Salah Ben Omrane 12 janvier 2016 14:55
Même ses adversaires politiques lui témoignent de l’admiration, Samia Abbou. Avec de la retenue, accompagnée d’un sourire Mehrzia Laabidi* avait dit à la radio, à propos de sa collègue dans les bancs de l’Assemblée nationale: «Sans Samia Abbou, l’Assemblée ne serait pas ce qu’elle est !».
Heureusement, hier, pour le gouvernement Habib Essid, Samia Abbou n’avait droit qu’à 6 minutes de temps de parole au micro de l’Assemblée. Chance pour les nouveaux ministres, le micro lui a été coupé aussi sec qu’elle a épuisé son temps de parole. De toute la séance de consécration des nouveaux ministres à leurs nouveaux postes, séance qui a duré plusieurs heures, le public n’a retenu que les six minutes de Samia Abbou, qui ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux dès la clôture de la séance plénière. Une séance qui marquera le gouvernement Essid, alors que légalement, il aurait pu s’en passer. Allez comprendre les mécanismes du Pouvoir, quand on sait qu’une telle expérience peut laisser des séquelles de traumatisme chez des personnes fragiles qui n’ont vu jusqu’à cette séance qu’embrassades et congratulations pour le poste de ministre de ministre décroché. Amel Karboul, ancienne ministre s’en souvient encore et en a parlé récemment de son exposition de ministre devant la vindicte des élus.
Voici la vidéo et ma traduction de son intervention :
Samia Abbou :
« Bienvenue au monsieur Président du gouvernement, bienvenue aux candidats pour obtenir la confiance pour devenir des membres du gouvernement.
Premièrement , je commence, disant, j’ai fait mon investigation, non pas dans les CV que vous nous avez amenés, mais, ceux que vous ne nous avez pas amenés.
J’ai cherché un peu, en toute vérité, je n’ai pas trouvé la logique de votre remaniement ministériel, monsieur.
Première chose, je veux vous dire, quand vous étiez venu pour obtenir la confiance de notre Assemblée, je tiens à vous rappeler un mot que je vous ai déjà dit, je vous l’ai dit, vous monsieur le président du gouvernement, vous n’êtes pas l’homme de l’étape!
Ce n’est pas que vous n’êtes pas un homme travailleur, vous êtes travailleur. C’est vrai! Mais, vous n’êtes pas le décisionnaire! C’est à dire que vous n’êtes pas Président du gouvernement. Vous êtes au rang de Premier ministre dans un gouvernement présidentiel. Vous exécutez! L’étrange, est que tous ceux que vous nous avez amenés exécutent. Elle est là la puissance!
Je commence d’abord par le monsieur des associations locales, monsieur Chahed. Sa récompense du comité 13. Leurs affaires ne m’intéressent pas, mais on vous l’a choisi pour des raisons qui concernent le demain: les municipalités! Ainsi la réussite qu’il a effectuée va l’effectuer pour les municipalités.
J’arrive à celui qui est à côté de vous, monsieur le ministre de la Justice. Monsieur le ministre de la Justice est celui… C’est vous qui nous les avez amenés. On ne parle pas comme ça. Je ne comptais pas parler de lui par exemple. Il ne me concerne pas pour que j’en parle. S’il ne vient pas à l’Assemblée, on n’en parle pas! Vous nous l’avez amené vous l’assumez ! Il est l’homme des sales besognes chez Ben Ali. Je vais vous donner de quelles besognes il s’agit car, dans le CV, elles n’y figurent pas : Le vol du yacht qu’avait fait Imed Trabesi, qui est le juge d’instruction qui avait pris en charge l’affaire? C’est le monsieur à côté de vous! Pareil; le coup contre l’Union Générale des Travailleurs, quand, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, quand Ben Ali a voulu leur taper dessus, dans l’affaire Sahbani, c’est le monsieur à côté de vous. Ben Ali ne l’avait pas récompensé or la Révolution l’a récompensé.
