Emmanuel Macron sur Al Jazeera

Salah Ben Omrane mercredi 04 novembre 2020 00:30

À qui s’est adressé précisément le Président E. Macron dans l’enregistrement (voir en bas de la page) qu’il avait effectué en compagnie d’un journaliste d’Al Jazeera et qui a été diffusé samedi dernier ?

Voici un extrait, transcris, non sans mal, car il arrive qu’Emmanuel Macron ne prononce pas la totalité des syllabes de certains mots. Il lui est arrivé aussi, de commence une phrase, l’abandonne en cours de route, puis repartir sur une nouvelle qui véhicule une nouvelle idée. Sans oublier, bien entendu, que le tout est enrobé par une qualité technique sonore décevante :

Le journaliste d’Al Jazeera :

«. . . Les musulmans s’opposent à toutes les caricatures (1) : de Moïse, de Jésus, de la Vierge Marie, mais ils remarquent que les dessins, les caricatures de Mohamed, le prophète de l’Islam, SAW,  est (sic) facilement répétée, la publication est très facile, la republication, cette répétition, comme si  c’est très facile de caricaturer le prophète de l’Islam plus que les autres.

Emmanuel Macron:

Non, je vous l’ai dit, d’abord c’est faux factuellement et ça n’est pas vrai dans cet »histoire ; les catholiques de notre pays ont parfois été aussi beaucoup choqués par ce qu’ils avaient vu. Je sais que les Juifs ont pu l’être. Et donc il faut voilà (2) discuter. Vous savez quand ça vous touche vous-même (3), je ne parle pas de la caricature d’une religion, ça peut ne pas vous plaire. Ce n’est pas parce que quelque chose ne  vous plaît pas ou vous choque que ça justifie la violence une fois encore. Mais je n’accepte pas l’idée qu’il puisse y avoir une forme de stigmatisation. C’est faux ! Et je veux aussi insister sur le fait que la liberté d’expression est quelque chose de beaucoup plus large que la simple caricature, mais elle est là ! Donc voilà, je pense qu’il ne faut pas tomber dans une espèce de provocation contre provocation. Je voulais vous redire la vérité des choses, à la fois l’histoire(se sait)(4). Ces dessins sont faits en France (5). Ce n’est pas la loi de l’Islam qui s’applique en France, c’est la loi du peuple français souverain. Il en décide. En particulier ces lois viennent du XIX siècle. Qui serait-je pour dire, parce que  une religion a un problème avec telle représentation ou tel mot, je dois interdire. Je ne peux pas le faire. Je pense que ce n’est pas ma vocation. Et donc ce que je veux, c’est qu’ensemble, lever les mensonges et les ambiguïtés et je veux dire à tous les musulmans du monde, il y a dans vos pays des choses qui ne plaisent pas forcément à certaines religions, peut-être aux ressortissants de mon pays. Vous attaquent-ils parce que ça ne leur plaît pas, parce que ça les choque ? Non ! Nous devons apprendre à nous connaître les uns les autres, à comprendre de nos lois de nos habitudes, viennent. Mais, il n’ y a rien qui dans ces caricatures, dans cette liberté d’expression, est fait contre une religion quelle qu’elle soit et en particulier contre l’Islam. Mais il y a l’important dans notre pays, beaucoup de pays, moi je le vois aussi avec une certaine tristesse, beaucoup de pays dans le monde ont renoncé à la liberté d’expression ces dernières décennies. Parce qu’il a eu des polémiques, par la peur, par le chaos justement des réactions. Et donc on a une forme de réduction de cette liberté de dessiner, de discuter, qui est parfois de provoquer, qui je crois est grave pour notre liberté à tous. Donc croyez dans une chose, ici en particulier, votre serviteur en tant qu’élu Président de la  République française, respecte tous les citoyens de France mais tous les citoyens du monde quelle que soit leur religion. Je suis attaché à ça. Mais je veux que vous compreniez  quel exercice de cette liberté en France et dans d’autres pays et qu’une marque de mon respect est aussi de traiter les musulmans comme toutes les religions et d’essayer d’installer cette espace  de respect qui peut accepter l’humour, le décalage. À moi de dire quand les choses, parfois, choquent mais pas pour les interdire ou les réduire mais pour qu’on puisse en parler.

