Salah Ben Omrane , jeudi 23 août 2012 à 10:40
L’avant projet de la nouvelle constitution circule en ce moment. Il est dans un format PDF voué à la simple consultation. Une curieuse procédure de communication , qui devient redondante de la part des dirigeants du pouvoir actuel en Tunisie , qui sondent les échos que leurs travaux suscitent, faisant semblant qu’ils ne laissent pas entendre qu’ils les ont souhaités.
Il est écrit dans son préambule qu’il s’agit de « la révolution de la dignité de la liberté et de la justice ». Mais, peut-il y avoir de la dignité de la liberté et de la justice sociale dans un pays en souffrance, rongé par un mal qui se prénomme 800 000 chômeurs ?
Cela ne semble pas être la préoccupation des Constituants !
Le mot «travail» ne figure pas dans cet avant projet. Il n’est pas reconnu dans ce projet de cette constitution. Le mot « chômage » est également inexistant . Est-ce une lacune ou est-ce intentionnel ?
En réalité, l’absence de ces termes constitue en soi le symbole du parcours que vient d’effectuer l’Assemblée Constituante. La vérité est que s’il y avait du travail , de quoi les nombreux jeunes au chômage puissent se constituer une dignité , il n’y aurait eu ni de soulèvement , ni de rébellion qu’on appelle « Le Printemps arabe». Il n’y aurait pas eu , non plus , ni de Constituants, qui par ailleurs sont grassement payés pour effectuer un travail non moins méritant que d’autres, et qui consiste à fabriquer de futures lois.
Quels sont les sujets favoris de ces Constituants inclus dans le projet ?
L’Identité arabo- musulmane , l’union du Maghreb , l’unité avec les peuples musulmans , la Palestine , le Sionisme . Ces sujets y figurent mais pas celui du « travail ». Comme si ces sujets allaient remplir le panier du Tunisien en allant faire ses courses. Comme si les Constituants ne désirent pas qu’avoir un emploi, ne soit pas la première préoccupation de leurs compatriotes. Comme si les Constituants voudraient que les Tunisiens deviennent des désoeuvrés , des godiches et des jobards qui passent leurs temps à scander des slogans de haine devants les Consulats et les ambassades où à écouter les sornettes de quelques excitateurs en mal de clientèle. Que pendant ce temps là , il faudrait compter sur les dettes pour vivre et que celles-ci se contractent sans aucune transparence sous prétexte qu’elles correspondent à des marchés publics ,mais que ceux-ci se réalisent sans appels d’offres publics et sans aucune transparence . C’est dans les officines et loin de tous les regards que les marchés se contractent. Comme s’il ne suffit pas que le Tunisien soit chômeur, mais en plus, ,il faudrait qu’il soit lourdement un endetté malgré lui.
Il faut vraiment toucher plus que vingt fois le SMIG tunisien ( qui est de 284 dinars soit l’équivalent de 150 euros) pour être aussi déconnecté de la réalité du pays pour aborder des sujets dont le Tunisien lambda n’en a cure.
Que doit faire l’État d’après ces Constituants ?
Contrairement à ce qu’on pourrait s’y attendre , c’est à dire , en réponse au soulèvement populaire qui avait secoué la Tunisie et qui avait fini par faire échapper quelques corrompus , les nouveaux tenants du Pouvoir et qui logent dans l’Assemblée Constitutionnelle, en formant une majorité , écrivent dans le projet de la constitution ceci :« l’État doit protéger la religion; Il doit être en charge de la liberté de la croyance et de la pratique des signes religieux ,protecteur des sacrés et doit garantir la protection des lieux de culte contre tout prosélytisme politique » .(article 4.1)
Sans rire ? C’est le religieux qui doit maintenant se méfier du prosélytisme politique ? Le Tunisien s’est soulevé contre la corruption et pour obtenir un cadre de vie sain dans lequel il exerce dignement un emploi , il s’est retrouvé un beau matin, avec une nomenclatura d’un genre nouveau qui lui réclame de s’occuper, d’abord et avant tout de son âme, et de veiller à ce qu’elle soit conforme avec les préceptes divins . Et on le prévient, que ce vaste programme n’est pas de la politique . Que s’il doute ou s’il n’y croit pas , ou par malheur, il conteste, on lui casse la figure au coin d’une rue en mettant cela sur le compte d’un groupuscule salafiste incontrôlable.
C’est à ce hideux spectacle, cette escroquerie des principes du soulèvement populaire , que le Tunisien fait face en ce moment et se retrouve au même point de départ, dans le piège contre lequel il s’est révolté , il y a presque deux ans.
Aura-t-il le droit de dire son mot sur ce qui se trame au sein de la vénérable Assemblée ? Son Président, Ben Jaafar, lui, a déjà donné la réponse : « Si Dieu le veut , c’est non ! »:
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لكن كيف يجب التنصيص على العمل في الدستور ؟ هل بمعنى حق كل مواطن في العمل ؟ أولوية التشغيل ؟أو دور الدولة في مكافحة البطالة أو التنصيص على منهج اقتصادي معين ؟؟ أو تحسين ظروف العمل ؟
Je ne suis pas un élu à l’Assemblée Constituante et je me garde d’indiquer à ses élus ce qu’il faut inscrire dans la constitution. Ce n’est pas mon rôle de leur dire ce qu’il faut ou ne faut pas et comment l’inscrire!
Par contre j’ai le droit et le devoir d’émettre des appréciations sur le résultat de leurs actions.C’est uniquement dans ce cadre que se situe mon intervention par ce billet .
Il s’agit d’une Assemblée qui a été élue par le peuple à la suite d’une insurrection populaire .Au cours des défilés, de décembre 2010- janvier 2011, on n’a ni entendu ni vu un slogan ayant un rapport avec ce qui préoccupe actuellement cette Assemblée.
Il n’y avait aucun slogan, dans les manifestations, notant que le Tunisien avait un problème de foi , d’ethnie,de religion, d’identité arabo- musulmane , de peuples musulmans, de la Palestine ou de Sionisme.
En revanche ,il y avait des slogans et des demandes formulées pour un partage équitable des richesses du pays et des réclamations de travail. Certains sont allés jusqu’à se sacrifier la vie pour travailler dignement.
Il faut reconnaître qu’une telle Assemblée qui trouve la nécessité de légiférer sur le sionisme et qui ne pipe pas un mot sur le travail, cela a du sens . Entre autres, cela signifie qu’on a affaire à des attardés universitaires ,tels des gosses qui dépendent encore de leurs parents, qui n’ont pas de problèmes de sous, ni de travail, mais qui se croient encore dans une AG, rêvant changer le monde et le transformer à sa façon . En Pachto « des étudiants » se dit : Talibans.
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