Pareil, je vais à la chose, qu’en principe on devrait pas en parler. C’est lui qui avait choisi d’aller en Israël, c’est lui qui a choisi de suivre avec eux. C’est lui qui a choisi à ce qu’il exécute les consignes de son idole à qui on adressait des louanges . Pour nous, c’est non, monsieur le président! Non pas nous comme assemblée, mais nous c’est le peuple qui en a décidé.
Moi je circule dans la rue et je vous le dis en toute franchise. Il y a du défaitisme! Ce n’est pas de la colère c’est du défaitisme pour votre choix du ministre des Affaires étrangères. Normalement après la révolution, si vous prenez le temps de vous asseoir à côté de lui, il vous dira où il était caché. Après la révolution où il s’est caché? Et il a raison de se cacher. Dieu l’a voulu ainsi, qu’il soit impliqué. Il a été induit en erreur comme les autres étaient induits en erreur.
Je vous donne encore plus que cela. Le monsieur ministre du Commerce le candidat au ministre du Commerce. Vous l’aviez refusé vous même. Pour des raisons que Dieu seul le sait, de ce qui ressemble à de l’abus ou dans ce genre. Maintenant que vous l’acceptez, cela veut dire quoi? Expliquez-moi ? Je vais vous le dire, car j’ai une réponse. Je vous le jure, j’ai une réponse monsieur le Président du gouvernement.
Pareil, nous enlevons le ministère de l’Industrie et prenons le dossier de l’Énergie pour le donner au ministre de l’énergie. C’est un grand dossier l’énergie, c’est grandiose! Pourquoi ? C’est si important l’énergie? On le verra!
Pareil, quand je regarde, comment vous rabaissez la femme, il y a bien du mépris pour la femme, mais si , il y a bien du mépris pour la femme! Ne travaillez plus avec la femme!
Si quelqu’un vient un jour ici nous pérorer son discours sur la femme, il aura affaire avec moi. Le ministère de la Culture, tellement vous l’avez méprisé et vous avez méprisé la femme que vous les avez mariées.
Vous êtes absent de la réalité tunisienne et vous êtes absents des problèmes de la réalité tunisienne. C’est à dire moi, quand je regarde qu’est ce que je trouve ? Je trouve que le gouvernement que nous avons est un gouvernement d’exécution. C’est à dire un outil d’exécution. Ce n’est pas un gouvernement d’une stratégie dans les décisions. Le problème, il est: où est le gouvernement ? Qui nous gouverne ? Qui gouverne ce gouvernement de marionnettes ? Qui fait bouger ces marionnettes ? Je veux le savoir . Si vais au Palais de la Présidence , je me dis que c’est le Palais de la présidence qui fait bouger tout ça. C’est monsieur Béji Caïd Essebsi qui les fait bouger. Sauf que monsieur Béji Caïd Essebsi a dit que c’est le responsable qui me fait bouger. De sa bouche, il a dit cela. Dites nous qui gouverne aujourd’hui la Tunisie ? Qui nous fait bouger ? Qui décide pour nous aujourd’hui ? Même les marionnettes, vous les avez séparées. Puisque nous avons le nouveau mariage, le mariage illégal, celui qui a deux ailes, alors que moi, je me demandais pourquoi le pays ne décolle pas, il vient de se révéler que ses ailes sont Ennahda et Nidaa . Désolé le pays ne décolle pas. Zéro! Zéro, ses affaires et moi qui me demandais sur le pourquoi.
Juste un mot monsieur le Président. Je vous supplie de sauver ce qu’il en reste de ce pays. Changez, changez ! Ce n’est pas de cette manière qu’on procède pour changer. Je n’ai pas trouvé une logique . À propos d’échec, vous nous avez laissés dans l’échec.
Je vous le dis, le monsieur ministre du Développement et de l’Investissement, et pour preuve dans une assemblée gouvernementale, vous avez décidé de changer une opération entière qu’il a effectuée. Le monsieur ministre de la Santé , madame la ministre du tourisme, monsieur le ministre de la femme. Des ministères en échec, or vous ne croyez pas à l’échec . Vous nous faites aujourd’hui quelque chose de nouveau . Le combat contre l’abus. C’est une bonne chose . Comment comptez-vous combattre l’abus ? Dans votre cerveau vous n’avez pas ce que veut dire l’abus. Le sens de l’abus!
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