d’avoir des valeurs statistiques convenables, vous avez parfaitement raison, actuellement d’autres mesures de prévention qui sont mises en place ne fût ce que les masques déjà et donc peut-être la fréquence d’infection qu’on a actuellement , et je l’espère d’ailleurs, va diminuer dans les semaines qui viennentn a. C’est pour ça que cette étude est une étude à grande échelle dans plusieurs pays étrangers et on essaye tous de se coordonner avec le même type de protocole avec le même type de vaccin parce qu’il y a plusieurs BCG différents et aussi avec le même type de placebo. Et donc on espère quand même d’avoir des chiffres suffisamment importants pour avoir une valeur statistique.
Pr Jean-Paul Mira: Si je peux être provocateur, est-ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique où il n’y a pas de masques, pas de traitement, pas de réanimation ; un peu comme c’est fait d’ailleurs pour certaines études dans le Sida ou chez les prostituées ; on essaye des choses parce qu’on sait qu’elles sont hautement exposées et elle se protègent pas. Qu’est ce que vous en pensez ?
Pr Camille Locht: Alors vous avez raison et d’ailleurs on est en train de réfléchir en parallèle à une étude en Afrique justement pour faire ce même type d’approche avec le BCG un placebo . Je pense qu’il y a un appel d’offre qui est sortie ou va sortir. Je pense qu’on va en effet, sérieusement réfléchir à ça aussi ; ça n’empêche pas qu’en parallèle on réfléchir à une étude en Europe et en Australie ».
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* Discours de Nicolas Sarkozy, le 26 juillet 2007, à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (Sénégal).*
**Extrait du serment d »Hippocrate: « …Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, et je m’abstiendrai de tout mal et de toute injustice. Je ne remettrai à personne du poison, si on m’en demande, ni ne prendrai l’initiative d’une pareille suggestion ; semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire2 abortif. Je passerai ma vie et j’exercerai mon art dans l’innocence et la pureté… »
*** Chef de service réanimation de l’hôpital Cochin
**** Directeur de recherche à l’INSERM , Institut Pasteur de Lille
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