Salah Ben Omrane 15 octobre 2012 12:17
Habib Kazdaghli le Doyen de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, devra encore se rendre devant la justice le 25 octobre prochain. Il connait déjà le chemin.
Il est inutile de rappeler comment, peu à peu il était devenu l’homme qui a dit NON à l’introduction du Niquab dans les cours de la Faculté de la Manouba, en faisait fi à toutes les intimidations dont il en a fait l’objet. Celles-ci, ne proviennent pas que par le contact direct avec les salafistes, à visage découvert, qu’on lui a envoyés dans les pattes. Leurs défenseurs en coulisse, ont fait usage de tous les moyens pour le faire plier sans manquer d’inspiration et d’usage de la ruse.
Rappelons que Habib Kazdaghli avait fini par porter plainte contre deux filles Niquabées qui avait saccagé son bureau le 6 mars 2012. Pour lui, c’en était trop dans la série des exactions contre l’établissement d’enseignement universitaire, qui était pris pour cible par la horde salafiste, depuis le 28 novembre 2011. Pourtant ,il n’avait pas porté plainte auparavant , alors que lui, personnellement, physiquement, était bousculé et malmené à l’entrée ou à la sortie de son bureau. Pour lui , la ligne rouge était franchie , quand son bureau avait été saccagé. Les outils pédagogiques, propriété de l’État, ont été déchirés et jetés par deux Niquabées qui s’étaient introduites dans son bureau en opération commando, dans un timing qui coïncidait avec le saccage du drapeau tunisien à l’entrée de la faculté. Le Doyen avait tenu à ce que les deux Niquabées s’en expliquent devant la justice sur les faits graves qu’elles venaient de commettre. Il ne restait plus qu’à la justice de se saisir de l’affaire .
Les deux niquabées avaient organisé leur défense selon la méthode de l’attaque en portant plainte à leur tour, et en arguant que l’une d’elles avait été giflée par le Doyen. Du classique, du prévisible , qui prête plutôt à sourire pour tout procureur qui se respecte. Entendons nous , tout procureur qui jouit d’une indépendance dans l’examen des dossiers qui lui sont transmis, bien entendu ,dans un pays démocratique.
Or ,rappelez vous la plainte déposée par les policiers violeurs en Tunisie. La méthode de la contre attaque a drôlement fonctionné. Le Couple des jeunes fiancés a dû répondre sur l’accusation d’outrage aux bonnes moeurs en se rendant au tribunal . Cette méthode de « contre feu » est utilisée et efficace, quand il y a un halo de bénédiction au dessus de la cause ou de l’appartenance des traduits devant la justice. La malchance des policiers violeurs , est que le nuage protecteur s’est dissipé quand le monde entier s’est mobilisé pour la cause de la véritable victime du viol. Le Contre feu , n’est pas original , mais sa flamme a l’avantage d’éclairer la zone de l’appui.
En ce qui concerne l’affaire du Doyen de la faculté de la Manouba, le 5 juillet 2012,le ratio, qui se compose de la puissance de ceux qui soutiennent la cause des Niquabées en opposition à ceux qui sont venus soutenir la cause du Doyen , était plutôt à l’avantage des premiers. Le réexamen de la plainte des niquabées sous de nouveaux chefs d’accusations, encore plus graves, a laissé pantois plus d’un individu.
Pour comprendre le contexte, il est important de rappeler que trois mois avant la traduction de Habib Kazdaghli devant un juge , les salafistes étaient reçus par le numéro un du pays qu’est Rached Ghannouchi. Il leur a affirmé que c’est bien « Ennahda [qui]est devenue la maîtresse qui organise l’opération. Ceci, personne ne l’attendait: ni en occident , ni en orient ,ni chez les laïques. ». Il leur a désigné « les poches de résistances » par sa déclaration suivante : « Maintenant les entités laïques dans ce pays, il est vrai qu’elles n’ont pas obtenu la majorité , mais elles ont les médias, l’économie est entre leurs mains. L’administration tunisienne ! » , ajoutant « Dans leur main ( l’élite laïque), il y a les médias et l’armée. Elle n’est pas garantie l’armée. La police n’est pas garantie…..les organes de l’État, ses arcanes, sont encore entre leurs mains. Tous les rouages sont dans leurs mains ».
À-t-on encore des doutes que la nature du procès intenté à Habib Kazdagli , Doyen de la Faculté de la Manouba ,qu’il ne s’intègre pas dans la logique de noyautage d’un Islam pur et dur salafiste ?
À-t-on encore des doutes qu’il y a un empressement pour faire inscrire la Faculté de la Manouba parmi les conquêtes énumérées par Rached Ghannouchi aux Salafistes ?
À-t-on encore des doutes que faire tomber Habib Kazdaghli , devenu un symbole encombrant , « la bête noire du nouveau régime » et malgré lui , dans la lutte contre l’instauration rampante d’un État religieux en Tunisie, signifie la victoire du Pouvoir actuel, et en même temps, montrer le sort que réserve ce Pouvoir à celui qui s’obstine à ne pas décoder comme il faudrait ses messages , bref qui refuse de se coucher ?
Le lien pour signer la pétition de soutien de Habib Kazdaghli
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