Le journaliste d’Al Jazeera :

Souvent quand on parle de l’Islam en France, les musulmans citent l’antisémitisme . Pourquoi il y a des lois qui pénalisent l’antisémitisme ? Pourquoi il y a des lois qui ferment le débat sur certains faits historiques, par exemple le révisionnisme et des trucs comme ça (6), qu’on peut pas et qui sont protégés par la loi française (7).

Emmanuel Macron:

Oui je confirme

Le journaliste d’Al Jazeera :

Ils disent: est-ce qu’il n’y a pas la possibilité d’avoir des lois pour protéger leurs symboles sacrés ? (8)

Emmanuel Macron:

Alors vous confondez deux choses : l’Histoire, le respect des peuples entre eux et les religions. La France combat l’antisémitisme et le racisme sous toutes les formes. Et l’antisémitisme en tant qu’elle est l’attaque, la remise en question, la haine contre un peuple, mais contre tous les peuples. L’antisémitisme et le racisme. En France sont combattus et interdits par la loi. C’est donc, il n’y a pas que l’antisémitisme, ça serait faux, tous les racismes. Mais de la même manière, en France, on a le droit de caricaturer, pour reprendre ce qu’on évoquait à l’instant, de critiquer la religion juive comme toutes les religions. Donc il n’y a pas un double standard. Il n’y a pas un double statut. C’est faux, C’est faux!  Il y a en France une loi qui pénalise, en effet, le révisionnisme historique. Parce que beaucoup de gens construisent l’antisémitisme sur la négation de ce qu’était la Shoah. C’est un fait historique. Mais en France nous n’accompagnons qu’un fait historique. Allez chercher dans d’autres pays le refus de voir tel ou tel génocide ou d’enseigner telle ou telle épreuve de l’Histoire. Pas en France ! Nous reconnaissons les choses y compris d’ailleurs les crimes que nous avons nous-mêmes commis. Je le rappelle,  il y a maintenant 25 ans, Jacques Chirac (10) a reconnu la responsabilité de l’État français pour… c’était la deuxième guerre mondiale. Nous avons nous-mêmes reconnus  ce qui avait été fait. au titre de l’esclavage et du colonialisme. Donc la France regarde son Histoire en vérité. Mais elle entende que chacun la regarde et que la haine ne se nourrisse pas d’une Histoire revue corrigée ou fausse

Fin de l’extrait

(1) Comment le journaliste d’Al Jazeera peut savoir que « Les musulmans s’opposent à toutes les caricatures. » d’où il tient cette information ? À quel titre, il a rencontré le Président de la République française, en se permettant de lui livrer une information de cette dimension. qui n’est issue d’aucun constat et n’a pas de lien avec la réalité ?

(2) « voi » aspiré.. On n’entend que « là » du mot « voilà ».

(3) Piste abandonnée.

(4) Doute sur la prononciation de « se sait ».

(5) Les 12 dessins caricatures ont été réalisés au Danemark en 2005 dans le quotidien Jyllands-Posten. Charlie Hebdo les a imprimés en reproduction par « solidarité » avec le journal danois. Ils ne sont pas faits en France mais uniquement reproduits.

(6) Je pense qu’il n’est même pas nécessaire de s’attarder sur cette expression formulée par le journaliste : « et des trucs comme ça« . Rappelons qu’il est en présence du Président de la République dans un contexte qui exige la bonne expression, dans une oralité, la plus appropriée, la plus adaptée, aussi bien pour exprimer des idées claires et précises que de se conformer à la circonstance qui n’a en principe, rien de familier.

(7) Ces interrogations sont un mélange de non sens qui est propre aux débats infertiles dans les Cafés. Elles sont entachées d’une naïveté sidérante et d’une méconnaissance de la dynamique dans la progression des groupes humains dans toute nation et dans toute société.

(8) Le journaliste d’Al Jazeera donne l’impression comme s’il était dans un magasin et qu’il demande à un vendeur s’il n’avait pas un vêtement d’une certaine taille, avec une couleur particulière.

(10) Discours de Jacques Chirac du 16 juillet 1995

Cet article, publié dans actualité, information, langage, polit-média, polit-religion, Politique, religion, Uncategorized, est tagué , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.